Infos ou intox : Cadeau posthume du frère Guide

Mar 5, 2012 - 03:51
Mar 5, 2012 - 03:55
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La classe politique, ses observateurs et certains confrères ne perdent jamais une occasion, bonne ou mauvaise, de se diviser. La présente pomme de discorde est relative aux prochaines élections. Sans prétendre la trancher, une mise au point parait nécessaire : même si l’élection présidentielle a lieu le 29 avril, il n’y aurait pas changement de régime le 08 juin 2012. Il y aurait juste une passation de témoin entre un président sortant et un président rentrant, sous le même régime. Que les analphabètes et incultes politiques arrêtent leur matraquage sur un prétendu régime ATT ou un régime AOK. Le Mali a connu un régime socialiste de 1960 à 1968 sous la présidence de Modibo Kéita ; un régime militaire de 1968 à 1979 sous la présidence de Moussa Traoré ; un régime dictatorial de 1979 à 1991 sous, encore, Moussa Traoré ; un régime transitoire de 1991 au 08 juin 1992. Et depuis cette date, le Mali vit sous un régime démocratique. Concernant ATT, il s’agit plutôt de sa présidence. Ceci dit, ce n’est pas sous sa décennie que le conflit dans le nord malien a commencé même si on semble lui lancer plus de pierres que de fleurs. Parce que sur cette question également, les avis sont partagés. Même si tout le monde, ou presque, est unanime que le chaos dans le nord est l’œuvre d’un grand ami non pas du Mali, mais des présidents maliens. Vivant, il a tué. Mort, il continue de tuer. Il s’agit du colonel Kadhafi. Vivant déjà, après avoir échoué à annexer les pays du Sahel, il y a semé la mort en soutenant matériellement et financièrement des rébellions armées dont les principaux meneurs ont été formés, armés, préparés et pervertis par lui. Mort, il continue de tuer à travers des mercenaires qu’il a recrutés et payés, qui, après avoir été défaits par des amateurs et inexpérimentés civils en armes, se sont enfuis pour venir tuer dans leur propre pays. A ce propos, le coup de gueule de Madani Amadou Tall est légitime: le Mali est victime du cadeau posthume du guide libyen (L’Indicateur du Renouveau, 01 mars). «Maitre Madani Amadou Tall», comme un lecteur du confrère L’Indépendant aime l’appeler, sait en effet se montrer très bon avocat par ses plaidoiries enflammées en faveur du pouvoir en place (ATT est d’ailleurs son conseillé) mais également très bon procureur par ses réquisitoires incandescents envers les ténors de la classe politique. Les coups de gueule du président de l’ADM, également candidat à la prochaine présidentielle, est révélateur de la nature de ces ténors. Que nous apprennent-ils ? Que ces ténors sont en réalité des acteurs d’une scène politique au contour noyé dans un flou artistique. Face aux incertitudes que fait planer l’insécurité dans le nord sur le respect du calendrier électoral, ces acteurs politiques se sont parés de leurs plus beaux atours et artifices pour jouer leur traditionnelle comédie et amuser la galerie. Depuis 1991, date à laquelle la virilité est devenue monnaie courante et pratique chez les nombreux hommes qui tous réclament le titre très glorieux de tombeur de GMT, ces acteurs ne se privent jamais d’être dans leur rôle. La preuve du spectacle ? A chaque congrès, conférence, convention ou cérémonie, le folklore est au rendez-vous avec tambours et trompettes, tamtams et balafons, chants et danses, discours et applaudissements. En lieu et place du programme de société ou du projet politique dont tout candidat prétentieux vraiment doit se munir et expliquer, les présentes sorties politiques sont l’occasion pour les acteurs politiques de réciter leurs textes sur les grandes questions qui effectivement préoccupent leur public: école, santé, sécurité, chômage, sous-emploi, pauvreté, cherté de la vie. N’étant visiblement pas encore prêts, hormis Moussa Mara, le président de Yéléma, tous promettent de présenter bientôt leurs propositions pour le Mali à la faveur de la campagne électorale officielle. En attendant, c’est la course entre les acteurs pour savoir qui déposera avant l’autre son dossier de candidature à la Cour constitutionnelle ou qui restituera avant l’autre l’argent de la caution au trésor public. Le peuple, quant à lui, espère qu’il aura le plus de compétiteurs possible afin de récupérer son blé, sous réserve d’un audit et de très probables poursuites. Mais même cette farce politique ne déride plus personne. En fait, ça n’intéresse plus le public, dont le regard est fixé sur le Septentrion où les vrais patriotes maliens sont en train d’en découdre avec des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité. Cheick Tandina

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