La France, chantre de l’autonomie du nord
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Une barbouze française grenouille avec le MNLA
Robert Dulas déballe même largement son rôle d’intermédiaire : « J’ai aidé à la réalisation d’une tournée diplomatique pour leur ouvrir des portes en Europe et aux Etats-Unis. Il fallait que les gens et en particulier les politiques comprennent que les Touareg du MNLA étaient laïques et totalement contre l’application de la charia. En France, ils ont été reçus à l’Assemblée nationale, au Sénat, aux Affaires étrangères et dans différents ministères. Ils ont aussi pu nouer des contacts avec le Nigeria et l’Algérie. Par la suite, ils ont été perçus différemment. La Suisse aussi a noué des contacts avec eux et collaboré à la rédaction de textes de consensus. » Au-delà du politique, les médias français offrent aussi une couverture exceptionnelle aux portes-parole du MNLA. En premier lieu Moussa Ag Assarid qui a accès régulièrement aux antennes depuis le mois de janvier 2012 y compris depuis la déclaration d’indépendance de l’Azawad du MNLA faite le 6 avril 2013. Surprenant quand officiellement, l’intervention française a pour but officiel le retour à l’intégrité territoriale du Mali. On peut s’étonner que les autorités et les médias français fassent tant de cas des revendications fluctuantes de ce groupe – et à l’inverse prennent peu en compte la voix des autres Maliens demeurant dans le nord du pays – ou d’ailleurs. Au Mali, Kalifa Doumbia, député UDD élu en Commune VI de Bamako déclare en janvier 2013 : « Nous pensons qu’il n’y a pas réellement d’interlocuteur en matière de négociation en ce moment. Nous ne les croyons pas du tout, mais seulement, il y a des communautés qui sont restées en place, nous pouvons demander une table-ronde de conciliation avec ses populations pour que nous puissions établir une véritable base de développement socio-économique et de mieux vivre avec les populations du nord. » L’engouement des autorités et médias français pour le peuple touareg et l’autonomie du nord évacue les réalités que les Maliens connaissent bien : le MNLA n’est pas représentatif des Touareg, loin s’en faut et ils ne sont pas seuls habitants au nord du Mali. Et ils ne sont même pas majoritaires en nombre, Peuls, Songhaï, Arabes, Bamanan étant complètement oubliés. Escamotés aussi l’histoire politique complexe de la région et les différents accords – en particulier le Pacte national signé à l’issue de la rébellion des années 1990 qui ont permis d’intégrer de nombreux Touaregs et Arabes du nord dans l’armée et dans l’administration depuis vingt ans et prévu le décaissement de sommes importantes pour le développement du nord du pays..Simplification à outrance
Les autorités comme les médias français ne rappellent pas non plus que des personnalités touaregues sont aux commandes des plus hautes institutions du Mali comme Oumarou Ag Mohamed Ibrahim président du Haut Conseil des Collectivités, Assarid Ag Ambarcaouane, vice-président de l’Assemblée nationale, Agatham Ag Alhassane, ex-directeur de l’ABFN, ex-ministre de l’Environnement puis de l’Agriculture... Ni que sur dix-neuf députés du Nord, onze sont des Touareg. Quant à savoir si le nord du Mali a été particulièrement négligé au profit du reste du Mali, rien n’est moins certain. Plus de 70% de la population du Mali vit en dessous du seuil de pauvreté, que ce soit dans les régions du nord ou ailleurs. Des projets étaient en cours avant le conflit : une route pour mieux desservir Tombouctou ou le barrage de Taoussa qui allait transformer l’agriculture de la région. Et si les fonds d’aide affectés au nord n’ont pas apporté les résultats escomptés, le phénomène n’est pas propre à cette région. Alors pourquoi cet amour immodéré des autorités françaises pour le MNLA ? Comment se fait-il que les champions de la démocratie placent sur le même plan les élus des régions du nord et les « groupes armés non terroristes », alors que ce même groupe a été le premier à prendre les armes en janvier 2012 ? Pourquoi tout ce vocabulaire qui fait des Touareg un groupe à part, alors que le Mali est un pays pluri-ethnique. Pourquoi chercher à dresser le « nord » contre le « Sud », alors qu’un collectif des conseils régionaux de Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal en appellent à un processus où « les populations civiles et l’ensemble de leurs élus et représentants [seraient] au cœur du processus de paix et de réconciliation » et engagent leur responsabilité collective « pour la préservation de notre vivreensemble » ? Gérard Moreau, Juliette PoirsonQuelle est votre réaction ?
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