L'écriture au prétoire : Les œuvres d'un magistrat à l'honneur

Nov 1, 2013 - 00:53
Octobre 31, 2013 - 18:00
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[caption id="attachment_177134" align="alignleft" width="300"]Léon Niangaly Léon Niangaly[/caption] Dans le cadre de la promotion de la lecture comme facteur de développement au Mali, nous nous sommes intéressés aux œuvres du magistrat Léon Niangaly, conseiller à la Cour d'Appel de Bamako. Ce natif de Koro (cercle de Bandiagara) a commencé à tremper la plume dans l'encre dès sa tendre enfance. Très passionné de lecture et imprégné des us et coutumes de son terroir, il finit par accoucher ses premiers vers pour ensuite s'adonner à l'écriture des contes de son milieu d'origine. Inspiré par le Togouna (Lieu de rencontre chez les dogons), il est parvenu à faire quatre publications. Parmi ses publications, il y a le recueil de poèmes « Chant pour chant », « Peu importe le chant », « Les contes du Togouna », « Les divinations du renard ».   Dans notre critique de ses œuvres, nous allons d'abord éplucher « Chant pour chant » Ce recueil de poèmes de 74 pages, édité aux éditions Jamana en 1994, marque ses premiers pas dans l'univers des écrivains. Dans ce recueil, Léon Niangaly trouve son inspiration chez la femme qui donne la vie et la lumière.     La préface faite par Titia Singaré, homme de lettres permet de camper le décors. Celui-ci dira à la page 6 ceci : « Cela dit, un mot, un seul mot caractérise le recueil « Chant pour chant » : originalité. En effet, le texte de Niangaly se démarque nettement de ce à quoi les livraisons poétiques des jeunes poètes négro-africains nous ont habitué : l'engagement qui finit par étouffer l'art, le message qui l'emporte sur l'impression. Ici, rien de cela. Certes, Niangaly ne fait pas de « l'art pour l'art ». Il sait que l'une des fonctions du poème est d'exprimer les aspirations du poète comme le donnent à constater ces vers qui terminent le poème Chant d'extase :     Je veux un passage de greniers   Traversé de paroles arborées   Rire de ma flore à toute faune repue.     Mais, par-delà l'engagement, c'est l'art qu'il privilégie sachant que l'engagement ne peut convaincre que sous-tendu par la puissance suggestive et la musique des mots. Le poème tire sa pertinence et sa pérennité, moins de ce qui est dit que de la manière de la dire ; d'où le vœu du poète, à la fin de la pièce :   Chant mémorable   Que ma ritournelle     Ne soit une cavatine     Mais chant de délire de foule   Clamé par l'aurore. En définitive, l'originalité de « Chant pour chant » résulte de trois facteurs : la spontanéité, la simplicité et la sincérité. Niangaly ne commence pas par se fixer un objectif à atteindre se situant hors de poésie. Il ne s'impose pas de corset, ne privilégie pas tel thème au détriment de tel autre. Modeste, il ne se veut ni « prophète », ni « mage », ni « démiurge » encore moins « rêveur sacré ». En définitive, par-delà les thèmes, Léon Niangaly apporte un souffle nouveau à la poésie malienne. Les préoccupations de la cité ne lui sont pas étrangères, mais, dès son premier recueil, il a compris un chose : « l'art n'est d'aucun parti », il se suffit à lui-même... ». Ensuite, l'étude de l'ouvrage nous révèle qu'il est composé de 65 poèmes traitant les gloires et les déboires de l'homme, la femme et ses vertus, le ciel et la terre et bien d'autres réalités du Seno (terroir dogon). La remarque pertinente qui se dégage   aussi dans « Chant pour chant », est cet attachement de l'auteur à son milieu d'origine qui l'a tant émerveillé. « Chant pour chant » est non seulement une source d'inspiration mais aussi le retour à la source pour ne pas s'égarer. Du coup, l'auteur nous rappelle la fameuse citation du philosophe grec Socrate : « Connais-toi toi-même, tu sauras la vérité ». De ce fait, nous invitons les uns et les autres à lire « Chant pour chant » pour satisfaire leur curiosité intellectuelle. Il est à noter que l'auteur, Léon Niangaly est né en 1952 à Koro au pays dogon. Il a fait des études fondamentales à l'école de sa ville natale. Après les lycées de Badalabougou et de Markala pour les études secondaires de philosophie et de langues, il poursuit des études de sciences juridiques à l'École Nationale d'Administration de Bamako. Magistrat, il a servi comme juge ou procureur de la République dans diverses juridictions de son pays. Actuellement, il est conseiller à la Cour d'Appel de Bamako. Mamadou Macalou Extraits : « Chant pour chant »   Femme, terre, amour, mère Femme J'ai humé ta sueur chaude Senti la saveur de tes seins de termitières dans un lit d'hivernage drapée d'herbes hautes et d'épis de gloire femme désirée par-delà les tabous des saisons Femme, rêver un jour et te dévoiler mes instincts inceste, amour ou désir maternel au point de mon extase Terre, j'ai joui à ton chevet   éjaculant mes mots dans ta vulve de prairie   tes lèvres gonflées d'eaux douces dans tous tes fantasmes   ton murmure, tes cris et tes soupirs au bout de ma virilité   Femme, un soleil d'inceste   m'étreint les reins   Quel philtre utiliserai-je   pour mes désirs nus J'ai besoin ce jour de partager ton alcôve   Dans quel lit le ferai-je pour combler une saison ?     Le Chant des chameliers Un chant des chameliers   M'élit une oasis   Où germent des palmiers Germeront des sourires   Des visages ensablés   Comme plate-bandes au soleil   Lustres de nos mémoires   Un chant des caravaniers   Me hisse sur un méhari   De Tombouctou à Araouane   J'irai à Sidjilmassa   Par la Route des Chars Comme un chemin de Damas   Sur la Route des Chars   De Tombouctou à Araouane   J'ai lu un parchemin Tous les risques du désert   Les sévices des chansons   Quelle bataille ?   (A Abdrahamane Dama)   Je mors la terre vierge   pulpe de mangue verte   mais je crains encore   la colique des champs   des fruits non mûrs de mes vertes années     Mes pouls battent   au rythme des saisons   les chutes de Gouina   Quelles idées vagues   me surplombent en pentes abruptes   Collines de Sangha   ne pouvant m'abriter   Mon cœur lance des flèches   fatales pour Soumangourou   Quelle bataille de Kirina   Laquelle de Tondibi   font ruer vers moi des buffles de milles saisons !     Poèmes « Peu importe le chant » suivi de « Poèmes pour Ina » L'ancien premier ministre du Mali, Modibo Keïta a dit que la lecture est un investissement pour l'équilibre futur. Il ne faut jamais laisser le cerveau se rouiller ». Cette pensée se situe en droite ligne des idéaux du magistrat Léon Niangaly. Ce juriste chevronné, amoureux des belles lettres, continue d'émerveiller ses lecteurs. A chaque fois qu'il se retranche, il ressort requinqué avec des manuscrits de hautes factures. Dans son recueil de poèmes, « Peu importe le chant » suivi de « Poème pour Ina », un ouvrage de 57 pages, publié aux éditions Edilivres.com en France, Mr Niangaly nous gratifie d'un long chant fait d'espoir et d'inquiétude. Il chante à la manière des aèdes de son terroir, ses amours, ses angoisses, ses inquiétudes, son devenir, ainsi que celui de ses proches. Il évoque certains évènements douloureux qui se sont déroulés dans son pays et dont il a été un témoin oculaire, tant en espérant un avenir radieux. Quand aux « Poèmes pour Ina », ils sont destinés à l'une de ses filles. Cette dernière porte le prénom de sa grand-mère.   Cependant, dans « Peu importe le chant », l'auteur a écrit un long poème de la page 9 à la page 39. Écrit dans une aisance totale avec les tournures de la langue de Molière, « Peu importe le chant », est l'envolée lyrique vers d'autres destinations. Sitôt un vers finit, l'auteur nous épate avec d'autres vers. Tan disque que « Poèmes pour Ina », il rend hommage à sa mère. De ce fait, l'étude de « Poèmes pour Ina » nous révèle que c'est une compilation de 19 poèmes commençant à partir de la page 39 jusqu'à la page 57. Ces poèmes sont entre autres : Oiseaux de chant, Voleur de poule, Margouillat, Pour Ina, Temps du Seno, Chat et Souris, Nuit noire, Au premier chant du coq, Agneau et pigeon, Ronde des mots, Pauvreté, Rêve d'enfant, Hyène Bergère, Ministres et Ministrables, Fille aux yeux verts, Fille de sept saisons, Lopin de terre, Meilleure saison, Épervier et écureuil. A ce niveau, l'auteur très pétri des us et coutumes de son Seno natal (terroir dogon), peint certaines réalités et pans culturels du milieu dogon. Sur ce, le moins qu'on puisse dire, c'est que l'auteur Léon Niangaly n'est pas aller puiser ailleurs. Il a seulement puisé dans les eaux dormantes de son Seno natal (terroir dogon) pour ensuite jeter l'eau puisée à la face du monde. Souhaitons que ces poèmes servent de source d'inspiration pour beaucoup de personnes.     Il est à noter que l'auteur, Léon Niangaly est né en 1952 à Koro au pays dogon. Il a fait des études fondamentales à l'école de sa ville natale. Après les lycées de Badalabougou et de Markala pour les études secondaires de philosophie et de langues, il poursuit des études de sciences juridiques à l'École Nationale d'Administration de Bamako. Magistrat, il a servi comme juge ou procureur de la République dans diverses juridictions de son pays. Actuellement, il est conseiller à la Cour d'Appel de Bamako. Mamadou Macalou   Extraits : « Peu importe le chant » Les signes du chant, comment entonner la chanson, quand la nuit est noire de mots rares, et nos Dieux Lares, éclatent en sanglots, devant nos jours sans fards ?   Les signes du chant, jamais le temps, ne fut plus austère, jamais le vent, ne fut plus violent, la parole en flambeaux, les mots en lambeaux, le sang en ruisseau, au seuil de ce voyage qui mène aux bourgoutières.   Temps, je suis sourd à ton chant, vent, je rumine tes rumeurs, qui préludent à un voyage, mon viatique, mon chemin de parcours me viendront-ils de l'amante, la fille de Inakounder à la peau couleur de sable ?   Extraits: « Poèmes pour INa »   Pour Ina Sais-tu le temps qu'il fait Maman de tous mes chants ? Veux-tu l'orage de mes mots Ou leur beau temps de mensonges ?   Le soleil luit Quand viendra la lune Je compterais pour toi Les étoiles du firmament Maman de tous mes mots !           Temps du Seno Il y a les vents du Seno Il y a les temps du Gondo Nous ballottons au gré du vent Et grelottons du temps qu'il fait   Il n'y pas que nous-mêmes Il n' y a pas que les nôtres Qui à l'instar des jours qui passent Doutent du parcours des ans     Ministres et Ministrables Ministres et Ministrables Vont vers les prébendes A Koulouba Abidjan Cotonou Irons-nous vers d'autres cieux Nous les laissés pour compte ?   Nous irons sur leur plate-bandes Semer les rancœurs de nos ans Nous irons crier sur tous les toits Notre trop plein d'espérance Pour la survivance des saisons     Lopin de terre Pour un lopin de terre Qui se dessèche au vent Ils se pourfendent aux champs Tous les chefs de terre Les seigneurs de la guerre Nous laissant sans abri Et au gré du mauvais temps.              

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