Intervention militaire au Mali : La grande hypocrisie de l’Algérie

AFP PHOTO /ERIC FEFERBERG[/caption] Elle se sera montrée intraitable et irréductible jusqu’au bout. Très jalouse de sa souveraineté, l’Algérie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est restée elle-même et ce, en dépit de l’immense clameur de ses partenaires occidentaux et orientaux. Visiblement décidées à en découdre avec les preneurs d’otages, les forces spéciales algériennes ont lancé le 19 janvier dernier, l’assaut final contre le site gazier d’In Amenas. Et, selon un bilan encore provisoire, 32 islamistes ont péri dans cette attaque qui, concomitamment, a causé la mort de 23 otages, de diverses nationalités. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Algérie vient d’envoyer une fois de plus un signal fort aux djihadistes ; elle qui a toujours usé de la méthode forte vis-à-vis des terroristes. Et là-dessus, elle ne lésine pas sur les gros moyens. Elle fait feu de tout bois, fût-ce parfois au prix de la vie des otages. De toute évidence, l’Algérie, dans le cas d’espèce, n’avait pas d’autre choix que de sortir l’artillerie lourde. Elle était face à un dilemme, et si elle traînait les pas, il y avait fort à parier que les preneurs d’otages allaient rejoindre le désert via la Libye qui peine à retrouver ses marques. En tous les cas, s’il est vrai qu’on déplore la mort inutile des 23 otages, on peut tout de même se féliciter d’une chose. L’assaut algérien a permis d’envoyer ad patres trois responsables islamistes présentés comme des éléments dangereux et qui, dit-on, ont été à l’origine de plusieurs attentats en Algérie et en Mauritanie. Cela dit, à quelque chose malheur est bon. Seulement, on se demande pourquoi Alger qui, on s’en souvient, naguère demandait instamment aux autorités maliennes de négocier avec les djihadistes, prétextant qu’une guerre contre ces derniers déstabiliserait la sous-région, en est venue à neutraliser par la force des preneurs d’otages sur son sol ? C’est à ne rien comprendre. Pourquoi n’ a-t-elle pas voulu négocier avec les terroristes ? Pourtant, on sait bien qu’entre-temps, des concertations entre autorités maliennes et les islamistes d’Ansar Dine avaient été amorcées sous les auspices de l’Algérie. D’aucuns avaient même affirmé à l’époque qu’Alger voulait ravir la vedette au médiateur mandaté de la CEDEAO, entendez le président burkinabè, Blaise Compaoré. A dire vrai, l’Algérie a fait montre d’hypocrisie. Peut-être n’aurait-elle pas eu besoin de guerroyer contre des terroristes, si elle avait accepté de voler au secours de Bamako dès les premières heures de la crise. Elle a trop louvoyé et les djihadistes ont su profiter de sa mollesse et de son laxisme. Et voilà que de façon directe ou indirecte, elle est en train de subir les contrecoups d’une crise dans laquelle elle ne voulait pas s’engager. Du reste, l’Algérie en paie même un lourd tribut. Car, s’il est vrai que le commando islamiste a été neutralisé, il reste que cette prise d’otages à nulle autre pareille constitue une mauvaise publicité pour le pays. Comme quoi, quand la case du voisin brûle…
Boundi OUOBAlepays.bf
Quelle est votre réaction ?






