La reconversion des jeunes diplômés : La croix et la bannière
Reconversion forcée
Mamadou Simaga, technicien supérieur d’agriculture, diplômé depuis 1996, témoigne : « Actuellement, je suis détaillant. Je n’aime pas ce travail, car il ne m’apporte rien. En plus, je tiens à exercer dans mon domaine de formation. J’ai accepté d’être détaillant, parce que lorsqu’on ne fait rien, même les parents ne le respectent. Tout le monde te rend responsable de tous les maux à la maison. Mais, à la première occasion, je vais quitter ». Mamadou avait déjà travaillé dans des projets. Pour ouvrir son commerce de détail, il n’avait bénéficié d’aucune aide, n’ayant d’ailleurs rien sollicité. M. Coulibaly est instituteur de formation. Plein d’imagination, il a monté avec l’aide du PNUD/BIT une petite industrie d’extraction des huiles essentielles. Son affaire commence à donner des signes qui permettent d’espérer. Il s’est découvert une nouvelle vocation et ne compte pas revenir à la craie. Le mauvais souvenir qu’il garde, ce sont ses errances, les heures d’attente, les multiples papiers à fournir, quand il était à la recherche de financement. Sourama Tangara est chauffeur de taxi. Il a suivi une formation d’ingénieur électricien en ex-URSS : « Le manque d’emploi m’a contraint à faire ce travail dans un premier temps. Je commence à l’apprécier et si les moyens me permettent, j’aurais ma compagnie un jour. Mais au départ, quelle épreuve psychologique pour moi ! Se rabaisser, accepter les caprices des clients qui je suis, mais je savais que c’était inutile ». Voici quelques cas de personnes qui ont décidé de se lancer seul dans l’aventure de la reconversion. Qu’ils aiment ou pas ce qu’ils font, ils y réussissent plus ou moins. Mais, ceux qui ont échoué sont légion. Chaque jeune diplômé installé peut vous en donner toute une liste. Mais, il n’est pas facile de mettre la main sur eux, ces infortunés s’égaillant dans la nature dès leur fiasco consommé. Mody, sortant du CFP, a été aidé par la famille pour tenir un commerce de détail. Mais, dit-il, « j’ai été aidé par les copines, pour le liquider ». Il y en a d’autres qui se sont regroupés pour créer un groupement d’intérêt économique (GIE). C’est le cas de Tiéoulé Diabaté, aide-comptable de formation, et ayant travaillé comme clerc d’huissier. Diplômé depuis 1999, il s’est associé à un architecte pour ouvrir un cabinet d’architecture. Leur projet a bénéficié d’un financement BIT pour un montant de 13 millions. M. Dramé se dit « tenté, malgré tout par la fonction publique ». Les critères qu’il retient pour gérer une entreprise sont la formation, l’esprit de combativité et de créativité. Mais en vérité, la reconversion a fait très peu d’heureux. Pour beaucoup, leur condition actuelle est due aux vicissitudes de la vie. A la première occasion, ce sera le retour aux premières amours.Malick Camara
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