Pour le leader du parti du changement, Moussa Mara, la crise malienne est multidimensionnelle: sécuritaire, institutionnelle et sociale. Ces trois dimensions renvoient à l'Etat dans ses différentes caractéristiques et font de la crise d'abord une crise étatique. Les solutions ne peuvent provenir que de réformes en profondeur. Il a fait un diagnostic sans complaisance de la crise malienne lors de son intervention hier devant le parlement européen autour du thème " quelles perspectives vers la sortie de crise au Mali ".pour le maire de la commune IV du district de Bamako, il faut un nouveau leadership au Mali pour une nouvelle citoyenneté.
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![Moussa Mara, maire commune IV](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/03/mousamara.jpg)
Moussa Mara, maire commune IV[/caption]
Les solutions à la crise doivent tenir compte de cela et placer de ce fait l'Etat au cœur des pistes à explorer. On ne peut évoquer l'Etat sans privilégier la gouvernance qui est fortement défaillante dans nos pays ", a-t-il déclaré.
A en croire le jeune leader du parti YELEMA (changement), les perspectives de sortie de crise auront, de ce fait, quelques aspects liés au dialogue social pour sceller la réconciliation, à l'ordre politique à rénover pour entamer la refondation, à des réformes étatiques à engager pour créer les conditions d'une renaissance
Abordant le volet dialogue social, M. Mara dira qu'il doit être différent de ce qui a été fait par le passé pour mettre fin aux rebellions: plus de tète à tète entre l'Etat et un groupe armé mais une discussion inclusive entre les communautés sous l'égide des autorités nationales et en présence de la communauté internationale.
Ce dialogue doit, à l'en croire, se faire en respect de l'intégrité nationale, de la laïcité de la République, de la nécessité de la justice et du respect des principes républicains (égalité des citoyens, sécurité pour tous, équité face aux services publics…)
Tout citoyen, souligne Moussa Mara, qui respecte ces principes et qui l'indique clairement doit pouvoir y participer. Le dialogue doit être mené par étape: région de Kidal comme épicentre de toutes les crises, Nord du Mali aux particularités prononcées et ensemble du pays. Selon lui, les thèmes à discuter, les acteurs, les résolutions et le mode de gestion varieront en fonction des niveaux de discussion. Le dialogue, a-t-il expliqué, doit inclure les leaders traditionnels, les responsables de communauté et toutes les légitimités identifiées.
Selon Moussa Mara, l'ordre politique doit être rénové à travers la constitution de coalitions de partis pour aller aux prochaines avec des hommes dotés de vision orientée vers la refondation de l'Etat. "Cette coalition jettera les bases d'une recomposition politique avec une majorité nette et lisible et une opposition claire, protégée et faisant son travail. La rénovation de l'ordre politique doit se traduire par une recomposition des partis vers des pôles, regroupements et grands partis qui stabiliseront la démocratie. Les partis politiques refondés sont à soutenir pour les ancrer dans l'électorat et doivent jouer un rôle d'encadrement et de promotion de la citoyenneté. Les micros partis mercantilistes sont à écarter du jeu politique qui est à professionnaliser. Le Mali doit ainsi tendre sur 5 ans vers un échiquier politique stable et fertile, engagé dans le débat permanent, animé et vivant, fortement ancré dans la population et dont le vivier sera un corps social où la citoyenneté sera une donne réelle "
A propos de la refondation de l'Etat, le maire de la commune IV du district de Bamako, le territoire est un attribut primordial de l'Etat, s'il n'est pas organisé de manière appropriée, l'Etat sera entravé et non fonctionnel. "Il faut adapter l'organisation étatique à la géographie et à ses incidences socio culturelles pour exploiter au mieux les potentialités. Il faut adapter l'organisation étatique à la taille du territoire et permettre aux citoyens d'exprimer et de mettre en valeur plus facilement leurs particularités et donc leurs richesses ", a-t-il ajouté. Avant de s'attarder sur la nécessité d'aller à une forte décentralisation, une bonne déconcentration, une réduction des strates administratives, une limitation de la dispersion des populations sur le territoire.
Le président de YELEMA a en outre mis un accent particulier sur la construction d'une citoyenneté qui fera en sorte que le citoyen sera le fondement de l'Etat, son premier facteur de réussite et son bénéficiaire le plus important. Il s'agira d'édifier le citoyen et promouvoir la citoyenneté. "Nous devons promouvoir la citoyenneté locale comme fondement de la citoyenneté nationale, en appelant à la rescousse nos valeurs et leurs dépositaires, nos parents, nos enseignants, nos élus et en leur donnants les moyens nécessaires. Nous devons soutenir les organisations de la société civile, les contrepouvoirs, la presse et promouvons la transparence. Nous devons cultivons l'exemplarité du leadership pour susciter la confiance du citoyen et sa collaboration au projet étatique ", a souligné Moussa Mara.
Parlant d'institutions à réorienter, le fils de Joseph Mara a mis l'accent sur des institutions adaptées et légitimes, " conformes à notre conception du pouvoir ", la nécessité d'aller vers " un vrai régime présidentiel au lieu d'un régime semi-présidentiel paravent ", vers un renforcement du parlement, non dissoluble, impliqué dans certains choix d'hommes, vers l'implication de nos leaders traditionnels et religieux au sein du conseil économique et social et mise en place de conseils économiques et socio régionaux dotés de pouvoirs dans certains domaines
Des textes et politiques cohérents et accessibles
Moussa Mara a mis l'accent sur un texte constitutionnel simple, précis, compréhensible et accessible aux citoyens ; des politiques et des textes répondant à une vision, avec des objectifs, des résultats à atteindre, partagés par tous et appliqués par chacun ; une discipline et une rigueur à toute épreuve pour assurer la cohérence de l'Etat dans la conduite de ses politiques et dans le respect de ses textes ; une communication permanente entre les décideurs et la population. Il n'a pas manqué de préciser que quelques principes doivent dorénavant régir le leadership : la modestie et la redevabilité de tout dépositaire d'une responsabilité, la promotion de l'alternance, la culture du résultat et de la performance, la collectivité pour satisfaire l'individu et l'individu se sacrifiant pour la collectivité, l'intégration avec nos voisins et nos frères africains.
Par ailleurs, l'administration doit être au service des usagers. Il s'agit de mettre sur pied une administration publique efficace, au service du citoyen, qu'il protège, encadre, soutient, accompagne, conseille, etc ; des services publics adaptés, mus par le service et non le "se servir" ; des agents publics disponibles, compétents, outillés, se sacrifiant pour les usagers
En guise de conclusion, le président de YELEMA probable candidat à l'élection présidentielle du 7 juillet prochain, a indiqué : " les crises maliennes ont pour racine fondamentale la mauvaise gouvernance et donc le mauvais leadership (au nord comme au sud, dans l'armée comme dans la société civile). C'est donc un leadership nouveau qu'il faudra pour notre pays pour jeter les bases d'une nouvelle citoyenneté et donc d'un pays qui va croitre de nouveau sur le socle de la confiance indispensable entre la base et le sommet ".
Bruno D SEGBEDJI