L'Assemblée Nationale du Mali, depuis quelques semaines, est en train de s'illustrer comme un réceptacle de grandes concertations et échanges très utiles entre composantes de la classe politique malienne, toutes tendances confondues. S'y côtoient, autour du Pr. Dioncounda Traoré, de grosses pointures mais également de moyens et petits calibres, dans le cadre d'une mission dont la sublimité est pour une des rares fois partagée par la quasi-totalité des leaders politiques maliens : la conception d'un plan de sortie de crise, processus enclenché au lendemain des mouvements urbains consécutifs à la colère des femmes des casernes.
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La paternité de cette initiative, qui fera l'objet d'une conférence de presse aujourd'hui même, revient au président de l'Assemblée Nationale du Mali et non moins candidat de la première force politique du pays, l'Adéma-PASJ. Sentant sans doute les relents d'une dégénérescence susceptible de perturber la forme républicaine de la démocratie malienne et de bouleverser du même coup ses précieux acquis, le président de la famille politique des Abeilles, en homme politique averti, a pris la situation à bras-le-corps. D'abord de concert avec un cercle restreint de partenaires stratégiques de son parti sur la scène politique nationale, ensuite dans un cadre élargi à l'ensemble de la classe politique ou presque. Objectif : engager la réflexion autour de solutions partagées pour sortir d'une crise qui, si l'on n'y prend garde, pourrait déteindre dangereusement sur le processus des consultations électorales générales de 2012.
Comment en effet éviter au pays un scénario atypique porteur peut-être de préjudices inestimables et dont nul ne saurait mesurer les conséquences, l'issue et les inconnues ? Telle est la tâche que s'est assigné la classe politique sous l'égide du candidat de la vingtaine de formations politiques regroupées au sein de l'ARP (Alliance pour le Renouveau Politique). En ayant certainement à l'esprit que la situation pourrait drainer dans son sillage une gamme insondable de scénario possibles, allant de l'éventualité d'un vide constitutionnel au développement de velléités putschistes pour le combler.
En tout état de cause, la classe politique, en assumant son rôle de sentinelle vigilante de la forme républicaine de l'État, aura pris la mesure du danger que recèle une éventuelle aventure du genre et perçu en même temps la nécessité impérieuse de déployer les moyens appropriées pour la juguler. C'est dans cette lancée que les efforts du monde politique malien ont abouti à un résultat impressionnant que partage largement le président de la République. Amadou Toumani Touré a en effet signifié son adhésion sans réserve au plan de sortie de crise proposé par le Pr. Dioncounda Traoré et sa suite, lors de la deuxième rencontre entre les parties, dimanche dernier. Il s'agit d'un document où les propositions de la classe politique sont déclinés en 17 points qui vont de l'ouverture du dialogue pour la paix au rapatriement des personnalités touarègues exilés à l'extérieur, en passant par la sensibilisation de toutes les forces de la nation dans le sens de la préservation de notre intégrité territoriale et de la diversité nationale du pays.
Le président de la République n'est pas la seule autorité qui se reconnaisse dans la démarche de la classe politique malienne. C'est avec le même assentiment et satisfaction que l'ont accueillie les organisations religieuses en abordant, en début de semaine, la question du Nord avec le président de l'Assemblée Nationale au siège de l'institution qu'il dirige. Suivront sans doute d'autres organisations de la société civile (syndicats et autres mouvements sociaux, etc.) tout aussi intéressés à une et que lesquels la classe politique malienne entend associer à l'application du Plan d'Action pour la Paix et la Stabilité au Mali.
En s'imposant comme le chef d'orchestre de la grande symphonie politique autour d'un sujet d'intérêt nationale, le Pr. Dioncounda Traoré aura confirmé un leadership mis en exergue au fil des circonstances par la révélation progressive de ses atouts de rassembleur, d'une incontestable capacité d'écoute et d'ouverture au dialogue. Des ressources dans lesquelles il avait su déjà puiser auparavant pour surmonter des d'obstacles antérieurs et résoudre d'autres équations à dimension nationale comme le Code des Personnes et de la Famille, entre autres.
A.Keïta