Langues nationales : L’ORTM au cœur d’une crise identitaire

Avr 3, 2015 - 16:13
Avr 3, 2015 - 16:13
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[caption id="attachment_161662" align="alignleft" width="310"]Feuilletons, séries télévisées et les maliens ORTM[/caption] Sur le fond d’une crise nationale, le gouvernement malien dit vouloir apprêter les radio et télévision nationales à une mue jamais voulue auparavant. Il s’agit d’informer prioritairement en langues nationales, ce qui est un sujet pertinent pour un pays en mal de souveraineté. Mais  le Mali demeure un Etat cosmopolite ayant du mal à assurer la survie de multiples ethnies jalouses de leurs identités. L’ORTM auquel est demandé de souder le tissu national arrivera-t-il à surmonter les obstacles d’une course mal partie? Choguel Maïga, le ministre malien de la Communication, a raison de vouloir communiquer plus dans les langues vernaculaires. Mais il sait mieux que quiconque qu’au Mali ces langues accusent un retard spectaculaire dans la traduction des terminologies scientifiques. Le premier obstacle du challenge proposé à l’ORTM est ce retard terminologique des langues nationales restées presque immobiles depuis le 19è siècle. On n’est loin de l’époque où la bicyclette a été baptisée « Nèkèsso ». Pourtant, malgré l’introduction des langues nationales dans le système éducatif malien il y a plus d’une décennie, l’enseignement des mathématiques, et autres sciences exactes, reste lié au français. Hors, en dehors du cadre académique, les terminologies scientifiques sont incontournables dans le vocabulaire moderne qui est celui des informations. Les journalistes appelés à communiquer en langues nationales ne traduiront pas que «l’accord d’Alger». Il importe qu’ils sachent aussi se faire comprendre lorsque le sujet se rapporte à la «température» ou au «climat». Et les speakers bamanan de l’ORTM ont tout à fait raison de réclamer au gouvernement des possibilités de formation afin de se hisser à la hauteur du travail qui leur est demandé. L’autre problème des langues nationales est d’ordre structurel, l’ORTM n’ayant pas les moyens de répondre à la demande de plusieurs auditoires à la fois. Le plus souvent, un doigt accusateur est pointé sur les médias d’Etat. En effet, la visibilité culturelle a toujours été évoquée en sourdine par tous ceux qui ont tenté faire sécession au Nord du Mali. D’ailleurs, un haut responsable Touareg disait un jour  que jamais un numéro de l’émission «Terroir » n’a été enregistré à Kidal. Par ailleurs, il suffit de voyager à l’intérieur du pays pour évaluer la profondeur du malaise de certains enfants de la République. En réalité, les ethnies du Mali cherchent à survivre dans un monde où les outils et les voix de communication réduisent les différences. La solution à ce problème viendra peut-être de la transformation des antennes de l’ORTM qui deviendraient des relais linguistiques en fonction de la zone d’implantation de chaque station régionale. S T D Maliweb.net

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