In memoriam : Soumaïla Cissé Parti à l’heure exacte de la moisson
Il avait survécu à plus de six mois de captivité entre les ergs, les barbus, la chaleur cuisante du jour et le froid polaire de la nuit, et tout cela sans rien perdre ni de son traditionnel mordant ni de son penchant à prendre la vie du bon côté. Mais voilà que l’annus horribilis emporte Soumaïla Cissé le jour même de la fête de la Nativité. D’où l’incrédulité, la stupeur, la consternation qui accueillirent la terrible nouvelle. Et les réactions en chaîne qui vont des chefs d’Etat aux chefs de partis politiques, des diplomates aux citoyens lambda.
La sincérité des hommages posthumes est difficile à établir. Mais concernant Soumaïla Cissé, sa nature et ses postures, son combat et ses valeurs, les éloges sont restés mesurés, privilégiant le rappel des faits et ceux-ci ne mentent pas. Tout le monde a pris conscience du devoir de rendre justice enfin au défunt en lui restituant, maintenant qu’il n’est plus là pour les entendre, les bons points chichement concédés de son vivant. Tant mieux ! Ces hommages permettront de mieux cerner le défunt qui fut l’un des politiques les plus querellés de son pays !
Malgré sa carapace, Cissé a dû énormément souffrir de la réputation que d’aucuns lui faisaient de simple technocrate fourvoyé en politique, non pour la grandeur de son pays mais pour son seul vertige des sommets.
Après lui, son patriotisme est reconnu et exalté ; sa ténacité est citée en exemple ; ses capacités intellectuelles sont mises en relief et l’unanimité est faite autour de son professionnalisme et son sens du leadership. Belles pièces à convictions pour la chronique de notre histoire immédiate. Mais, c’est l’avenir immédiat du Mali que la disparition brutale de Soumaïla Cissé interroge. Une présidentielle vitale pour la survie de la démocratie malienne se profile à l’horizon.
L’enfant de Niafunké y avait toutes ses chances. Mais les cartes vont devoir être rebattues désormais. Dans le starting block, des compétiteurs connus qui auront à livrer une bataille épique pour réunir la masse critique d’électeurs qu’ils sont, pour l’instant, loin d’avoir. Et sans doute, d’autres qui seront encouragés par le nivellement maintenant crée par l’absence d’un poids lourd. Soumaila Cissé ne sera pas là pour arbitrer, après des décennies d’engagement et de passion pour son pays.
Adam Thiam
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