Le commissaire-lieutenant-colonel Nouhoum Dabitao réplique à l’ex-directeur général de la police nationale : - « La lettre de l’Inspecteur Général Niamé Kéïta est un chef d’oeuvre de démesure et d’ignominie» - « S’il y a porte-galon, c’est bien Niamé Kéïta qui est ce qu’on appelle dans notre jargon un sac à dos»
Ainsi l'Inspecteur-Général Niamé Keïta n'a toujours pas digéré son éviction du poste de Directeur Général de la Police Nationale. Et, pour manifester son ire, il s'en prend au Général de Division Sadio Gassama, ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, dans les colonnes du journal L'Indépendant dans sa livraison du 10 juin 2011, en le traitant entre autres de " porte-galon, félon, menteur et traître (…) ".
Par conséquent, je prends le risque professionnel à mon tour, devant l'histoire, de briser le devoir de réserve au nom du " droit à la considération et à la reconnaissance " que la Nation confère à tout militaire en raison des sujétions particulières qu'il subit. Le Général Gassama est un soldat. Il est au service de la Nation. Il a droit à la considération et à la reconnaissance pour ce sacerdoce. L'Inspecteur-Général Niamé Keïta ne devrait pas perdre de vue ce principe édicté par la loi portant statut général des militaires, lui officier de police judiciaire.
Je prends la responsabilité morale de répondre au désormais ex-Directeur Général de la police. Car, le Général Gassama ne répliquera jamais à pareille incartade aux élans antimilitaristes. Au nom du devoir de réserve et eu égard à sa haute idée de l'Etat. Car tout oppose ces deux hommes. Autant l'auteur de l'article est narcissique et nostalgique des sirènes et gyrophares de la Sûreté d'antan, autant le Général Gassama séduit par sa modestie et sa grandeur d'âme. Autant le premier adore les actions ostentatoires empruntées à une époque bien connue, autant le second en impose par l'efficacité dans la discrétion.
La lettre de l'Inspecteur-Général Niamé Keïta est un chef d'œuvre de la démesure et de l'ignominie. Au-delà de l'entorse qu'il fait au devoir de réserve et à l'éthique que doit observer tout agent des Forces Armées et de Sécurité, il confirme l'arrogance d'un officier de police qui doit pourtant sa récente promotion à celui qu'il est en train de vilipender.
En réalité, le Général Niamé Keïta n'a qu'à s'en prendre à lui-même pour son limogeage qui a un goût d'inachevé si tant il est prouvé qu'il a fait montre d'irresponsabilité dans la gestion des bavures policières de ces derniers temps. Il aurait d'ailleurs dû être limogé et sanctionné sévèrement depuis l'hécatombe du Stade Modibo Keïta lors du Maouloud dernier. Un directeur de service digne de ce nom, imbu de sa " malinkinité ", aurait démissionné pour couper court à toutes les supputations et donner libre cours à une commission d'enquête pour situer les responsabilités. Au lieu de cela, le généralissime a bénéficié de la tolérance et du bénéfice du doute de sa hiérarchie, à commencer par le Général Gassama qu'il traîne dans la boue aujourd'hui.
L'envolée dithyrambique de Niamé Kéïta prouve à suffisance qu'il incarne mieux les tares qu'il dénonce que le Général Gassama. En effet, la lettre en elle-même corrobore la félonie de son auteur Du point de vue sémantique, ce mot renvoie à " déloyauté, offense ou trahison d'un vassal à son seigneur ". Dans cette tragédie, c'est bien l'inspecteur-général Niamé Kéïta qui fait preuve de déloyauté. Ne s'attaque-t-il pas au Chef de l'Etat, malgré les tournures alambiquées, quand il met en cause sa relève ? Est-il loyal définitivement envers Celui-ci qui l'a tiré de sa " traversée du désert " lorsqu'il se refuse à reconnaître la pertinence de Sa décision ?
Ainsi, le Général Gassama serait-il un porte-galon ? C'est ignorer son parcours d'officier doublé de celui d'un administrateur chevronné. Sadio Gassama est l'un des rares officiers à suivre de bout en bout la formation classique d'infanterie, du niveau chef de section à celui de chef de bataillon, sans discontinuer. De plus, il occupa tous les postes de responsabilité au sein des Forces Armées, de Commandant de Compagnie à Chef d'Etat-major. Aussi, ne doit-il son avancement qu'à la conjugaison de ces deux facteurs : sa formation et son expérience. Mieux, il fait partie des types d'officiers que nous envient beaucoup d'armées. Il appartient surtout à ce cercle fermé d'officiers à publier sur la tactique et la stratégie. C'est un modèle qu'aucune infamie ne saurait renier.
Monsieur l'Inspecteur-Général voudrait-il réveiller les vieux démons opposant policiers et militaires, dont les clichés persistants font de nous des incultes ? Cette époque est révolue. Si " porte-galon " il y a, ce sera assurément lui puisqu'il est à jamais ce qu'on appelle dans notre jargon un " sac à dos " : un officier issu des rangs et non des écoles, qui a gravi laborieusement les différents échelons de grade, de sous-officier à officier. Le Général Gassama a passé par une académie militaire et a formé de nombreux officiers supérieurs d'aujourd'hui à l'Ecole Militaire Inter-Armes.
L'Inspecteur-général Niamé Keïta n'a qu'à s'en prendre à lui-même. D'autres avant lui ont été relevés sans qu'ils ne trahissent ni la sacro-sainte déontologie, ni la fraternité d'armes. Il n'a qu'à s'en prendre à lui-même s'il n'a été, en fin de compte, qu'un commandant de circulation routière bis. La Police avait plutôt besoin de vision et de discipline. Pas de police-spectacle. Pas d'omniprésence d'un directeur général aux carrefours. D'ailleurs, les plus illustres d'entre eux ont brillé par leur discrétion : Anatole Sangaré, Sambou Soumaré, Alou Badara Diouf pour ne citer que ceux-là. Que l'Inspecteur-Général se souvienne que les directeurs qui ont le plus marqué l'histoire de la Police furent des militaires : Tiécoro Bagayoko, Amara Danfaga et Cheick Diarra. Ce n'étaient ni des félons, ni des porte-galons. Le Général Gassama non plus.
Je crois que cette comédie n'a que trop duré. Combien de dérives y a-t-il eu sous " le soleil " de Niamé Keïta sans que celui-ci subisse des sanctions disciplinaires, tel que cela est prévu par le Statut Général des Fonctionnaires de la Police Nationale ? Au fait, quelle est la spécialité juridique de Niamé Keïta?
Commissaire-lieutenant-colonel Nouhoum Dabitao
Directeur adjoint du Commissariat des Armées Ex-Intendance Militaire
BP 427 Bamako
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