Pour le président du parti Convergence africaine pour le renouveau (CARE Afriki Lakuraya), Cheick Boucadry Traoré, la crise dans laquelle le Mali se trouve plongé depuis le 22 mars 2012 est, certes grave, mais elle ne doit pas pousser les acteurs politiques à aller hâtivement vers des portes de sortie qui pourraient ne pas éloigner le peuple de la mauvaise politique de gouvernance qu'il vit depuis quelques années. " Si le coup d'Etat est condamnable, il doit permettre au moins de réfléchir à notre destin commun, saisir l'opportunité qui nous est offerte pour ne plus jamais donner l'occasion aux militaires de surgir sur la scène sociopolitique ". Quant à la CEDEAO, estime-t-il, elle doit éviter toute condescendance, n'étant pas le grand-frère encore moins le père du Mali. Il a fait cette analyse de la situation actuelle du pays lors d’un échange, vendredi 29 mars, avec quelques journalistes au siège du parti sis à Badalabougou.
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’’Démocratie abâtardie sans direction, corruption avérée des fonctionnaires, des acteurs politiques qui ont tous fait leur preuve, se battant pour leurs intérêts personnels, pilotage à vue avec négligence des préparatifs des élections de 2012 ; forces armées et de sécurité non équipées ". Ce sont des propos peu amènes du leader du parti du ciwara pour qualifier la situation dans laquelle le Mali vivait depuis un moment. Ce qui, à l'en croire, a pu pousser les militaires à se révolter occasionnant les derniers événements.
«Pourquoi les partis politiques ont pris récemment des milliards (ndlr au titre du financement public) alors que le pays est en guerre au Nord avec un sous-équipement notoire de nos troupes ? Pourquoi la CEDEAO ne tient-elle pas compte du contexte malien pour se livrer en donneur de leçon ? Elle a un rôle à jouer dans la crise malienne ; mais elle doit adapter ses politiques au contexte sociopolitique national. La CEDEAO n'est pas le grand-frère du Mali, encore moins son père " . Elle doit ouvrir les portes du dialogue à l'endroit de tous les acteurs sans exclusive, y compris les militaires. L'organisation ouest-africaine doit être, selon lui, dans un rôle de médiateur, de facilitateur pour un retour serein à une vie constitutionnelle normale. «Nous sommes des républicains et des démocrates. Nous ne pouvons pas soutenir un putsch». Mais, a-t-il laissé entenbdre il n’est pas bon de jeter l'anathème sur les Maliens qui ont, à un moment donné de l’histoire commune, voulu faire changer , à leur manière, les choses.
A propos des sanctions contre le Mali, Cheick Boucadry Traoré dira que «c'est absolument choquant d'entendre que le Burkina Faso, la Guinée ont fermé leur frontières avec le Mali ; tellement ces pays sont si attachés culturellement, socialement au Mali», a-t-il souligné.
Rappelons que concernant la situation au nord-Mali, la CARE avait adressé, le 7 février 2012, une importante correspondance au président Amadou Toumani Touré. Une correspondance qui sonnait l’alerte. On pouvait lire dans cette lettre qu’«en échos aux derniers événements dans la partie Nord du pays, les militants et le directoire de la Convergence africaine pour le renouveau (CARE Afriki Lakuraya) en appelant, aujourd'hui, à votre responsabilité de commandant en chef des forces armées et de sécurité et de gardien des sceaux. En toute analyse lucide des réalités et de la situation actuelle, et au-delà des bonnes volontés, s'établit l'évidence : la plus grande disposition au dialogue dont les gouvernements successifs du Mali ont fait preuve, n'a pas pu permettre l'ouverture de l'horizon d'un règlement définitif de la question.
En l'absence de volonté de paix clairement exprimée dans les propos et dans les actes, par les groupes assaillants, les mécanismes sociopolitiques de résolutions se grippent d'année en année créant ainsi une situation d'insécurité permanente et très inquiétante pour les populations du septentrion de notre pays.
A la CARE, notre souhait est qu'il soit mené des actions pérennes associant l'ensemble des acteurs de cette crise afin de proposer une lecture claire et objective de la situation au peuple malien. Ne pas obéir à l'injonction de groupuscules dont les objectifs inavoués sont incompris et inacceptables au regard de notre histoire commune et de notre destin collectif. Ceci est, sans doute, un axe important d'une méthode qui pourrait nous amener à apporter une solution sur le fond.
Les événements du Nord posent de façon dramatique la question de l'intégrité et de la sécurité du territoire national et constituent une menace sérieuse pour la stabilité de notre pays.
A la Convergence Africaine pour le renouveau, sans être opposé à un dialogue fraternel, nous pensons qu'une solution définitive à la question de l'insécurité au Nord passera d'abord par une réaffirmation de l'autorité républicaine de l'Etat.
Nous nous permettons de vous rappeler qu'il est de votre devoir et de votre pouvoir de commandant en chef des forces armées et de sécurité, gardien des sceaux, en conscience et en action, de réunir toutes les conditions afin que notre armée nationale et nos forces de sécurité puissent remplir leur devoir de protection, de maintien de l'unité et de l'intégrité de notre pays. La réussite de cette mission ne saurait être une réalité sans la corrélation dynamique entre une nation malienne solidement ancrée dans ses valeurs, un Etat de droit irréprochable et une justice sociale effective...»
Bruno D. SEGBEDJI