Kandia Kouyaté est une de ces grandes figures de la musique malienne dont on parle peu depuis quelques années. Dans ce bref entretien que l’artiste a bien voulu nous accorder, elle nous explique les raisons de son absence sur les scènes et prodigue des conseils aux jeunes griots.
26 Mars : Quand est ce que maman Kandia a commencé la chanson et combien d’albums a-t-elle sur le marché ?
Bonjour à tous les maliens. J’ai commencé la chanson à bas âge, plus précisément à l’âge de 7 ans. Je suis allée à l’école et j’ai fait 9 ans de scolarité. J’ai laissé l’école à cause de la chanson. Mon père était un joueur de balafon. Mes sœurs chantaient aussi, mais pas comme moi. Je suis née dans la chanson et, j’ai appris à chanter à la maison.Actuellement je suis à 7 albums sur le marché. J’ai quitté la scène pour cause de maladie. Actuellement, je fais la navette entre le Mali et la France pour me soigner.
26 Mars : Que penses-tu de la situation actuelle du pays et quelles rôles doivent jouer les artistes et les griots pour contribuer au retour de la paix au Mali?
La situation actuelle du Mali est décevante. On n’est pas habitué aux querelles et aux histoires inter- ethniques. Le Mali est un pays de paix, de solidarité et de bonté. Les autorités doivent agir, car cette situation n’honore pas notre pays.Quant aux artistes et aux griots, ils doivent jouer leur partition. Selon moi, ils doivent tous s’unir pour chanter des chansons de paix et non chanter en fragment. Je vois des petits groupes d’artistes chanter par ci, par là des chansons de paix. Moi, j’aurai préféré que les artistes se mettent dans un groupe-unique, ainsi que les griots, pour montrer l’unité du Mali. Je souhaite que le Mali retrouve son intégrité territoriale.
26 Mars : qu’est-ce que maman pense des pirates ?
J’ai beaucoup parlé et combattu le piratage dans le temps, à travers différentes actions. On a brulé des cassettes, fait des grèves et des marches. Mais, tout cela n’a servi à rien. Vous savez, ce n’est pas facile de lutter contre les nouvelles technologies qui favorisent le piratage des cassettes.J’espère que la jeune génération se donnera les moyens pour lutter contre ce fléau.
26 Mars : Des conseils à l’attention la jeune génération de griots ?
Ce que je peux donner comme conseils à mes enfants et à mes petites sœurs, c’est de faire très attention, car le « djeliya » est en train de se perdre. Nous, on ne chantait pas à cause de l’argent, mais pour notre dignité. Et la dignité commence à disparaitre dans le « djeliya ». Les jeunes doivent porter le flambeau avec honneur, car le métier de griot fait partie intégrante de notre culture et de nos valeurs ancestrales. Donc nous devons le préserver.
Propos recueillis par
Rokya Berthé