Le maître mot du putsch intervenu au Mali, le 22 mars est : Condamnation. C’est de bonne guerre que la France condamne avec une certaine communauté ce coup d’Etat militaire, perpétré par des jeunes soldats du camp Soundiata de Kati.
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/03/ATT-3.jpg)
En 2002, contre toute attente la France a imposé aux Maliens le général à la retraite, Amadou Toumani Touré, président de la République.
Malgré les rapports des services de renseignements français défavorables à une avancée démocratique, la France a imposé ATT aux Maliens. C’est pourquoi le taux de participation aux élections n’a jamais dépassé les 20%.
La France, affirment ses présidents, n’a pas d’amis, mais des intérêts sur le vieux continent. Alors vous comprenez aisément leur raison à nous imposer un président démocratiquement mal élu. Ce que la France oublie, on ne peut pas faire de coup d’Etat en Afrique sans leur aval.
Alain Juppé a quitté le Mali début mars. En Octobre 1968, Jacques Foccart séjourne à Bamako et le 19 novembre de la même année, il y a eu le coup d’Etat. Dernière illustration française, le diplomate français résident à Bamako est le premier diplomate reçu par le président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDR).
La condamnation du putsch par la France en est une de façade. L’élection du président Amadou Toumani Touré en 2002 a mis au grand jour l’amplification de la corruption, les détournements de deniers publics et des nombreuses aides publiques.
ATT a gardé les mêmes pratiques qu’Alpha Oumar Konaré en y ajoutant l’impunité systématique. Il n’y a plus de sociétés et entreprises d’Etat au Mali. Tout a été bazardé aux multinationales françaises Bouygues, Bolloré et Canadiennes (IAMGOLD). ATT a ouvert le Mali aux investisseurs étrangers.
Conséquences : misère et désolation. Appauvrissement continuel pour les uns, enrichissement fulgurant pour les autres. Environ 400 milliards de FCFA volés des caisses de l’Etat.
Le coup d’Etat du 22 mars 2012 était annoncé depuis 2006 dans le livre ATT-CRATIE : La promotion d’un homme et de son clan. Cet ouvrage qui est le fruit de trois années de collecte d’informations, de questionnements, de discussions, de recoupements, d’observations, de lectures, de constats et de témoignages, est un éclairage sur le pouvoir du général ATT, sur l’homme, ses proches d’où le titre «ATT-CRATIE».
Le contexte politique moins luisant du Mali d’aujourd’hui, voire le déclin de la démocratie malienne depuis un certain 8 juin 2002 à amener certains observateurs à penser qu’il y a urgence à alerter les Maliens par une telle publication.
Autres raisons qui justifient cette urgence, c’est que l’auteur voulait, en républicains attiré l’attention des Maliens afin que la rupture ne soit pas brutale. Aussi par patriotisme et par décence, cette publication dénonçait la menace qui planait sur la démocratie. Incitait le peuple à l’intimidation et à la violence.
Non à l’inaction ! Notre analyse sur la culture de la médiocrité et l’ascension des moins méritants consistait à présenter, apprécier les faits, et nous méritants à nous interroger.
Quant aux Américains, ils n’ont pas de leçons à nous donner en matière de démocratie. Les Maliens doivent savoir que les Américains ont à leur actif les plus grands dictateurs d’Afrique et sont leurs collaborateurs.
A titre d’exemple : l’un des meilleurs amis de Mobutu fut George Bush père. Les Américains ont élu par forceps Ellen Sirleaf Johnson présidente du Liberia. Les maux d’Afrique ne s’expliqueraient que par un seul mot : la France. Le Mali n’a aucune leçon à recevoir de la France. C’est elle qui est derrière la rébellion touarègue. ATT, élu président en juin 2002, a laissé choir ses parrains Américains (Bush) et Français (Chirac) au profit de Kadhafi.
D’où la colère de l’Oncle Sam et du père colonisateur de Gaulle. Si la France veut, les armes vont se taire dans le Nord dès aujourd’hui.
Invité récemment par le Parena à participer à la concertation sur la crise du Nord Mali, l’ambassadeur de France au Mali n’a-t-il pas qualifié notre concensus de façade ?
Amy SANOGO