Le spectre d'un conflit armé plane entre le Maroc et l'Algérie

Tweets à balles réelles
Pour l'instant, la seule réaction connue est diplomatique, avec les messages adressés jeudi 4 novembre par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, aux principales organisations internationales (ONU, Union africaine, Ligue arabe et Organisation de la coopération islamique), pour rappeler «l'extrême gravité» et le caractère «injustifiable» de l'acte commis contre les ressortissants algériens. Des sources médiatiques pro-gouvernementales ont annoncé cette même journée une réunion extraordinaire du Haut conseil de sécurité (HCS), organe consultatif mais qui s'apparente de plus en plus au véritable centre du pouvoir, qui serait pour une fois élargie aux chefs de régions militaires –signe que l'heure n'était plus à la cogitation, mais bien à l'action. Rien n'a filtré, encore qu'aucune source officielle n'a confirmé ni infirmé la tenue d'une telle réunion, laissant la voie libre à toutes les supputations.Silence intrigant
Le silence radio observé durant au moins trois jours par le gouvernement marocain qui a, sur le coup, choisi de s'exprimer sous couvert d'anonymat, a rendu le climat encore plus pesant. «Le Maroc ne se laissera pas entraîner dans une guerre avec l'Algérie», a affirmé mercredi «une source marocaine informée» à l'AFP, reprise par des médias internationaux. «Si l'Algérie souhaite entraîner la région dans la guerre, à coups de provocations et de menaces, le Maroc ne suivra pas», a insisté la même source. Et d'assurer: «Le Maroc n'a jamais ciblé et ne ciblera jamais des citoyens algériens, quelles que soient les circonstances et les provocations.» La presse et la classe politique marocaines ont adopté la même attitude en rejetant en bloc les accusations du pouvoir algérien qu'elles qualifient d'«allégations gratuites», voire d'escalade justifiée par une nouvelle résolution onusienne adoubant l'option d'autonomie que défend le Maroc au Sahara occidental. Mais il apparaît clair que le gouvernement marocain ne veut pas trop médiatiser cette affaire, preuve qu'il a été pris de court. Le roi Mohammed VI, dans un discours diffusé samedi 6 novembre, a éludé la question tout en apportant son soutien à son armée et rappelant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.Les partis algériens en ordre de bataille
Le FLN, sorti brusquement de sa longue léthargie, donne le ton en estimant, dans un communiqué, que l'agression dont ont été victimes les trois routiers algériens était «une déclaration de guerre contre toute Algérienne et tout Algérien». D'autres partis, comme le Front El Moustakbal, Jil Jadid et un conglomérat d'associations ont pondu des communiqués empruntant le même lexique belliqueux, tout en se disant «mobilisés» pour défendre la souveraineté de leur pays et celle de leur peuple. Le spectre d'un conflit armé plane ainsi à nouveau entre les deux pays voisins, près d'un demi-siècle après les affrontements meurtriers de 1975, date de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. Le mot «guerre» n'est plus un tabou depuis ce 1er novembre endeuillé. Un colonel de l'armée algérienne à la retraite, Ahmed Bendjana, interrogé par un journal en ligne, considère lui aussi le meurtre des trois citoyens algériens comme «une déclaration de guerre» contre l'Algérie, ajoutant que «le Maroc, avec un tel agissement, plongera toute la région dans une guerre globale». Le colonel estime que le Maroc a commis «un grave dérapage» et que «s'il a tué des Algériens en réponse au meurtre de Marocains dans le désert mauritanien, et dont on ne connaît pas les auteurs, alors il se rend coupable d'un dérapage très dangereux et aux conséquences incalculables». L'officier à la retraite se dit persuadé que la riposte de l'Algérie sera «très forte».Quelle est votre réaction ?






