Une pratique qui ressemble fort bien à celle de la Sécurité d’Etat. En tout cas, depuis quelques temps, la presse ne cesse de dénoncer l’insécurité grandissante dans la capitale. N’en parlons plus de l’intérieur du pays qui est en proie à des attaques quotidiennes de la rébellion de ville en ville et de village en village. A Bamako, à quelques mètres de Commissariats, des citoyens sont braqués, même en plein cœur de l’ACI 2000 par des bandits armés de pistolets de guerre au su de nos autorités. Pourtant, il y a des patrouilles qui sillonnent la capitale. Mais chercher à savoir ce qu’elles font ou servent ? En tout cas, le SG de SADI vient d’échapper de justesse à un enlèvement vendredi dernier en début de soirée. Récit.
L’incident s’est déroulé aux abords de la radio «
Kayira » entre 20h et 21 heures GMT lorsque le SG du parti SADI en compagnie d’un ami, rentrait chez lui. Grande a été leur surprise de constater depuis quelques temps qu’ils étaient filés par une voiture banalisée (Toyota blanche double-cabine sans immatriculation) à bord du quel, il y avait des hommes cagoulés. «
Après des moments d’observation et de poursuite car lorsqu’il s’arrête, je m’arrête. Et brusquement, le véhicule a foncé sur nous. Ayant compris la manœuvre, je suis monté sur le goudron en fonçant sur eux et ils m’ont esquivé et pris la poudre d’escampette créant en même temps, un gigantesque embouteillage. J’ai donc compris que c’est moi qu’ils voulaient », explique Dr Mariko, joint par téléphone.
Nulle n’ignore aujourd’hui qu’au Mali, les déclarations et sorties du SG du parti SADI unique formation politique qui a décidée d’être de l’Opposition qui critique souvent vertement, les politiques du régime ATT en place, dérangent. D’ailleurs beaucoup puisque la quintessence des formations politiques du pays, ont décidé de se ranger derrière le locataire de Koulouba. Donc, après cette escarmouche, explique Mariko :
« je me suis rendu compte que je venais d’échapper à un enlèvement sordide d’une autre époque. De la part de qui ? Pour le compte de qui ? ». «
Je me suis rendu au Commissariat du douzième Arrondissement pour rendre compte de l’incident que je venais de vivre », a-t-il dit. Pour cet homme politique avisé et dégoûté de cette autre classe politique qui continue encore à « s’acoquiner » au régime, voir joue au «
griot » qui commence à prendre les allures d’exception, rien à faire : «
il faut dès maintenant chasser ATT et son équipe du pouvoir ». Propos jugés « graves » en haut lieu si l’on tient compte de nos sources. «
Depuis lors, Dr Oumar Mariko est dans ligne de mire », nous confie un proche. Pour l’intéressé : «
personne dans ce pays, n’est plus en sécurité ». Même les hommes de médias. L’on est en droit de se demander que font nos autorités ? Que veulent-elles? Où va le Mali ? «
Ne sommes-nous pas en démocratie », s’interroge Oumar Mariko ?
A la question de savoir qui accuse-t-il dans cette affaire ?
Le SG du parti SADI que nous avons joint par téléphone a été on ne peut plus clair: «
Cela ressemble aux pratiques de la Sécurité d’Etat qui enlève, torture ; bastonne…. Aussi, mes sorties récentes pour demander le départ du régime ATT, fustigeant les comportements de certains partis politiques qui liquident l’Assemblée Nationale pour devenir des conseillers du Président ATT, que je soupçonne».
« Je dérange le pouvoir… »
Pour notre interlocuteur, il jure qu’il
« n’a aucun problème avec les populations de la capitale et de l’intérieur du pays pour qu’on essaye de s’en prendre à lui de la sorte. Je ne sais pas ce que je pourrai me reprocher. Je joue mon rôle de Député à l’AN. En fait, je dérange le pouvoir. Je ne comprends pas que mes prises de position soient anti-démocratiques ? Le fait de dénoncer les pratiques du régime. A vous de comprendre », a-t-il martelé.
En tout cas, cette tentative d’enlèvement du bouillant SG du parti SADI (unique parti d’opposition actif), en plein cœur de Bamako, les harcèlements quotidiens de la rébellion, prouvent que le régime ne contrôle plus la situation sécuritaire du pays.
Dans ce cas, il faut craindre le pire dans un pays où chacun sera obligé d’assurer sa propre sécurité. A quoi servent donc, les forces de sécurité ? Où sont-elles ?
Bokari Dicko