Le Mali à la croisée des chemins : Les feux au rouge !

Peut 30, 2020 - 06:14
Peut 30, 2020 - 06:12
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Le Mali à la croisée des chemins : Les feux au rouge !
En ces heures si particulières, le pays se surchauffe. Rien ne va, du tout, du moins, rien ne semble aller. Tant nous sommes pris dans un halo de mécontentement généralisé et de contestations tous azimuts. Partout, ça gronde, partout ça grogne. Qui, pour une revendication syndicale, qui, à cause d’une frustration issue des dernières législatives, qui contre le zèle de policiers égarés. Bref, le chapelet d’exemples est long à égrener. Du coup, notre pays coincé dans ce tournant tumultueux de sa marche, plonge le citoyen dans des conjectures sans fin. Vers quel rivage inconnu pagayons-nous ? Le malaise social s’alourdit au fil des évènements. Et chaque fois, le peuple s’enrhume au pied du mont Koulouba et regarde d’un air méchant le pouvoir qui y est royalement installé. Grand paradoxe, ce pouvoir ne semble s’en émouvoir. Tout au contraire, l’attitude qu’il adopte, ne rappellent–elle pas la maxime populaire « le chien aboie, la caravane passe ». Ou encore, celle du tristement célèbre Blé Goudé en Côte d’ivoire, qui, au plus fort de la crise, disait toujours : « il n’y a rien en face ». Gravissime négligence est –on tenté de dire. Voyez, dans quel contexte, la nouvelle Assemblée Nationale a fait sa rentrée. Est-elle l’émanation du peuple ? Vraiment ? Et pourquoi toute cette révolte venant de Sikasso, où on a tiré à balles réelles sur les manifestants ? Les mêmes grondements nous parviennent de Bougouni, de Kati, des Communes I, V et VI. A peine installée, cette Assemblée est vouée aux gémonies. Voyez encore, le bras de fer entre le pouvoir et les enseignants. Et cela depuis longtemps. Diantre ! On veut contraindre les dépositaires du savoir, devenus les dindons de la farce, à marcher sous les fourches caudines d’un pouvoir injuste face au traitement des problèmes qui lui sont posés. Vont-ils accepter ? Pour l’heure, ils sont arcboutés dans une position de refus. Au gouvernement de respecter ses engagements. Tous les corps socio- professionnels, ou presque, ont débrayé, les magistrats, la santé et même certains du pouvoir régalien comme les policiers. Voyez également, le problème des avions de combats cloués au sol sans jamais avoir à livrer bataille. Leur place aujourd’hui, c’est le musée national. Ces engins ont couté toute une fortune au contribuable. On a beau s’égosiller à cor et à cri pour qu’on fasse la lumière sur leurs achats. Rien. Le pouvoir bloque des deux mains la boite à pandore. De bonne guerre, car, si cette boite s’ouvre, beaucoup de crabes seront pris. Ce n’est pas tout. On n’a parlé d’un coup d’Etat concocté par un certain Seyba et autres, avorté par la Sécurité d’Etat. Si tentative de coup il y a eu, notre Sécurité d’Etat ravirait la vedette à l’applaudimètre. Mais, attention ! Cela n’est-il pas une autre pièce qui vient corroborer le mécontentement général ? Un autre fait, ce serait un crime de lèse-majesté d’oublier l’enlèvement de Clément Dembélé, ce combattant acharné de la lutte contre la corruption. Sa dernière sortie dans un appel quelque peu musclé a-t-elle dérangé ? Et qui ? Aujourd’hui, le pouvoir ne semble se douter de rien, du moins, pratique la politique de l’autruche, face à ces remous sociaux. Pourtant, tous les feux de signalisation sont au rouge. L’eau verse de tous les trous de la jarre percée.   Ceci expliquant cela, le courroux du bouillant chef religieux Haïdara vient, à point nommé, faire des vagues. Bien avant, le très charismatique Mohamed Dicko avait fait bouger les lignes ici. Un premier ministre a payé le lourd tribut d’un système qui ne plait plus. Il a été chassé comme un malpropre. Voilà le Mali d’aujourd’hui, le Mali d’IBK. Et tout cela, dans une situation abracadabrante, où on apprend, tous les jours que Dieu fait, la mort d’un de nos soldats au front, face à une rébellion qui n’a plus peur. Cette rébellion déploie ses tentacules, non plus au nord seulement, mais aussi au centre. L’enlèvement de Soumaila CISSE est, on ne peut plus parfait comme illustration. Vivement le courage du pouvoir à appeler tous les fils du pays à assembler leurs mains, pour boucher les trous de la jarre percée. Cette maxime du Roi Ghézod’Abomey trouve son écho dans notre cas actuel. Ainsi, il y va du salut de notre grand Mali.    Daba TOGOLA ( Esaire Ten)           

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