Dans un entretien qu’il nous a accordé, le Ministre de la Communication, le Doyen Manga Dembélé, rassure et demeure ferme par rapport aux gars du MNLA qui parle de négociations. « Nous ne pouvons pas parler de négocier avec des gens qui ne se reconnaissent pas maliens ! ». S’agissant de l’avancée des islamistes, le Ministre Dembelé est on ne peut plus clair : « Ils ne peuvent pas atteindre Bamako ». Parlant de la France, le porte-parole du gouvernement remercie ce pays ami ainsi que les pays qui viennent intervenir au Mali.
« Les islamistes retourneront d’où ils sont venus », dixit Manga Dembélé.
Mali Demain : Est-ce que la presse a droit de cité en cette période?
M. Manga Dembelé : Nous ne cesserons jamais de remercier les hommes de médias
pour leur courage et détermination à faire leur travail. Nous n’avons pas de dimanche puisque le pays est en guerre. Je ne peux pas rester à la maison alors que des confrères ont besoin d’accréditation ! Cela n’est pas admissible.
Mali Demain : D’aucuns disent que n’eût été l’intervention de la France, les islamistes allaient venir jusqu’à Bamako. Que répondez-vous ?
M. Manga Dembélé : Les Islamistes ne pouvaient pas atteindre la capitale puisque des dispositions ont été prises pour parer à une telle opération trop périlleuse. Nous savons qu’il n y a pas de sécurité zéro mais notre dispositif sécuritaire est tel que sera difficile que l’ennemi le traverse sans être appréhendé. Nous n’avons pas d’inquiétude sur ce point. Et l’état d’urgence a été décrété pour permettre aux autorités de prendre des mesures légales. Il ne s’agit pas de couvre-feu.
Quant à l’intervention de la France, nous nous réjouissons et remercie ce pays ami. Vous avez vu la reconnaissance du peuple malien pour ce geste combien important.
Mali Demain : Quel commentaire faites-vous de la situation à Diabali ?
« Les combattants islamistes qui se trouvent sont des fuyards »
M. Manga Dembélé : Les combattants islamistes qui se trouvent ne sont autres que des fuyards en débandade après que leurs bases aient été détruites par l’aviation. C’est une manière pour ces gens là d’échapper à la mort puisque la frontière mauritanienne est fermée, ils ne peuvent que chercher refuge là où ils se trouvent et ne tarderont pas à être déloger.
Mali Demain : Que pensez-vous de la débandade des islamistes ?
« Ils retourneront d’où ils sont venus »
M. Manga Dembélé : Le Mali se fiche de leur destination. Ils retourneront là où ils sont venus. En tout cas, pas un mètre carré de notre territoire ne restera occupé par ces rebelles. Ils retourneront d’où ils sont venus. Sachez qu’aujourd’hui, demeurer dans ce grand désert, sera difficile pour les rebelles en mal de ravitaillement en nourriture, carburant et munitions. C’est pour cela, la conjugaison des efforts des pays du champ (Algérie, Mauritanie, Niger) est plus que nécessaire et obligatoire. Nous osons croire que ces pays collaboreront pour que nous chassions ces terroristes de notre territoire puisque la menace est grave et très sérieuse. En tout cas, nous croyons jusqu’à preuve du contraire à la Mauritanie, à l’Algérie ; surtout, qui vient d’autoriser aux avions français le survol de son territoire et a même fermé sa frontières. Avec ces différentes mesures, il sera difficile aux rebelles de se ravitailler. Les jours à venir seront encore plus difficiles pour eux. C’est fort de tout cela que nous apprécions la position d’Alger et de Nouakchott et prenons acte des dispositions prises.
Mali Demain : Pourquoi la réquisition des véhicules de l’Etat et des ONG ?
« L’état d’urgence exige cela »
M. Manga Dembélé : Cela est tout à fait normal puisque nous sommes en guerre et l’état d’urgence exige que nous trouvions des moyens pour appuyer notre armée. Une logistique pour aider nos soldats.
Mali Demain : Quand est-il de la formation de l’armée ?
« La formation et l’équipement de l’armée se poursuivront même avec la guerre »
M. Manga Dembélé : Elle se fera car c’est le terrain qui commande comme disent les militaires. Mais le programme initial de formation et d’équipement de l’armée est toujours d’actualité. Rien n’a changé et ne changera. Nous allons être toujours actifs parce que nous devons continuer à former nos hommes, les équiper. Les équipements de l’armée continuent à venir. Et toutes les actions sur le territoire seront coordonnées par nos hommes qui sont confrontés aux réalités du terrain.
Mali Demain : Quand est-il de l’arrivée des troupes de la CEDEAO ?
« Nous sommes d’accords pour une aide logistique »
M. Manga Dembélé : Il est vrai que des citoyens sont hostiles à leur arrivée. C’est leur droit mais il se trouve que le Mali est membre fondateur de la CEDEAO. Nous sommes d’accords pour une aide logistique. Nous nous inscrivons dans la dimension officielle et légale. C’est l’Etat qui a sollicité la CEDEAO. Les avis des citoyens sont normaux mais l’Etat ne tergiversera pas sur l’appui de cette organisation sous –régionale dont le Mali est membre fondateur.
Nous ne faisons pas autre lecture sur ces appuis de la CEDEAO.
Mali Demain : Et l’avis du peuple, que faites-vous de cela ?
« Nous sommes tenus de nous soumettre aux règles de la CEDEAO… »
M. Manga Dembélé : Nous le respectons mais je rappelle que l’Etat a signé des engagements que nous devons respecter. La CEDEAO a ses principes et règles aux quels nous devons nous soumettre. Aujourd’hui, il y a unanimité sur cette décision d’envoi de troupes au Mali.
Mali Demain : Selon nos informations, il y a des cellules dormantes des islamistes à Bamako et dans certaines villes du pays. Que répondez-vous ?
« Nos services de sécurité et de défense sont opérationnels »
M. Manga Dembélé : Si nous sommes au courant, nous les démantèlerons sans hésiter. Nos services de sécurité et de défense sont opérationnels pour se faire et arrêtent tout individu suspect. De façon classique, ces services font leur travail. Nous sommes dans un Etat de droit et chaque personne interpelée ou arrêtée, a ses droits qui sont respectés. Après vérification, si l’intéressé ne constitue pas un danger pour le pays, sera relâché. Au quel cas, il sera mis aux arrêts et bénéficiera d’une assistance judiciaire. Nos forces de sécurité travaillent dans les règles et veillent sur les citoyens et leurs biens.
Mali Demain : Comment se présente la situation humanitaire ?
« L’Etat créera les conditions »
M. Manga Dembélé : Il y a un département qui s’occupe de cette situation et travaille d’arrache-pied pour aider les réfugiés qui sont soutenus en fonction de nos moyens. Si la situation est maitrisée, l’Etat créera les conditions pour que ces milliers de familles retournent dans leurs villes et villages.
Mali Demain : Pendant que l’armée appuyée par nos amis se bat au front, les initiateurs du MNLA parlent de nous aider. Quel commentaire faites-vous ?
« Nous sommes prêts à parler avec des maliens… »
M. Manga Dembélé : Les déclarations du MNLA d’aider la France et le mali, n’engage qu’eux. Nous n’avons engagé aucun dialogue avec ce mouvement. Nous sommes prêts à parler avec des maliens pas avec des gens qui ne se réclament pas de nous. Et lorsqu’ils reconnaitront qu’ils sont maliens, le dialogue sera possible. Nous les écouterons et verrons ce qui est possible d’être négocié. D’ici là, leurs déclarations n’engagent qu’eux. Personne ne peut nous obliger à négocier avec des gens qui ne se reconnaissent pas maliens. Aussi, l’intégrité territoriale du Mali, n’est pas négociable.
Propos recueillis par Bokari Dicko