Le retour à l’ordre Constitutionnel : De la démocratie… au ‘’démocratisme’’

Avr 17, 2012 - 18:31
Avr 17, 2012 - 21:54
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En France durant la traque et le siège du terroriste Mohamed Merah, la classe politique française, mettant la campagne présidentielle en pause, a décrété l’union sacrée. Au Mali, au mois de février, l’alliance Mnla-Aqmi-narcotrafiquants et autres islamistes ont occupé des villes et massacré des militaires désarmés à Aguelhok, jetant des centaines de milliers de nos concitoyens sur les chemins de l’exil. Quelle a été la réaction de la classe politique malienne ? « Les élections, et à la date prévue », n’a-t-elle cessé de marteler. Sinon, il y a risque de coup d’Etat, avait prévenu le président de l’Assemblée. Les politiques suggéraient même de faire voter nos compatriotes dans les camps de réfugiés, dans les pays voisins ! Des réfugiés qui ont tout perdu sauf leur miséreuse vie, qui ont faim et soif, qui ont peur : pas grave on leur apportera des urnes sur place ! Cela n’est plus de la démocratie, mais du « démocratisme », une sorte de folie meurtrière pour des élections ! La démocratie comme une fin en soi ! Et patatras ! Le capitaine Sanogo et ses collègues mettent le pied dans le plat ! Ils veulent « redresser la démocratie et restaurer l’autorité de l’Etat » et surtout reconstruire l’armée pour le combat dans les régions du Nord. Tollé général et levée de bouclier de la même classe politique ! Elle mobilise les militants, la CEDEAO et ses maîtres blancs pour faire échec à « la junte. A coup d’approximation et avec l’aide médiatique internationale « la junte » est tenue pour responsable de la prise de Kidal, Tombouctou et Gao, de tous les malheurs présents et à venir. LE RETOUR DE L’ETAT PREDATEUR ET BRIGAND ?  D’après un célèbre éditorialiste, «…tout est au rabais dans ce pays : l’enseignement, la santé, la politique, la gouvernance, la presse, la morale, l’éthique, la justice et fatalement… l’armée ». Précision : c’est bien cette même classe politique qui est responsable de cet abaissement du Mali.  La situation actuelle est la conséquence de sa gestion prédatrice ! C’est cette classe politique prédatrice et brigand qui a laissé entrer des troupes étrangères « lourdement armées » sur le territoire ! Qui les accueillies avec une mallette remplie de francs Cfa ! Qui les a reçues à Koulouba ! C’est encore cette classe politique qui a mis l’armée en lambeaux en vingt ans de « démocratie » ! Nous croyions tous que notre « vaillante armée » était la seconde de la région, juste après celle du Nigéria ! Que dans nos camps il y avait des centaines de Fakoli, de Toura-Makan, de Firun avec des Mig, des « Orgues de Staline », des M16, des Famas, des chars, des hélicoptères-tigres, etc ! Le réveil a été brutal : il n’y a plus d’armée malienne ! Nos « Grands politiciens » l’ont mise en pièces ! Quelle humiliation, quelle honte ! Quelle trahison ! « L’ordre constitutionnel démocratique » ne commandait-il pas à la classe politique, au Président de l’Assemblée (ancien Ministre de la Défense) et aux élus de s’inquiéter, de faire des interpellations dans ce genre de situation ? Où étiez-vous Messieurs-Dames qui appellent aujourd’hui à la résistance contre la « junte » ? Et il faut confier encore le Mali et à ces gens qui ont fait que « tout est au rabais dans ce pays » ? Des gens qui ne parlent que d’élection alors que les deux tiers du pays sont aux mains de troupes étrangères qui violent nos filles, sœurs, épouses, volent, saccagent, et profanent nos Mosquées ? Que signifie le « Retour à l’ordre constitutionnel » ? Prendre les mêmes et recommencer ? Un « Ordre constitutionnel » qui ferme les yeux sur la mort en couche de centaines villageoises est criminel ! Un « Ordre constitutionnel » qui laisse des milliers d’enfants mendier, dormir dans les auto-gares et dès 6h00 du matin tendre la main aux passants de la Tour de l’Afrique au Pont des Martyrs est inhumain ! Un « Ordre constitutionnel » qui repose sur le paiement des millions de francs Cfa pour des concours d’entrée dans les grandes écoles et d’accès à la fonction publique, est immoral ! Un « Ordre constitutionnel » qui accepte que les enfants des seuls pauvres s’entassent par centaines dans les classes des écoles publiques, alors que les dirigeants politiques envoient les leurs à Paris, Londres et Washington, est injuste ! Un « Ordre constitutionnel » qui n’a cure de sa jeunesse, de ces femmes diplômées, dont les dirigeants exploitent sans vergogne, à la limite de l’esclavage, des milliers de petites villageoises, confisquent les terres des paysans et des pauvres, est immoral ? Que dire des crimes économiques égrenés chaque année par le Vérificateur général, mais jamais sanctionnés ! Des marchés publics taillés sur mesure pour les copains, ou vendus aux plus offrants ! C’est bien cela le fonctionnement d’un « Etat prédateur et brigand » où les citoyens appelés  populations par les dirigeants sont sans droit dans leur propre pays, car tous les fonctionnaires « privatisent leur poste de travail » : si vous ne payez pas, vous n’êtes pas servis ! POUR UNE DEMOCRATIE ECONOMIQUE ET SOCIALE « Indignez-vous ! », a dit Stéphane Hessel. Le Capitaine Sanogo et ses compagnons ont eu le courage, la force et le mérite de s’indigner ! A la place du citoyen malien longtemps terrassé et vaincu. Cela nous a fait rêver. Ouf ! Il en reste des « Porteurs de Kulusi » dans ce pays ! Ces jeunes militaires sont la mauvaise conscience de tous les puissants de ce pays. Hélas, c’était trop beau : les puissants restent encore les puissants. Haro donc sur le Capitaine et ses collègues ! Les Bamanan disent qu’au lieu d’en vouloir au point de chute, il faut s’en prendre à l’objet contre lequel l’on a trébuché ! Malheureusement il y a bien longtemps que l’intelligence et le bon sens ont déserté les politiques de ce pays ! Il est évident que la situation actuelle est simplement le résultat de la « représentation ou farce démocratique » jouée par « le microcosme politique » malien, pour lui-même et pour les « PTF » ? Cette « représentation », il est vrai, lui rapporte gros, voire très gros (Gros 4X4, villas, comptes bancaires garnis, terres, etc.) Au nom de la défense de vos intérêts vous avez tout fait pour un « retour à l’ordre constitutionnel », sans engagement ferme à mettre du contenu économique et social dans votre démocratie politique. Sans ce contenu économique et social aucune démocratie ne saurait être stable pendant longtemps ! Il ne vous reste donc plus qu’à pendre haut et court le Capitaine Sanogo et ses compagnons. Mais le problème ne sera pas résolu, pour autant. Et accrochez-vous bien à vos privilèges : dans 3 ans, 5 ans, 10 ans ou plus, le Sergent-chef Togo ou Diarra viendra sonner à votre porte. Mais lui sera certainement moins enclin au dialogue ou à toute autre forme de convention nationale ! Puissent les Mânes de nos Ancêtres, nos Grands Fétiches rescapés, Bouddha, Dieu et Allah nous guider et nous protéger ! YAYA TOGORA Membre fondateur, COPADEM - France 1991  (Collectif pour la Paix et le Développement au Mali)

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