Le chaos malien inquiète l'Ouest africain
Une avancée qui a poussé la junte militaire à s'alarmer de cette situation "critique" et à appeler au soutien "extérieur" pour l'endiguer. Les nouveaux chefs du Mali semblent surtout incapables de contrer l'alliance objective qui s'est nouée entre le MNLA, groupe rebelle aux positions laïques, et le groupe islamiste Ansar Dine - deux fractions que rien n'unit, si ce n'est leur opposition à l'armée malienne. Avant Kidal et Gao, les rebelles s'étaient déjà attaqués, avec succès, aux localités d'Aguelhok, Tessalit et Tinzawaten, de sorte qu'ils contrôlent désormais la quasi-totalité du nord-est malien, considéré comme le berceau des Touaregs.
La tension monte à Bamako
Totalement isolée sur la scène internationale depuis le renversement du président Amadou Toumani Touré, la junte appelle désormais au secours. La Cédéao, qui réclame un retour au pouvoir du président Amadou Toumani Touré, a menacé jeudi la junte au pouvoir au Mali depuis le 22 mars d'un "embargo diplomatique et financier" faute d'un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai maximum de 72 heures", soit lundi "au plus tard". Mais face à l'avancée des rebelles, l'organisation politique ouest-africaine a "mis en alerte une force armée de 2000 hommes", a affirmé samedi son président en exercice, le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, disant vouloir "préserver à tout prix l'intégrité territoriale du Mali". "Notre souhait est d'éviter la guerre. Si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s'aperçoivent qu'il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite", a-t-il estimé.
Face aux condamnations internationales unanimes, les putschistes se sont surtout efforcés jusqu'à présent d'instaurer un état de fait, multipliant les mesures visant à une normalisation, notamment l'adoption d'une Constitution censée régir la transition jusqu'à des élections à une date non déterminée. Ils savent pouvoir s'appuyer sur l'adhésion d'une partie des Maliens vivant dans la pauvreté et écoeurés par la corruption. Mais à Bamako, le climat s'est détérioré ces dernières heures, avec des affrontements jeudi entre pro et anti-junte, alors que la presse internationale est de plus en plus prise à partie par les partisans du nouveau régime.
L'envoyé spécial de Radio France à Bamako a ainsi été agressé et menacé de mort par des militaires pro-junte dans la nuit de mercredi à jeudi. Des militaires "m'ont demandé qui j'étais. Quand ils ont vu que j'étais journaliste, ils m'ont mis des menottes, attaché à un arbre, ensuite mis à genoux parce que mes poignets saignaient, puis ils m'ont autorisé à m'asseoir", a raconté Omar Ouahmane, grand reporter à la rédaction de France Culture. "Cela a duré toute la nuit, ils m'ont mis en joue, ont menacé de m'éclater la cervelle, (...) ils ont cassé mon matériel, (...) ils étaient en colère parce qu'ils accusent la France de soutenir" le président Touré. Son calvaire n'a finalement pris fin qu'à l'arrivée d'un gradé qui lui a permis d'être libéré. Ce qui n'a pas empêché l'un de ses tortionnaires de le menacer une dernière fois : "si je te revois, je te tue". Un incident révélateur des tensions auxquelles sont confrontées les journalistes étrangers depuis ces derniers jours à Bamako.
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