Islam : Le modèle marocain porté au pinacle
A l’heure où les intégristes obscurantistes donnent de l’Islam une image détestable et où, par ailleurs, les tenants d’un amalgame réducteur ont eu vite fait de poser l’équation « Islam serait la religion du terrorisme », le modèle marocain, de part et d’autre de la Méditerranée, suscite intérêt et espoir.
Pays musulman à 99%, le Maroc promeut un Islam moderne et tolérant dit du « juste milieu » qui a traversé les siècles en s’enrichissant des mutations sociales majeures et en constituant le fondement solide sur lequel repose la stabilité de la Monarchie.
Fait rare en terre d’Islam pour être signalé, les marocains, dans leur écrasante majorité, appartiennent au courant musulman sunnite malékite dont SM le Roi est le Commandeur. Ce courant a une forte audience dans de nombreux pays africains au Sud du Sahara (Guinée, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire) dont les leaders religieux et les fidèles se rendent régulièrement au Maroc pour des regroupements périodiques.
Islam ouvert et généreux
Dans la dynamique des nombreux séjours effectués par SM le Roi sur le continent, des accords religieux ont été signés avec les pays visités aux termes desquels ceux-ci enverraient des Imams en formation dans le Royaume chérifien. Certains pays comme le Mali ont réussi à négocier la formation de plusieurs centaines (500) d’Imams au Maroc sur cinq ans. S’ils ne font pas autant que le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, la France et la Belgique envoient des contingents au sein du nouvel Institut Mohammed-VI de formation des imams prédicateurs et des prédicatrices.
L’expérience est suivie avec tellement d’intérêt en Afrique que le Royaume est sollicité par les gouvernements du Tchad, de Libye et du Nigeria. Là, ceux qui ont en charge de prêcher la « bonne parole » reçoivent une formation basée sur la doctrine ash’arite (voie théologique médiane qui allie usage de la raison et recours à la tradition), le rite malékite, l’une des quatre écoles traditionnelles de l’islam sunnite, et le soufisme
Cet engagement pour la diffusion d’un Islam moderne coûte une fortune au Royaume chérifien qui non seulement prend en charge le voyage et l’hébergement des prêcheurs et Imams, mais il leur verse en sus des subsides qui avoisinent 200 euros par mois. Quelle générosité et quel sens de l’anticipation quand on sait que diffuser un discours religieux modéré au sein d’une jeunesse en plein doute, c’est faire l’essentiel du chemin pour l’extraire des griffes de l’extrémisme violent !
En apothéose
Justement, le 23 octobre 2017, l’islamisme violent était à l’ordre du jour d’un panel au Brussels Press Club (Bruxelles) à l’occasion du lancement d’un rapport très fouillé sur le sujet produit par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement. Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : moteurs, dynamiques et éléments déclencheurs, c’est le titre de l’étude onusienne, est le résultat d’un travail de terrain dans cinq pays africains confrontés, ces dernières années, à la recrudescence des attentats terroristes sur leur sol. Ce sont : le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, l’Ouganda et la Somalie.
Cette étude est sans concession : « le dénuement et la marginalisation aggravée par une gouvernance déficiente figurent parmi les principales raisons qui poussent les jeunes africains à embrasser les thèses de l’extrémisme violent ».
Lors des débats qui ont suivi la présentation de l’étude du PNUD, les autorités du Royaume chérifien ont été unanimement saluées par les panélistes du jour dont la Directrice du PNUD en Belgique (Mme Barbara Pesce-Monteiro), le Représentant du Bureau régional du PNUD pour l’Afrique (Mohamed Yahya), la Directrice Afrique du Service Européen pour l'Action Extérieure (Mme Brigitte Markussen) et l’ambassadeur du Mali près le Royaume de Belgique (S.E. Sékou dit Gaoussou Cissé).
Les intervenants ont reconnu que l’Islam marocain était un facteur de pondération sur le continent ; en outre, ils ont fortement suggéré aux pays africains éprouvés par les violences religieuses de s’inspirer de ce modèle qui a su s’adapter à son temps et qui trouve toujours en son sein les ressorts nécessaires pour résoudre les contradictions sociales qui déclenchent la violence ailleurs.
Des théologiens et érudits dédiés
Enfin, l’Islam marocain a brillé de toute sa splendeur le 25 octobre dernier à Bruxelles à l’occasion d’une causerie-débats sur le thème : « L’expérience marocaine de la réforme du champ religieux : bilan et enseignements ». L’érudition des intervenants dont M. Ahmed ABBADI, Secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas du Maroc, n’avait d’égale que la profondeur de la réflexion conduite de longue date par le Royaume chérifien, sous le leadership de SM le Roi, sur une question aussi fondamentale et fondatrice que la religion.
In fine, l’attractivité de l’Islam marocain est loin d’être fortuite. Cet Islam moderne, ouvert et convivial tire son essence de la personne du Roi du Maroc, Le « Commandeur des croyants », c’est-à-dire le chef religieux suprême des musulmans du pays qui peut, à son tour, compter sur un personnel très qualifié et totalement dévoué. Là réside la spécificité du modèle religieux marocain qui conquiert de plus en plus de pays.
Husain Edwards, Freelance, analyste (Bruxelles)
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