L’autocrate africain, une espèce en voie de disparition
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Tour d’illusionniste
Ancien officier reconverti à la vie civile, le Tchadien Idriss Déby Itno s’accroche, lui aussi, désespérément à un monde évanescent. Avoir côtoyé les vingt-huit dernières années trois présidents sénégalais, Abdou Diouf (1981-2000), Abdoulaye Wade (2000-2012) et, aujourd’hui, Macky Sall, ne semble guère l’inspirer et l’inciter à faire valoir, enfin, ses droits à la retraite. Pour éviter d’avoir à tripatouiller une nouvelle fois la Constitution, le président tchadien s’est résolu à changer de République, comme, trois ans avant lui, le Congolais Denis Sassou-Nguesso. Exit, donc, la IIIe République tchadienne ! Vive la IVe ! Le rapport final d’un forum national rendu public le 27 mars promet aux Tchadiens un avenir radieux : un régime présidentiel « intégral », un mandat de six ans renouvelable une fois, contre un bail de cinq ans reconductible indéfiniment actuellement. A la vérité, le passage du quinquennat au sexennat est une simple diversion, un tour d’illusionniste prisé par les dirigeants d’Afrique centrale pour passer par pertes et profits les décennies passées à la tête de l’Etat et remettre les pendules à zéro. La cause est entendue ! Si les mânes des ancêtres veillent sur lui, Idriss Déby Itno, dont le mandat actuel prend fin en 2021, devrait rester aux commandes de son pays jusqu’en 2033. Lui qui a été reçu à l’Elysée, successivement, par François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron peut raisonnablement espérer serrer la pince au successeur de ce dernier. Pour le conforter dans ses rêves de pérennité, il a, il est vrai, l’environnement régional pour lui. L’addition de l’âge de Paul Biya, 85 ans révolus, de Teodoro Obiang Nguema, 76 ans en juin, de Denis Sassou-Nguesso, 75 ans en novembre, et d’Idriss Déby Itno, 66 ans dans trois mois, quatre des principaux dirigeants de cette région riche en pétrole, gaz et minerais divers, donne le tournis : 302 ans, soit une moyenne de 75 ans et demi. Les mêmes dirigeants cumulent aujourd’hui 135 années à la tête de l’Etat. De quoi faire pâlir de jalousie le pharaon du Caire, au moment même où Ian Khama, le président du Botswana, annonçait sa démission dix-huit mois avant terme. Pour respecter la Constitution qui limite son mandat à dix ans, mais aussi, et surtout, pour bien montrer qu’il y a une vie après le pouvoir.Par Francis Kpatindé LE MONDE Le 30.03.2018 à 17h27
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