C’est ce mardi à Ouagadougou que se retrouvent autour d’une même table les parties maliennes en conflit afin de trouver un début de solution pacifique à la crise du nord, sous l’égide du médiateur Blaise Compaoré. Concrètement, rapporte L’Observateur au Burkina, « le ministre malien des Affaires étrangères, Tieman Coulibaly, doit prendre part ce mardi à des pourparlers avec deux groupes armés présents au Nord-Mali : les indépendantistes du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine. »
Pour le quotidien burkinabè,
« force est de reconnaître que cette rencontre se tient dans un contexte international caractérisé par une espèce de “guerre à reculons”,
car les menaces d’intervention semblent avoir cédé la place à une débandade de la communauté internationale. » En effet, précise
L’Observateur, « à la suite du “monsieur Sahel”
des Nations unies, Romano Prodi, qui avait affirmé que l’intervention militaire dans le Sahélistan malien n’aurait manifestement pas lieu avant septembre 2013, le secrétaire général de l’Organisation, Ban Ki-moon, en personne, a douché les espoirs de ceux qui croyaient en l’imminence de cette intervention. »
Ban Ki-moon a récemment affirmé qu’une
« option militaire pouvait avoir de graves conséquences humanitaires et qu’elle risquait de ruiner les efforts de dialogue politique avec les Touaregs. »
Par ailleurs,
L’Observateur relève que
« les résultats de ces négociations de Ouagadougou sont aussi pour le moins aléatoires parce qu’un certain nombre de préalables sont d’abord à garantir : il s’agit notamment pour Ansar Dine de couper le cordon ombilical qui le lie à Aqmi et de renoncer à l’application de la charia. Si pour le premier préalable, Iyad Ag Ghali semble être disposé, fût-ce du bout des lèvres, à lâcher du lest, pour ce qui est de la loi islamique par contre, il freine encore des quatre fers. Quant au MNLA, qui revendique l’indépendance de l’Azawad, il semble finalement être le plus commode des groupuscules qui sévissent au Nord-Mali, cela, d’autant plus que sa position militaire s’est réduite comme peau de chagrin. Il faudra donc que Blaise Compaoré joue au funambule politico-diplomatique, estime
L’Observateur, pour pouvoir accorder des desseins aussi contraires, surtout que, pour les autorités légitimes maliennes, il est deux choses non négociables : l’intégrité du territoire et le caractère laïc de la République. »
Négocier avec des « meurtriers » !
En tout cas, la presse malienne ne croit guère à ces négociations…
« Ouaga III : une aventure incertaine », titre ainsi
Le Prétoire à Bamako.
« Si le MNLA et Ansar Dine voient en cette rencontre le début de la décriminalisation de leurs actes, l’Etat malien, quant à lui, n’y voit pas le bout du tunnel, puisque ses représentants, qui se trouvent actuellement à Ouaga, ont amené dans leurs bagages les différents messages, sinon les mises en garde, de plusieurs composantes de la nation malienne. Lesquelles n’entendent pas ouvrir de sitôt des négociations avec ceux dont les mains sont imbibées du sang de leurs frères. »
Le Combat, autre journal malien, s’indigne contre les récentes déclarations du secrétaire général des Nations unies :
« pouvons-nous comprendre que Ban Ki-moon se préoccupe plus du bien-être du MNLA et d’Ansar Dine plutôt que de la souffrance d’un peuple tout entier ? Cette position semble servir les intérêts partisans des rebelles, affirme le journal malien.
Les négociations imposées par la communauté internationale semblent se diriger vers une impunité totale pour ces criminels. Comment des actes aussi vandales que monstrueux peuvent-ils rester impunis ? (…) Négocier avec ces meurtriers provoque un réflexe nauséeux chez certains Maliens. Il va sans dire, conclut
Le Combat, que les tractations risquent d’être ardues. La laïcité et le séparatisme du Mali étant non négociables. »
La force : seule solution ?
Analyse similaire pour
La Nouvelle Patrie :
« dans l’esprit de la communauté internationale,déplore le journal,
une intervention militaire sans l’aboutissement de négociations avec les deux groupes rebelles que sont le MNLA et Ansar Dine, s’assimile encore une fois à la réédition d’un massacre contre les Touaregs, traités ainsi depuis bien des années. Voilà où réside l’un des talons d’Achille de la communauté internationale qui l’amène depuis un certain temps à mettre en priorité les négociations avec ces deux groupes, mais qui, dans le même temps, refuse de comprendre que le combat du MNLA relève purement et simplement de la démagogie identitaire et de la surenchère. »
Du coup,
Le 22 Septembre, autre journal malien, en appelle aux autorités de Bamako.
« La diplomatie malienne est inaudible, inactive et sans vision. Elle n’a entrepris aucune action, aucune offensive de charme envers les membres du Conseil de sécurité pour leur expliquer les réalités de la question touarègue et les efforts évidents entrepris depuis 20 ans pour l’intégration effective des "hommes bleus" dans tous les compartiments de la vie sociopolitique de notre pays. (…) La diplomatie malienne doit se mettre immédiatement au travail, conclut
Le 22 Septembre, pour renverser la tendance qui se dessine à New York, une situation humiliante pour le peuple malien, qui attend incessamment l’autorisation du Conseil de sécurité pour l’emploi légal de la force militaire. »
rfi.fr/ 04/12/2012