L’autre scandale qui secoue gaffe du chef de la junte militaire : Le capitaine Sanogo a confectionné des passeports diplomatiques pour lui et ses potes

De toutes les gaffes du capitaine Amadou Haya Sanogo, celle-ci semble être une des plus graves. Nous avons appris, à la suite d’investigations minutieuses, que quelques jours seulement après le coup de force du 22 mars dernier, le chef de la junte militaire aurait ordonné à la secrétaire générale dudit Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale de confectionner des passeports diplomatiques maliens pour tous les membres du Cnrdre. Après un niet catégorique de cette dernière, lui et ses potes auraient employé la manière la plus colossale et la moins civilisée pour obtenir le précieux document. La semaine dernière, le consulat de France à Bamako a refusé d’accorder des visas au lieutenant Amadou Konaré, membre influent et porte-parole du Cnrdre, à sa compagne et à sa marmaille. Le lieutenant Konaré avait présenté un passeport diplomatique malien, tout neuf et portant la grosse signature du président du Cnrdre, le capitaine  Amadou Haya Sanogo. Cette affaire, en dehors de son caractère cocasse, appelle une série de questions aussi pertinentes les unes que les autres : pourquoi le lieutenant Konaré voulait-il se rendre en France avec toute sa famille en ce moment critique pour le Cnrdre ? Voulait de ce fait trahir la bande (compte tenu de l’extrême isolement dont celle-ci fait l’objet présentement) et fuir avec sa famille vers des cieux plus cléments ? Pourquoi aussi le capitaine Sanogo a-t-il osé apposer sa signature sur des passeports diplomatiques maliens, alors que seul le ministre des Affaires étrangères est habilité à le faire ? Ces quelques interrogations nous ont incités à mener des enquêtes patientes, mais minutieuses. C’est ainsi que nos investigations ont révélé  que c’est dans la parfaite illégalité que le capitaine Sanogo aurait obtenu des passeports diplomatiques pour lui et l’ensemble des autres « redresseurs ». Les faits Un beau jour, peu de temps après le coup d’Etat du 22 mars, des membres du Cnrdre, des émissaires du capitaine Sanogo, se sont rendus au Ministère des Affaires étrangères pour ordonner à Madame Rokiatou Guikiné qui était secrétaire générale à l’époque, de confectionner des passeports diplomatiques maliens pour l’ensemble des membres du Cnrdre. Madame Guikiné leur aurait expliqué que ses fonctions de secrétaire générale ne lui permettaient pas d’accéder à leur demande, leur précisant aussi qu’aucune prérogative ne lui permettait de leur délivrer des passeports diplomatiques, encore moins de les signer. Devant l’insistance des potes du capitaine Sanogo, Madame Guikiné aurait clairement dit à ces derniers qu’elle ne voyait pas en quoi des passeports diplomatiques maliens pouvaient être utiles à des gens qui prétendaient s’être mutinés pour mieux accomplir la mission régalienne de défense du territoire qu’est la leur. Les émissaires du capitaine Sanogo seraient repartis, mais pour revenir quelques jours plus tard avec plusieurs dizaines de passeports diplomatiques maliens non visés. Cette fois encore, le niet de Madame Guikiné aurait été catégorique. Après un coup de fil au capitaine Sanogo, un des émissaires aurait pointé une arme à la tempe de Madame Guikiné pour l’obliger à signer les dizaines de passeports diplomatiques présentés. L’éthique et la déontologie, confortées par une loyauté sans borne, ont surpassé l’adrénaline qui montait chez Madame Guikiné à cet instant-là. Elle leur aurait fait comprendre qu’ils pouvaient la tuer, mais qu’elle ne signerait rien. C’est ainsi que les émissaires du capitaine Sanogo sont retournés, à Kati, voir leur mentor avec les dizaines de passeports diplomatiques non signés. Dans son bureau de Kati, le capitaine Sanogo a commis l’irréparable: signer plusieurs dizaines de passeports diplomatiques maliens pour lui et les membres du Cnrnre. Un passeport diplomatique, rappelons-le, est l’un des documents les plus importants de l’Etat. C’est un passeport délivré par un Etat souverain à ses diplomates pour leurs déplacements professionnels. Le titulaire d'un passeport diplomatique bénéficie généralement de l'immunité diplomatique. Même le chef de l’Etat n’est pas autorisé à le parapher. Il va falloir que le capitaine Sanogo, malgré la loi d’amnistie votée pour lui et ses « associés », vendredi, explique pourquoi il s’est permis de signer des passeports diplomatiques maliens. Et à quelle fin ? Quant au fameux lieutenant Amadou Konaré, soit disant porte-parole de la junte, à qui le consulat de France a refusé des visas pour lui, sa compagne et ses enfants, ses intentions demeurent toujours floues. On se pose toujours des questions à son sujet.  A part le fait qu’il voulait partir précipitamment en France avec sa famille, on sait que le lieutenant s’adonne, actuellement, à des shoppings hors normes, il paye avec du cash et souvent en devises étrangères. Que dire aussi des frasques de certains membres du Cnrdre reconnus dans des boîtes de nuit et autres places de Bamako by night où ils étalent les billets de banque craquant neufs comme on le ferait dans une soirée sumu ? Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions. Rokia Diabaté