Le casse-tête malien

Nov 2, 2012 - 03:16
Nov 2, 2012 - 03:16
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Peu ou pas de journaux ce matin en Afrique de l’Ouest, en raison de la fête catholique de la Toussaint, ce jeudi 1er novembre, la fête de tous les saints. En fouillant un peu, on trouve toutefois quelques articles à se mettre sous la dent, essentiellement à propos du Mali, au centre de l’actualité du continent depuis ces derniers mois. Le journal Le Prétoire à Bamako fait le point sur la crise malienne en dégageant « quatre problématiques profondément liées. » Tout d’abord, « le problème de gouvernance : il y a un besoin impérieux, estime Le Prétoire, à ce que ce pays retourne sur les rails de la démocratie. Pour cela, il est primordial d’établir une stratégie pour organiser des élections, au plus vite. La Communauté internationale pense qu’il faut absolument rétablir le pouvoir civil, et que l’armée ne doit en aucun cas interférer dans les affaires politiques du pays. Il est vrai que 70 à 75% du territoire malien est actuellement entre les mains des salafistes et des rebelles. » Toutefois, relève le journal malien, « selon les experts, 85 à 90% de la population se trouvent dans le sud du Mali, il n’y a donc aucune entrave susceptible d’empêcher la mise en place d’élections libres et transparentes. » « Le deuxième défi à relever, pour Le Prétoire, est la question de la rébellion touarègue. Il s’agit ici d’un enjeu politique qui ne rentre ni dans le champ militaire ou sécuritaire. La question touarègue est beaucoup plus ancienne que l’on croit et, affirme le journal, elle n’a jamais été assez prise en compte par les autorités du Mali. » Troisième défi : « combattre, vaincre et chasser Al Qaida au Maghreb islamique et les autres groupes armés terroristes du septentrion du Mali, cela reste, estime Le Prétoire, le plus noble des combats que la Communauté internationale se doit de mener. » Enfin, « la crise humanitaire : on assiste à une véritable catastrophe. L’occupation des régions du Nord et la sécheresse ont considérablement aggravé la crise alimentaire. La situation humanitaire est tellement préoccupante qu’elle a généré de nombreux déplacements de populations. 300.000 Maliens se sont réfugiés dans des camps de réfugiés en Mauritanie, au Burkina Faso, au Niger, rappelle Le Prétoire. Bamako et les villes de Mopti et Sikasso enregistrent plus de 200.000 déplacés, elles sont surpeuplées. Et la malnutrition infantile a atteint son apogée dans les régions occupées du Mali. » Coup de grâce ? Et puis ce point de vue publié par le site d’informations africaines Slate Afrique , sur les craintes humanitaires suscitées par une éventuelle action armée : « une intervention militaire va finir d’achever le Mali », titre Slate Afrique. « Le Mali est malade depuis longtemps et personne ne s’en est soucié, relève le site. Mais une intervention lourde risque de plonger le pays dans une détresse encore plus profonde », estime-t-il. « Maintenant que la menace islamiste frappe aux portes de l’Europe, on sonne le tocsin. Mais, en déclenchant une intervention lourde, on court aussi le risque d’achever un malade trop faible pour la supporter. De précipiter une population où l’insécurité alimentaire est déjà présente dans une détresse encore plus profonde. D’envoyer des jeunes urbanisés, qui s’enfoncent dans une misère sans issue, dans les bras des islamistes. De donner un terrain du djihad à des Maliens, exilés en France et déjà convertis à l’islamisme radical. » « Alors que faire ? », s’interroge Slate Afrique. Et bien, pas d’autres réelles solutions qu’une intervention face aux extrémistes islamistes. Et « le temps presse, souligne le site, car les puissants vents de sable, qui surviennent dès fin janvier dans cette partie du désert, compliqueront les interventions aériennes et des centaines d’Islamistes venus d’Algérie, du Sahara occidental, de Libye viennent renforcer les troupes islamistes. On se demande même s’il n’est pas trop tard pour agir sur un continent où le médecin (dans le cas présent, il s’agit d’un chirurgien) arrive bien souvent après la mort. »   RFI / 02/11/2012

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