Laurent Fabius à propos du coup de gueule d'IBK : "C’est au président malien d’agir pour négocier avec les rebelles touareg"

Déc 6, 2013 - 06:33
Déc 6, 2013 - 11:16
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[caption id="attachment_73320" align="alignleft" width="300"]Laurent Fabius: ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius: ministre français des Affaires étrangères[/caption] Visiblement, le récent coup de gueule poussé par le président IBK à Paris en marge de la conférence franco-africaine sur la paix et la sécurité, qui s'ouvre aujourd'hui, n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. En effet, le chef de l'Etat malien a vivement protesté contre la passivité voire la naïveté de la France vis-à-vis de la rébellion touareg. "La communauté internationale nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l'Etat", s'est-il insurgé. Avant de lancer "Dans quelle comédie de l'alerte sommes-nous   ?". La France, par la voix de son chef de la diplomatie, Laurent Fabius a réagi à ces propos en dégageant la responsabilité de son pays. Pour lui, c'est au président malien Ibrahim Boubacar Keïta d'agir pour négocier avec les rebelles touareg et la France ne s'en mêlera pas. Il a soutenu que son pays est intervenu pour sauver le Mali en référence à l'opération franco-africaine lancée en janvier 2013 pour chasser les islamistes qui occupaient le nord du pays.     "Maintenant c'est aux Maliens et singulièrement au président (malien) IBK d'agir. La France ne soutient aucun groupe. Il est normal que l'intégrité du territoire soit assurée et la France n'a pas à se mêler de cela ", a insisté Laurent Fabius. Pourtant, des voix s'élèvent contre le traitement de faveur ou plutôt la complaisance que la France accorde aux groupes armés touareg.     L'on se rappelle que le MNLA avait menacé de reprendre les armes après l'incident survenu à l'annonce de la visite du Premier ministre à Kidal où des éléments de ce groupe armé ont lancé des cailloux et ouvert le feu sur les soldats maliens. En riposte, ces derniers ont tiré des coups de sommation pour disperser la foule. Bien avant cette visite, trois autres ministres du gouvernement malien avaient été pris à partie. Peu avant cette énième provocation, deux envoyés spéciaux de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont été enlevés puis exécutés après qu'ils aient franchi la porte d'un responsable local du MNLA à Kidal, en l'occurrence Ambéry AG Rhissa, qu'ils venaient d’interviewer. A travers, tous ces actes et bien d'autres, il est clair que Kidal échappe à tout contrôle en ce sens que ce sont les groupes armés touareg comme le MNLA et son complice du HCUA (dérivé du mouvement terroriste Ançar Dine) qui y font régner la terreur. Pourtant, l'armée française est très présente dans cette région où elle autorise ces groupes armés à circuler librement et oblige l'armée malienne à rester cantonnée. Alors que dans les accords de Ouaga, signés le 18 juin dernier entre le gouvernement malien et les groupes armés, ce sont bien ces derniers qui doivent non seulement être désarmés, mais aussi cantonnés. Les troupes françaises et celles de la MINUSMA devaient donc aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté en déployant ces soldats partout. Ce qui n'est toujours pas le cas, car l'Hexagone pense encore que l'armée malienne va se livrer à des représailles une fois de retour dans les régions septentrionales, particulièrement à Kidal. IBK a rejeté ces accusations en bloc.     D'ailleurs,  il a mis en garde la France en déclarant qu'" aujourd'hui, les Maliens, qui avaient applaudi l'intervention française au début de l'année, s'interrogent ". Des mises en garde qui ne semblent pas inquiéter la France, qui a toujours esquivé les critiques ou interrogations sur ses liens ou sa passivité supposée à l'égard de la rébellion touareg. Rappelons que les rebelles touareg n'avaient pas hésité à prêter main-forte aux islamistes qui se sont emparés des deux tiers nord du Mali. Ils avaient été évincés par leurs anciens alliés extrémistes, avant de revenir à Kidal à la faveur de l'intervention française. Aujourd'hui, la France ferme les yeux et joue un jeu qui risque de lui couter cher.                     Massiré DIOP

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