La lettre du lundi : … au président de la République : Pourquoi ont-ils été oubliés ?
Monsieur le Président,
On ne le répètera jamais assez, notre pays est une terre de pardon, d’amour, d’entraide et de solidarité.
Mieux que quiconque, vous savez que ce sont ces qualités qui font la force du malien et font de notre pays un véritable havre de paix.
C’est pourquoi, dès qu’un problème social apparait, selon son ampleur, l’ami, le voisin, le village, la région et même le gouvernement mettent les bouchées doubles pour le circonscrire.
Monsieur le Président,
Comment donc comprendre que dans ce pays aux valeurs inestimables, des sportifs maliens ayant porté haut le drapeau national en se défonçant les tripes aient été oublié ?
Que ça soit à Bamako ou dans les régions, ils sont hélas nombreux. Les exemples de Bakoroba Touré (l’homme noir), Boncana Maïga le marathonien, Ambiance le coureur, méritent réflexion.
Ambiance : Mort dans l’arène
Blanchisseur de son état, on lui avait donné ce surnom d’ « Ambiance » parce qu’il faisait rire jusqu’à vous pourfendre la mâchoire. Il était un peu le « Guimba » de son époque. Coureur de 3000 mètres, il avait promis de décrocher une médaille et de la passer autour du cou du Président Modibo Keïta (Paix à son âme) « cette médaille Président, ce n’est pas sur un 3000 mètres que je vais la chercher pour vous, mais sur 42 km. »
C’est ainsi qu’Ambiance sans grande préparation aborda le marathon. Il tomba une première fois, se releva puis il tomba une 2ème fois, se releva et avec une force surhumaine reprit sa course… Arrivé devant la cathédrale, il tomba une 3ème fois pour ne plus se relever, rappelé par Dieu…
L’homme noir : mort dans la rue
Bakoroba Touré dit l’homme noir, Yaoundé 1972, un monument du football malien, une carrière riche et bien remplie…
Du temps de l’homme noir, on jouait pour la patrie, pour faire honneur au pays et porter haut le drapeau national. Se défoncer les tripes pour de l’argent n’a jamais effleuré l’esprit de « l’homme noir » et de ses compagnons… Le petit déjeuner était de la bouillie, le dîner du couscous ou tô. Ce qui ne les empêchait pas de marquer des buts et de gagner.
Aujourd’hui, c’est une véritable farce lorsque les joueurs eux-mêmes payés à coups de millions posent leurs conditions et sont également suivis par de soi-disant médecins diététiques… Et l’amour patriotique dans tout ça ?
C’est tout simplement grotesque. La fin pitoyable de l’homme noir mérite réflexion : assis au bord de la route entrain de boire son café bon marché, il fut la victime d’une crise qui l’emporta.
Boncana Maïga
Ce véritable marathonien qui a fait les honneurs du Mali ne voit plus. Il passe aujourd’hui le plus clair de son temps entre sa maison et la mosquée de Missira.
Et pourtant avant qu’il ne soit totalement privé de sa vue, on aurait peut-être pu le soigner.
Combien sont-ils dans ce cas, oubliés par la patrie ? qui quand même aurait pu leur assurer de vivre à l’abri du besoin.
Certainement que les différents départements en charge de ces athlètes et sportifs oubliés n’ont daigné faire aucun recensement pour en informer qui de droit.
Oumar Faye
Peut être que si des cadres de la trempe de Oumar Faye étaient encore en poste au comité olympique ou à la Fédération de football, il n’y aurait pas eu tant d’oubliés ou du moins leurs familles auraient été à l’abri du besoin.
Monsieur le Président,
Tous ceux qui ont connu et côtoyé Oumar Faye vous diront l’attention spécifique qu’il a toujours accordé aux sportifs, que ce soit au comité olympique où il siégea 2 mandats durant comme Directeur Technique ou même à la Fédération malienne de football.
Il était constamment aux petits soins des sportifs et athlètes, et savait toujours prévenir ses supérieurs pour éviter les frustrations.
Organisateur hors pair, il reçut les félicitations et encouragements du Ministre à Abuja où il était allé préparer l’arrivée de la délégation malienne. Et directement après Abuja, pour Tunis en 2004 pour la CAN, il fut de nouveau solliciter auprès du comité olympique malien pour l’organisation à Tunis, mais par méchanceté gratuite, il fut remplacé… Ce qui n’a rien d’étonnant car à l’époque on ne voyait que Faye ; on ne parlait que de Faye. Il semblait déjà incontournable et il fallait donc tout mettre en œuvre pour « prendre » sa place et ranger ses projets dans les tiroirs notamment celui relatif à la création de centre national de formation et de centres régionaux. Malgré le soutien de Niambelé et d’autres collègues qui souhaitaient qu’ils se battent, il refusa.
, Monsieur le Président,
Il est incontestable que si Faye était encore de la partie, on n’aurait jamais parlé de ces abandonnés, car il aurait tout mis en œuvre pour attirer votre attention afin que ces oubliés et leur famille soient à l’abri du besoin.
Joseph KEITA
Quelle est votre réaction ?
![like](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/like.png)
![dislike](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/dislike.png)
![love](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/love.png)
![funny](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/funny.png)
![angry](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/angry.png)
![sad](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/sad.png)
![wow](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/wow.png)