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![Le Capitaine Amadou Haya Sanogo face à la presse le 18 septembre 2012 (photo indépendant)](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/09/Sanogo_Amadou.jpg)
Le Capitaine Amadou Haya Sanogo face à la presse le 18 septembre 2012 (photo indépendant)[/caption]
Au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, un groupuscule d’individus, d’opportunistes et de mouvements se sont formés pour, disent-ils, soutenir à la fois le putsch le plus absurde de l’humanité, mais aussi son meneur, l’ex-capitaine devenu Général de corps d’armée, Amadou Haya Sanogo. Alors que le putschiste a actuellement de gros ennuis avec la justice nationale et internationale, ses soutiens et / ou ses troupes d’opportunistes semblent volatilisés dans la nature.
Un adage de chez nous dit que « les vrais amis sont ceux qui partagent ton bonheur, mais aussi tes malheurs ». Vingt mois seulement après le coup d’Etat, le cercle « d’amis » des putschistes a subitement disparu comme il s’était constitué au lendemain du coup d’Etat. Le Chef de l’ex-junte(le pauvre) peut aujourd’hui compter sur le bout des doigts ses soutiens.
Quelques mois auparavant, on avait du mal à les dénombrer. Le camp Soundiata de Kati (siège de la junte) ne désemplissait pas. Aux dires de certains ex-compagnons de Sanogo, il y aurait même des cameras cachées qui ont filmé certaines visites nocturnes et des déclarations compromettantes. Chantage où pas ?
Avec l’élection du président de la République en août dernier, Kati a perdu ses privilèges au profit de Koulouba. Le chef des putschistes a du coup perdu son influence sur une bonne partie des institutions de la République et même sur ses compagnons d’armes. Amadou Haya Sanogo est aujourd’hui un homme traqué et qui est aux abois... Les
« amis » d’hier, ceux-là qui l’ont soutenu ou qui ont tout simplement fait semblant de le soutenir dans son égarement, sont
invisibles. Tant à Kati qu’à Bamako, on n’entend ni leurs voix, encore moins leurs déclarations. Comme pour dire que les amitiés de circonstance (surtout au Mali) finissent toujours en queue de poisson. Et comme le disent si bien les bambara « Djédiougou… »
Aux premières heures du coup d’Etat, des personnalités politiques et de la société civile ont vite pris la direction de Kati pour aller faire allégeance au prince du jour. Certains d’entre eux ont affiché publiquement ces soutiens de circonstance. Des « démocrates » qui acceptent de cautionner un putsch injustifié et qui a précipité le pays dans le chaos et le non-droit. Egalement des syndicalistes en quête de légitimé ont trouvé dans le coup de force un moyen de survie et de promotion sociale. Bref des « amis circonstanciels » se sont formés autour des putschistes, eux même en quête de légitimité. Et comme le disait le Président Modibo Keita, c’était un veritable festival de brigands
Le secrétaire général de la Sadi, Dr Oumar Mariko, était l’un des premiers leaders politiques à approcher les mutins pour ensuite les soutenir ouvertement. Il y a aussi le professeur, Younoussi Hamèye Dicko qui passerait des nuits entières dans le camp Soundiata à la recherche d’une audience avec le patron de la junte. Les putschistes ont aussi bénéficié du soutien des syndicalistes, Hamadoun Amion Guindo, de la Cstm et de Adama Traoré, de l’association des consommateurs de la téléphonie mobile, actuellement membre de la Commissions Dialogue et Réconciliation. Cet agitateur doit normalement rendre des comptes à la justice, lui qui après les affrontements entre les militaires de la junte et les bérets rouges, était sur le plateau de la television nationale pour faire l’avocat de ses maîtres. Il pourrait éventuellement ètre poursuivui pour complicité
Des soutiens de l’ombre…
Un autre syndicaliste, Siméon Keïta, de la police nationale, avait mobilisé ses militants pour porter secours à l’ex-capitaine et ses hommes, qui voulaient instaurer un régime d’exception dans notre pays. Ce groupuscule d’individus a aidé à la mise en place de la Coalition des organisations patriotiques du Mali (Copam), qui avait pour mission de s’opposer à la coalition anti-putsch : le Front pour la sauvegarde de la République et la Démocratie (FDR), créé par des leaders politiques et de la société civile.
Ensuite, il y avait les soutiens de l’ombre. Ceux qui ne voulaient pas que l’histoire retienne qu’ils étaient de connivence avec le chef de l’ex-junte. Parmi eux, IBK Mali 2012 qui soutenait la candidature de Ibrahim Boubacar Keïta à la présidentielle de juillet dernier. C’est pourquoi personne ne doit s’étonner de voir IBK bombardé Sanogo de privilèges. Beaucoup de citoyens maliens estiment que c’est probablement le résultat d’un deal. Quel deal ? L’histoire le révèlera un jour.
D’autres leaders politiques qui étaient là avec ATT ont vite apporté un soutien voilé aux putschistes pour des raisons d’intérêts personnels.
Comme le miel…
Que devient ce beau monde qui avait travaillé pour faire accepter les putschistes par les Maliens et la communauté internationale ? Certains ont trouvé un point de chute et d’autres courent toujours derrière leur part. Le gâteau n’ayant pas été partagé selon les attentes. On comprend dès lors pourquoi le plus haut gradé de l’armée malienne est aujourd’hui abandonné par tous. La majorité des « soutiens » n’ont pas trouvé la récompense espérée.
IBK est devenu président de la République après une élection présidentielle où Sanogo et ses compagnons n’ont pas caché leur préférence. Hamadoun Amion Guindo a pu placer quelques uns de ses camarades dans les différents gouvernements de la transition. Cela aurait même provoqué une scission de la Copam qui a fini en Copam I et II. L’autre Copam a été récupérée par Younoussi Hamèye Dicko, qui lui en a profité pour mettre sur orbite un ministre issu de son parti, le RDS.
Quant à Adama Traoré, il a atterri (une autre décision hallucinante de Dioncounda Traoré) dans la Commission Dialogue et Réconciliation. Mais le groupe de soutien ne se limite pas à certains opportunistes qui ont une responsabilité dans la descente aux enfers que le Mali ait connus. Le « règne » de Sanogo aurait fait plus de mécontents parmi ses soi-disant amis. Comme quoi les alliances de circonstance finissent souvent dans la déception et le désarroi. Le putschiste de Kati l’apprend à ses depens…
C’est aussi cela le pouvoir. Il attire comme le miel attire les mouches. Mais rare sont ceux qui seront là quand ça tourne au … vinaigre.
Idrissa Maïga