Fin octobre 2014, Blaise Compaoré, aux commandes du Burkina Faso depuis 27 ans, quittait le pouvoir à la suite d’un
soulèvement du peuple burkinabè. Depuis, l’ancien Président a trouvé refuge en Côte d’Ivoire, pays dont il a obtenu la nationalité en février 2016.
Ces derniers mois, la question du retour de l’ancien chef d’État burkinabè sur sa terre natale – annoncé comme vivement souhaité par lui – a été beaucoup abordée. Ce fut d’ailleurs le cas en juillet, lors du
dialogue politique national qui a réuni l’opposition et la majorité.
Le 21 juillet, le Premier ministre Christophe Dabiré, interrogé sur le plateau de la RTB, la télévision publique burkinabè, a déclaré que les conditions d'un retour éventuel au pays de Blaise Compaoré, s'il en exprimait le désir, seront discutées avec le Président Roch Kaboré.
Dans une lettre adressée à Roch Kaboré en avril 2019, Blaise Compaoré a exprimé à son successeur sa disponibilité à promouvoir la paix et la réconciliation nationale, et lui a surtout proposé son aide dans la lutte contre le terrorisme qui depuis 2015 a occasionné des centaines de morts au Burkina et
une urgence humanitaire sans précédent.
Certains observateurs estiment toutefois que la nostalgie et l’intérêt de l’ancien Président Blaise Compaoré d’être utile à sa patrie ne sont pas les seules raisons qui sous-tendent son intention de renter au pays.
Sa volonté de rentrer d’exil, en effet, s’expliquerait aussi par son désir de quitter la Côte d’Ivoire qui avance résolument vers la présidentielle de 2020 qui s’annonce incertaine avec des risques de conflit, mais surtout, en raison des tensions apparues depuis 2018 entre ses deux soutiens, le Président ivoirien Alassane Ouattara et l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro.
Interrogé par Sputnik, Achille Tapsoba, premier vice-président chargé des questions politiques du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP, parti fondé par Blaise Compaoré), estime que le souhait de Blaise Compaoré d’exil n’est pas lié à la situation en Côte d’Ivoire.
Sputnik France: Le Président Blaise Compaoré souhaite-t-il vraiment rentrer d’exil ?
Achille Tapsoba: «De mon point de vue, tout exilé a toujours envie, pour une raison ou une autre, de revenir dans son pays d’origine. Le problème est que, si les raisons pour lesquelles vous avez quitté votre pays demeurent, les conditions ne sont donc pas favorables pour votre retour. En ce qui concerne le président Blaise Compaoré, je sais, personnellement, qu’il a toujours cet attachement à son pays, qui me convainc qu’il a certainement besoin de revenir pour contribuer à sa manière au développement du Burkina Faso. Quant aux conditions pour son retour évoquées parle le Premier ministre Christophe Dabiré, cela va de soi. Il est évident que, quand un ancien chef d’État en exil souhaite ou propose son retour au pays, certaines questions seront discutées avec l’actuel Président. C’est à ce dernier de mesurer l’ampleur de la situation, d’aménager les conditions aussi bien objectives que subjectives pour permettre ce retour. Nous avons notamment vu ce cas en 2017 au Mali avec les Présidents Ibrahim Boubacar Kéita et Amadou Toumani Touré.»