L’Adema intronise Dioncounda : Une confirmation qui signe de facto la fin du modibisme ?
« Connaissez-vous la politique de la chauve-souris ? Je suis oiseau regardez mes ailes, je suis souris, vivent les rats !» A quelques mois seulement de la grande date fatidique de l’élection présidentielle, de nombreux cadres de notre pays et non des moindres disent en privé et naturellement « hors micro », qu’ils ne savent pas vraiment à quel saint se vouer, à cause sans doute de la grande illisibilité qu’offre aujourd’hui le paysage politique malien. Ce qui rend du coup précaires, et même parfois aléatoires, les instruments d’analyse que l’on utilise volontiers sous d’autres cieux, pour mieux ausculter le champ politique. Le cruel et dangereux marchandage des voix (un phénomène combien regrettable, mais qui profite néanmoins à chaque formation, notamment les mieux nanties) qui va inéluctablement se poursuivre au cours de ces nouvelles élections, continuera encore longtemps (et c’est cela le pire) de jeter un épais brouillard sur les observations faites ici et là, sur la régularité et la fiabilité du scrutin.
Un détail intéressant tout de même : le président sortant n’est pas candidat à sa propre succession et il n’a pas commis à son poste un véritable dauphin pour le remplacer. Les supputations vont bon train sur le compte de l’ex premier ministre qui bénéficie depuis un certain temps de nombreuses marques de sympathie et de soutien (comme ce fut d’ailleurs le cas de son frère feu Mandé Sidibé alors candidat à l’élection présidentielle de 2002). Mais comparaison n’est pas raison. Le contexte a considérablement changé. Sauf que de nombreux scrutateurs, aveuglés sans doute par des intérêts partisans, pensent – à tort bien évidemment – que la reproduction du scénario de 2002 est encore possible ; c'est-à-dire que certains cadres, voire une aile pensante de l’Adema, pourraient se saborder pour laisser la place à un « indépendant ». Ce scénario tant rêvé par certains marchands d’illusions n’a aucune chance de se réaliser.
Pour la simple raison qu’après l’intermède d’ATT, plus jamais un autre candidat indépendant ne sera président du Mali. Cela reste désormais une conviction fortement chevillée au corps de tous les démocrates « sincères et honnêtes » de notre pays. Du coup, le risque bien réel d’ostraciser un « illustre inconnu » des arènes politiques sera logiquement perçu et avalisé par l’opinion publique fortement acquise à la cause des partis et à leur survie (voir l’échec rocambolesque et en cascade de plusieurs listes indépendantes lors de précédentes élections législatives et municipales), comme étant un joli réflexe instinctif et naturel de réduire à néant les velléités suicidaires d’un tel « challenger ».
Si Modibo a été présenté sous les couleurs d’un héritier présomptif du président ATT à cause de sa longue et exceptionnelle carrière ministérielle, l’on voit mal cependant comment son « mentor », qui « place le Mali au-dessus de tout », et qui s’apprête à vivre une retraite apaisée et dorée, va compromettre son bilan et son héritage au profit d’un Modibo Sidibé qui n’a jamais compris que le « pouvoir est une longue marche » et n’a pas non plus le courage, ni la sincérité nécessaires, de dire à ses ouailles de mettre un terme à leur récréation. Surtout que les partis politiques manifestent contre l’intrusion d’un néophyte dans le champ politique.
Par Bacary Camara
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