L'agression du directeur de publication de l'Indépendant suscite colère et indignation au Mali

Juillet 14, 2012 - 12:22
Juillet 14, 2012 - 12:22
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L'agression du directeur de publication de l'Indépendant (quotidien privé), El Hadj Saouti Haïdara, suscite colère et indignation dans le cercle des médias et des intellectuels maliens. [caption id="attachment_79837" align="aligncenter" width="610" caption="Saouti L Haidara / Photo maliweb"][/caption] Selon beaucoup d'entre eux, que nous avons rencontrés ou joints par téléphone, cette agression est une "nouvelle atteinte à la liberté de la presse" au Mali, "cité comme un modèle de démocratie, il y a quelques mois seulement". Pour manifester leur "colère" et leur "indignation", les patrons de presse du pays ont décrété mardi prochain une "Journée sans presse". "Si cela ne tenait qu'à moi, on allais plutôt décréter une journée pays mort. Trop c'est trop, il faut une contestation populaire pour montrer à ces barbares que y'en a marre. Mais, c'est déjà bien cette marche pacifique. On y sera tous", promet Abdoulaye Namandy Tembely, un indépendant du pays. "Journalistes maliens où êtes-vous ?", s'interroge Boubacar Mody Sacko, ancien journaliste et intellectuel de la diaspora malienne en France. Il ajoute, "c'est la question que je me pose, ayant moi-même exercé dans le milieu pendant 5 ans. Je condamne avec la dernière rigueur cette agression, digne d'un autre âge, dont le directeur de publication de l'Indépendant vient d'être victime. J'exhorte tous les journalistes et communicateurs maliens afin qu'ils unissent leurs forces. C'est le moment plus que jamais, pour défendre à jamais cette liberté d'expression et de pensée si chèrement acquise en République du Mali". "J'espère que ce n'est pas le come-back à l'époque de Moussa Traoré (allusion à l'ancien dictateur, le général Moussa Traoré, qui a régné sur le Mali pendant 23 ans avant d'être renversé par une insurrection populaire, ndlr) ainsi que le soupçonnent nombreux observateurs. Que les journalistes soient interrogés au même titre que les autres citoyens, en cas de soucis oui. Mais, enlever et molester tout en étant encagoulés, ça ce n'est pas bon, surtout dans cette période que nous vivons. De grâce, il faut pas ajouter au chaos, nous sommes déjà presque KO", s'offusque Tetou, une artiste. "Je suis tout simplement indignée ! Trop c'est trop ! Après Saouti, à qui ce sera le tour ? Je ne savais pas les Maliens comme ça. Levez-vous pour protester comme en 1991 quand vous bravez les balles pour renverser la dictature et favoriser ainsi l'avènement de la démocratie", souhaite Rose Camara, spécialiste en communication. Révoltée, elle poursuit, "je suis vraiment indignée aujourd'hui car il n'y a plus de respect envers les aînés. Hier, c'était le chef d'Etat par intérim. Au delà de son statut de président, c'est qu'en même un septuagénaire. Aujourd'hui encore on assiste à l'agression de Saouti sans que personne ne lève le petit doigt. Où sont passées nos valeurs ? Il faut que les vrais démocrates se lèvent pour protester contre cette dictature qu'on veut réinstaurer au Mali". "C'est pénible, mais l'erreur serait de baisser les bras suite à ces basses manœuvres d'intimidation. C'est d'ailleurs l'effet escompté par ces nouveaux bourreaux de la presse malienne. Il faut continuer à se battre en dénonçant les fortraitures, les injustices... Il faut braver ceux qui veulent ramener ce pays à la case départ de la démocratie", pense Kader Toé, chroniqueur politique. "La terreur ne réussit pas à la démocratie, parce que la démocratie a besoin de justice...", ajoute-t-il en citant Edgar Quinet. Comme s'y attendaient de nombreux observateurs, le gouvernement malien se contente d'une "condamnation énergique" de "ces actes inacceptables dans une démocratie". Toutefois, le communiqué que vient de publier son porte-parole fait cas de l'ouverture d'une "enquête" pour "identifier les coupables et les châtier", conformément aux lois en vigueur. "Le gouvernement présente ses regrets à la presse et l'invite à poursuivre son engagement en faveur de la paix et d'une transition apaisée comme réaffirmée lors du forum des 29 juin et 1er juillet 2012", conclut ce communiqué. Après donc une première interpellation le 16 mai 2012, par les services de la Sécurité d'Etat, le directeur de publication de l'Indépendant, Saouti Labass Haïdara, a été enlevé, hier 12 juillet, vers 21 heures, au siège du journal à ACI 2000 par des hommes armés jusqu'aux dents et cagoulés. "Il est dans un état grave, les hommes armés lui ont cassé le bras droit qui est plâtré. Il a aussi été touché à la tête", témoigne le président de la Maison de la presse du Mali, Manka Koné, à Xinhua. Ce doyen de la presse malienne (62 ans) doit être évacué aujourd'hui à Dakar (Sénégal) pour des soins.   Publié le 2012-07-14 19:29:09 | French. News. Cn

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