La sous-secrétaire des Nations unies, Bintou Keïta : ‘’ La lutte contre le terrorisme au Sahel doit être portée par les armées nationales’’
Au moment où les Chefs d’Etats des pays du Sahel pressent la communauté internationale à agir contre l’hydre du terrorisme, la Guinéenne, Bintou Keïta, sous-secrétaire des Nations unies, rétorque sur France 24 que « la lutte contre le terrorisme doit être portée par les armées nationales au Sahel»
- Maliweb.net - Le mandat de la MINUSMA pourra-t-il placer un jour sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies ? Difficile de répondre à cette interrogation eu regard des propos tenus par cette diplomate onusienne, ressortissante de la République sœur de la Guinée Conakry. Celle qui travaille quotidiennement avec le secrétaire général des Nations Unies, à cause des hautes fonctions qu’elle occupe au sein des différentes institutions onusiennes, affirme sur les antennes de France 24 que « la lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine et doit être portée par les armées nationales ». Cette réponse compromet la lueur d’espoir que les cinq chefs d’Etats du Sahel se sont faits le week-end dernier à Niamey. Pour madame Bintou Keita, la lutte contre le terrorisme ne fait pas du tout partie du mandat des opérations de maintien de la paix.
Laquelle rappelle le mandat actuel des Casques bleus qui , selon elle, sont déployés dans le cadre de la mission de paix avec pour objectif de réduire les tensions et les violences, de permettre ensuite d'ouvrir les espaces de dialogue politique avec l’ensemble des partis, et enfin de protéger les populations civiles. Elle dégage toute responsabilité de la force de maintien de la paix de l’ONU, « les partenaires chargés de lutter contre le terrorisme sont les armées nationales, les opérations telles que Barkhane lorsqu’on est dans le contexte du Mali et la force conjointe du G5 Sahel en ce qui concerne le Sahel ».
Selon la sous-secrétaire des Nations-Unies pour l’Afrique, il y a seul un lien entre la Mission des opérations de paix au Mali (MINUSMA) et l’appui au G5 Sahel. Parce que, a-t-elle poursuivi, le Conseil de sécurité a en effet demandé à la MINUSMA, à travers un accord technique, d’appuyer sur le plan logistique le G5 Sahel sur la base des demandes qui ont été agréées à l’avance. « C’est un soutien, ce n’est pas la première ligne » ; a-t- elle prévenu.
Quid du blocage de l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel dont les chefs d’État de la région demandent en vain qu’elle soit placée sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies pour obtenir des financements et lutter contre le terrorisme. La diplomate onusienne pense que cette décision dépend de la volonté des États membres du Conseil de sécurité. « La question devrait être posée au Conseil de sécurité », a répondu Madame Bintou Keïta.
En effet, beaucoup diplomates et observateurs pensent que les missions de maintien de la paix au Mali et RD Congo ne sont plus adaptées aux conflits actuels. Sur cette réflexion, elle estime que les mandats déjà robustes des missions de maintien de la paix peuvent être adaptés mais ils sont indépendants de la lutte contre le terrorisme. « J’insiste sur cela. Sinon, on fait de l’amalgame. Le rôle premier des opérations de maintien de la paix est l'appui à des négociations politiques et à la mise en œuvre des accords de paix », a-t-elle insisté cette descendante de Soundajta Keïta, dont une partie de son vaste empire est menacé dans son existence par les actions terroristes contre les civiles.
S’agissant du départ des forces onusiennes réclamé par les populations au Centrafrique en passant par le Mali jusqu’à République démocratique du Congo, elle dit comprendre ces frustrations qui s’expriment. « Il y a une impatience due au fait qu’on ne voit pas de résultats. Mais il est important d’expliquer aux populations – et c’est le rôle des médias et de nous tous – que la lutte contre le terrorisme prend du temps. Même les pays développés qui disposent de moyens sont confrontés aux attaques terroristes », a-t-elle déclaré. Avant de poursuivre que dans le contexte de l’Afrique qu’il ne doit pas avoir seulement une réponse militaire mais aussi une réponse qui va dans le sens du développement social et économique. Madame Bintou Keïta estime qu’il faut que les populations aient accès aux services sociaux de base.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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