C'est le message fort que le ministre d'Etat français aux Affaires étrangères, Alain Juppé, a livré aux plus hautes autorités de notre pays lors de sa visite, hier, à Bamako, après un périple qui l'avait auparavant conduit au Benin et au Burkina Faso. Pour le ministre d'Etat français, " il n'y a pas de solution militaire dans ces affrontements ". Il a aussi apprécié l'attachement du président de la République du Mali " au respect du calendrier électoral ". Finies donc les incompréhensions entre Paris et Bamako sur le lourd dossier de la crise au nord-Mali ?
La visite de quelques heures, dans notre capitale, du ministre d'Etat français aux Affaires étrangères, Alain Juppé, a tenu toutes ses promesses. En effet, suite à la résurgence du conflit au nord Mali et à la facilité avec laquelle les représentants des bandits armés en France avaient accès aux médias publics de l'Hexagone, les Maliens, dans leur écrasante majorité, avaient fini par penser que le président français, Nicolas Sarkozy, avait un penchant pour les traîtres et les apatrides du MNLA.
Dont des leaders, rappelons-le, avaient été reçus au Quai d'Orsay. Même si, c’est vrai, cette rencontre avec les diplomates français avait eu lieu avant que les bandits armés ne s'attaquent à nos militaires en poste dans le septentrion.
Suite à ce comportement des officiels et des médias français, certaines personnes sont allées jusqu'à voir une main invisible derrière ces bandits armés soutenus dans leurs abominables oeuvres et les éléments d'AQMI qui écument le septentrion en semant, par-ci par-là, la mort et la désolation. Après cette visite d’Alain Juppé et les propos qu’il a tenus, il n'y a donc plus d'équivoque: la France soutient le Mali dans la défense de son intégrité territoriale. Aux dires du ministre d'Etat Alain Juppé, il est "
venu exprimer l'attachement de la France à l'unité et à l'intégrité territoriale du Mali. Pour nous, c'est un principe absolument fondamental et à aucun moment nous n'avons varié sur cette ligne-là. Deuxième message, c'est que, il n'y aura pas de solution militaire dans ces affrontements, et qu'il faut donc prendre la voie du dialogue politique aussi inclusif que possible avec tous ceux qui doivent s'asseoir autour de la table et le Président du Mali à tout à fait confirmé que c'était son intention. Je crois que c'est d'abord la responsabilité des autorités maliennes de le faire, mais des médiations peuvent être utiles, nous en avons parlé avec nos amis algériens, nous en avons parlé aussi avec le Président Compaoré hier,(le samedi,dernier ndlr)
avec la CEDEAO, l'UA, donc nous sommes disponibles nous aussi pour aider ".
S'agissant de l'organisation des élections de 2012 dans notre pays, Alain Juppé dit qu'il souhaite "
que le calendrier électoral soit respecté. Le Président Amadou Toumani Touré a joué un très grand rôle dans la transition démocratique ici dans ce pays et je pense qu'il est très attaché au respect du calendrier constitutionnel. Ces élections doivent avoir lieu à la date prévue et sur l'ensemble du pays y compris au nord et je crois que là aussi nous avons une convergence de vue absolue. Voilà ce que nous nous sommes dit. J'ai bien conscience que la situation est difficile mais la France est plus que jamais du côté du Mali pour l'accompagner et trouver une solution ".
Répondant aux critiques adressées à la France sur son soutien présumé aux bandits armés, Alain Juppé a déclaré : "
D'abord je ne comprends pas très bien le procès d'intention qui est fait à la France par une partie de la presse ici. Notre position que je résume est très claire, nous n'avons jamais mis en cause, je le répète, l'unité et l'intégrité territoriale du Mali. S'il suffisait de demander le dépôt des armes et si cet appel était entendu ce serait parfait. Mais si l'on s'enferme devant cette vision des choses, si l'on continue à aller vers des affrontements, il n'y aura pas de solution et d'ailleurs je suis en parfaite harmonie avec le Président du Mali sur ce point. C'est un dialogue politique qui peut permettre de s'en sortir et pas une confrontation parce que à ce moment-là les conséquences pourraient en être très graves, non seulement sur le Mali mais sur la région aussi. Les réfugiés sont nombreux maintenant dans les pays limitrophes du Mali. Il faut sortir; je pense de cette logique-là et ce qui m'a rassuré c'est que c'est exactement l'approche du Président Touré ".
Par rapport à une éventuelle table ronde avec les bandits armés- ce qui leur donnerait incontestablement une certaine légitimité- le ministre français a déclaré: "
Est-ce que vous connaissez dans le monde un seul exemple de situation dans laquelle on fait la paix sans parler à ses adversaires ? Evidemment il faut parler négociations, nous ce qui nous paraît absolument à écarter c'est la négociation avec les terroristes. Donc nous avons depuis très longtemps dénoncé le danger d'AQMI qui s'est renforcé au cours des derniers mois. J'ai exprimé aussi les condoléances de la France au Président après les évènements épouvantables d'Aguelhoc. Donc, pour nous il n'y a aucune espèce d'ambiguïté, le terrorisme est l'adversaire numéro un et AQMI nous menace nous aussi directement. J'ai une pensée aussi pour nos otages qui sont toujours prisonniers d'AQMI. Voilà la ligne si vous voulez rouge, à ne pas franchir, mais pour le reste il est bien évident qu'il y a des questions qui se posent au nord Mali et que ces questions doivent être abordées. Ce n’est pas à la France de se mettre en première ligne. Ce n'est pas à nous de négocier, ce n'est pas à nous de proposer des solutions dans ce domaine.
Nous pouvons simplement être en appui et en médiation, mais un dialogue inter-malien est absolument nécessaire ". Comme on le voit, il appartiendra toujours au président ATT de proposer des solutions de sortie rapide de cette crise qui pèse telle l'épée de Damoclès sur le processus électoral mais aussi et surtout sur la quiétude des populations. Tant du nord que des autres régions du pays. Le temps presse. De ce fait, il faudra vite trouver une solution.
Mamadou FOFANA