Le secteur de l’éducation n’a pas échappé aux troubles que le Mali a connus au cours de l’année 2012, mais les ordres d’enseignement fondamental et secondaire s’en sont plutôt bien sortis.
Partie pour être l’une des plus troublées, l’année 2012, dans les ordres d’enseignement, a été relativement correcte. Le décor avait été pourtant planté dès le 1er jour de la rentrée scolaire avec un mouvement de grève de 120 h déclenché par le Syndicat national de l’éducation de base (Syneb).
Le secrétaire général du Syneb, Amadou Coulibaly et ses camarades réclamaient l’arrêt du prélèvement sur les salaires et le remboursement des sommes au titre de l’Assurance maladie obligatoire (Amo), l’arrêt du retard chronique dans le paiement des salaires et des abus de pouvoir de certains chefs des organes exécutifs.
Face à la mauvaise volonté manifeste des autorités de l’époque de ne pas respecter leur engagement, la paralysie gagna également l’enseignement secondaire. La Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (Coses), sous la houlette de son secrétaire général, Adama Traoré, a déclenché une cessation illimitée du travail.
La centrale syndicale pour la nième fois revendiquait l’arrêt du prélèvement sur les salaires et le remboursement des sommes au titre de l’Amo chez ses militants. Ce qui avait été accepté par le gouvernement mais jamais mis en application.
Ces différents mouvements de grèves conduisirent le pays à une situation de non école dans les établissements sur toute l’étendue du territoire national, jusqu’à la mi-janvier 2012 pour le secondaire et février pour le niveau fondamental. C’est dans ce contexte de crise que sont survenus les événements du 22 mars 2012. Dans les premières heures de ces événements malencontreux, surtout avec la chute des trois régions septentrionales de notre pays qui a entraîné fermeture des écoles dans ces localités, plus d’un Malien voyait venir une année blanche.
Tel ne fut pas le cas. Quand le putsch est intervenu et avec son corollaire de crises sécuritaire et sociopolitique, l’ensemble des syndicats grévistes ont, dans un élan patriotique et de façon souveraine, suspendu les différents mots d’ordre de grève. Et depuis le mois d’avril, hormis quelques perturbations dues à des querelles intestines entre les dirigeants de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), les choses ont marché de façon plus ou moins normale dans l’enseignement fondamental et dans l’enseignement secondaire.
L’année 2012 a été marquée aussi par la mise en œuvre de l’approche par compétence (APC) à travers de nouveaux programmes en classe de 10e, désormais perçue comme une classe d’adaptation pour l’apprenant, de connaissance de soi. Cela s’est manifesté par la création de nouvelles filières au lycée. Désormais les classes de 10e lettres et sciences d’antan font place nette seule classe, appelée 10e commune.
Pour pallier le retard accusé dans l’exécution des programmes, les autorités de la transition ont pris certaines décisions qu’il convient de qualifier d’historiques. Au nombre celles-ci la prolongation de l’année scolaire jusqu’en fin juillet et surtout l’organisation d’une session spéciale à l’intention des candidats déplacés du Nord qui n’avaient pu subir les épreuves de la session de juillet 2012. Il faut aussi noter l’organisation des cours de soutien à l’intension de ces candidats pour qu’ils puissent avoir les mêmes chances que les autres candidats du pays.
Quid du supérieur ?
Les grèves dans le supérieur sont désormais récurrentes depuis des lustres. L’année 2012 n’a pas fait exception. Elle aura connu son lot de grèves des deux syndicats du supérieur, le Snesup et le Snec, pour la signature d’un accord datant du 6 mars 2012 portant sur l’alignement du salaire des enseignants maliens sur ceux de la sous-région, ainsi que
« l’amélioration » de leurs conditions de travail. Des points qui, depuis 2009, ne trouvent pas pleine satisfaction.
Malgré la crise occasionnée par les événements de mars 2012, des enseignants ont toujours pris l’université en otage. Entre-temps, le département a mené des actions salutaires pour le secteur. Notamment, l’extension du campus de Kabala grâce à une aide de la Chine de 35 milliards de F CFA, la rénovation de plusieurs campus universitaires…
Le département a encouragé les plus méritants par des bourses d’études. Il a bénéficié d’un supplément de bourses sur le Maroc (50) dont la mise en route avec ceux de la Tunisie et de l’Algérie avaient posé quelques problèmes. Les documents de politique du secteur ont également eu du mal à se mettre en place ou à s’appliquer à cause des événements de mars qui ont fait basculer le Mali dans les difficultés.
Le milieu estudiantin a connu des violences sans précédent. Dans la foulée des événements du 22 mars, Hamadoun Traoré, secrétaire général du bureau de coordination de l’AEEM, fut blessé par balle en plein campus universitaire. Dans cette fusillade, des décès d’étudiants ont été signalés. Le nommé Hamadoun Traoré et certains de ses camarades se trouvent en état d’arrestation depuis le 9 octobre.
Malgré le contexte socio-politico sécuritaire très difficile, les évaluations de fin d’année scolaire 2011-2012 se sont bien déroulées. Dans l’ensemble, les résultats n’ont pas été fameux. Le taux national d’admission pour le diplôme d’étude fondamental (DEF) a été de 36,54 % contre 12, 36 % pour le baccalauréat général et 34,45 % pour le bac technique, 24,48 % respectivement 49,45 % pour les brevets de technicien (BT1 et BT2), 19,86 % pour le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap).
S’agissant de la session spéciale, le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats ont été catastrophiques. Les taux d’admission sont : 3,35 % pour le DEF, 9,27 % et 0 % respectivement pour le bac général et le bac technique, 11,11 % pour le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap), 2,55 % pour le BT1, 22 % pour le BT2.
Diakaridia Sanogo
Aminata Traoré