Se basant sur la période de la transition démocratique, le peuple malien aurait confié au Général, en 2002, le maximum de suffrages pour une période de 5 ans. Le hic est que d'autres candidats tels que IBK revendiquèrent la victoire et auraient été écartés du pouvoir par les précurseurs tous puissants de Yao Ndré, le président du Conseil constitutionnel à l'ivoirienne, qui proclama deux présidents pour le même scrutin sous l'empire de la force dissuasive. On se rappelle qu'à l'époque, dans un élan patriotique, IBK appela ses partisans et les membres de la coalition politique qu'il dirigeait de mettre le Mali au dessus de leur ambition personnelle. Ainsi, ATT a pu jouir de son soutien entre les deux tours du scrutin présidentiel pour vaincre le candidat de l'Adema, Soumaïla Cissé.
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On se rappelle que l'arrivée au pouvoir de ATT a été planifiée par un président civil, Alpha Oumar Konaré qui ne souhaita pas qu'un des barons de son parti, l'Adema, le remplace à Koulouba, en relation avec ce que nous avions appelé le «
syndrome de la place dans l'Histoire». IBK, en appuyant ATT entre les deux tours, a obéi au même syndrome. Un parti politique forme des adhérents pour assurer l'alternance générationnelle au pouvoir en son sein. Certains gouvernent de cette façon démocratiquement pendant 50 ans et plus avec quelques parenthèses. En France, le Ps a gouverné pendant seulement 14 ans depuis 1958 et dans plusieurs autres pays du monde l'alternance se produit après plusieurs décennies de gouvernance du parti dominant. Au Mali, ce sont donc les démembrements du parti dominant qui forment les principales forces sur l'échiquier politique, Rpm et Urd. Leur union sera porteuse d'une victoire certaine. Mais chaque candidat issu de l'Adema originelle est habité «
du syndrome de sa place dans l'histoire» et n'est mu que par le désir d'accéder au pouvoir suprême.
C'est ce syndrome qui les divisa et permit à ATT d'arriver au pouvoir et de le conserver au scrutin suivant, les autres candidats poids lourds lui ayant fait allégeance, espérant bénéficier de son soutien pour accéder au pouvoir au lieu de compter sur les suffrages des électeurs. Tout se passe comme si nous étions dans un empire avec un système de dévolution monarchique du pouvoir ou plus près de nous, dans un système à parti unique.
Ayant mis ATT au pouvoir, les partis politiques démissionnèrent de leur responsabilité acceptant plusieurs entorses au respect de la norme fondamentale. Ainsi le Pm nommé par ATT devait obligatoirement venir de l'Adema, par ce qu’elle est le parti ayant la plus grande représentation parlementaire. Non seulement l'Adema a applaudi des deux mains les choix des Pm en dehors de sa chapelle, mais elle se garda d'introduire la moindre Motion de censure. Ainsi la confiance est votée au Pm entrant comme une lettre à la poste, avec jubilation. Quelques fois, seule la coupe impeccable du costume du Pm impétrant suffisait à sa probation par les députés, dans un brouhaha bon enfant. ATT prit la bonne mesure des forces et faiblesses de la représentation nationale composée essentiellement de cadres politiques friands de compromis pour certains, trop nécessiteux parfois et usés pour d'autres et de mercantiles opérateurs économiques en plus et en quête d'adjudication des offres de services de l'Etat, la principale force économique dans nos pays dont le PDG est le chef de l'Etat.
L'Etat est à la fois banquier et entreprise. C'est le plus gros vendeur et le plus gros acheteur. Le patron de l'Etat a donc des pouvoirs exorbitants quela Constitutiontente de modérer, à condition que le PDG de l'Etat soit démocrate. S’il est démocrate, il passe par les membres de son Conseil d'administration pour approuver ces décisions, c'est dire par les députés, ou soumet certaines décisions à l'Assemblée générale, c'est dire au peuple.
ATT n'est pas le démocrate que ces mandats croyaient.
Plusieurs décisions qui engageaient l'avenir de l'entreprise Mali ont été prises seules sans être soumises à l'approbation des administrateurs du Mali que sont les députés. Illustration: les choix budgétaires relativement a l'utilisation des recettes de la privatisation dela Sotelmapour 180 milliards de nos francs et les Accords dits d'Alger qui démilitarisent quasiment le Nord du Mali avec comme conséquence une partition du pays de facto par la rébellion Touareg du MNLA.
Les infrastructures sont elles une réussite? L'avenir le dira. Mais à part celles qui sont issues des dons dela Chinequi ne gonfle pas la dette du pays, les autres, en terme de qualité, poseraient problèmes. Elles n'ont pas été réalisées dans les règles de l'art en raison du choix fait par adjudication par le maître d'ouvrage Mali. Exemple: les routes réalisées sont dégradées à l'issue des premières pluies et les fonds nécessaires à leur entretien sont dévolues à d’autres dépenses dont la traçabilité serait sujette à caution. Bientôt, la guerre va happer les maigres ressources du budget de l'Etat et les fonctionnaires risqueraient fort de ne plus être payés normalement, si l'effort de guerre n'est pas maitrisé au niveau financier. ATT a dit qu'il pourrait prendre tout l'argent du Trésor s'il le faut pour couvrir les besoins de l'armée.
Selon lui, les dépenses faites coûtent 500 millions par mois, soit 6 milliards par an. Comment compte- t- il financer la guerre, le budget de cette année présentant déjà un déficit de 140 milliards FCFA. Le nouveau déficit ne sera pas soutenable et ATT laissera un pays en faillite au nouveau président dela République, quel qu'il soit. Ainsi va le Mali.
Birama Fall