Élection présidentielle de 2012 : Dioncounda Traoré et Soumaïla Cissé ne sont pas à l’abri de trahisons

Août 28, 2011 - 18:30
Août 28, 2011 - 18:30
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Les pirouettes et peaux de bananes, souvent inévitables dans les processus électoraux, risquent de briser l'ambition et l’élan de plusieurs candidats à l'élection présidentielle de l'an prochain. Le terme de transhumance politique ne désigne-t-il pas  parfaitement l’habitude des politiques à aller à la recherche effrénée d’une prairie plus verte? En d’autres termes, chaque élection présidentielle révèle son lot de «trahisons». Qui seront-ils, alors, les futurs «traitres» ? Combien de «lieutenants» lâcheront-ils leurs mentors de candidats avant le premier ou le second tour pour soutenir un autre prétendant à la magistrature suprême ? De mauvaises langues chuchotent déjà les noms de certains influents vice-présidents de partis et ministres de la République. Pr Dioncounda Traoré et Soumaïla Cissé, IBK et bien d’autres candidats ont donc intérêt à surveiller leurs troupes, si l’on sait que leurs principaux lieutenants font l’objet de convoitise avec à l’appui des promesses mitobolantes, de la part de leurs concurrents.

La gouvernance sous le président Amadou Toumani Touré a été marquée par une propension à l'indiscipline de certains cadres vis-à-vis des Etats-majors de leurs formations politiques.

     Ainsi, lors des réaménagements gouvernementaux, les responsables politiques ont souvent essuyé bien des difficultés pour faire respecter les choix des partis. Des listes et des CV de ministrables envoyés par les partis pour  désigner leurs représentants au Gouvernement ne reçoivent pas le traitement qui se doit… Pendant ce temps, des cadres qui n'ont pas été proposés par leur formation politique peuvent être nommés. Cet état de chose a créé bien des frustrations au sein des organes dirigeants des partis. Il s'ensuit une prédisposition du ministre de se considérer redevable que du premier responsable de la Nation, le président de la République. Que vaut, dans ce contexte, le choix exprimé par le parti ?

      Le phénomène a quelque peu pollué les rapports entre le Chef de l'Etat et certaines formations politiques. L'on évoque les désaccords entre ATT et les dirigeants du CNID-FYT suite au maintien du ministre N'Diaye Bah (alors tout puissant Secrétaire général du parti) à son poste contre l'avis du Comité directeur du parti du soleil levant. Idem pour les ministre Abdoul Wahab Berthé de l'URD, Tiémoko Sangaré de l'ADEMA, Dr Badara Alou Macalou de l'UM-RDA.  Concernant Me Abdoul Wahab Berthé, non moins 1er vice-président de l'URD, la crise de confiance consécutive à ce choix d'ATT n'a-t-elle pas laissé des traces ? Certains observateurs estiment que les rapports entre le ministre Berthé et le mentor de l'URD, Soumaïla Cissé, en ont reçu un coup de froid. Toute chose que le Secrétaire général de la section URD de Sikasso démentait la semaine dernière dans les colonnes d'un confrère de la place : "Nous sommes sereins. Nous sommes des hommes avertis et aguerris, les ragots qu'on colporte sur nous (NDLR : à propos des rapports exécrables entre lui et Soumaïla Cissé) ne nous détourneront jamais de notre chemin, de notre vision et de notre ambition pour le Mali".

A la question de savoir s'il était un homme d'ATT ou de Soumaïla Cissé, il a répondu en ces termes: "Qui n'est pas un homme d'ATT? Nous sommes en mission du parti auprès d'ATT. Nous sommes là pour accompagner ATT dans la noble et délicate mission que le peuple malien lui a confiée. Nous sommes comptables de son bilan et nous en sommes fiers. Mon parti, l'URD, se reconnait très bien dans tout ce que le président de la République a fait dans l'intérêt supérieur de la Nation. Nous sommes des gens loyaux. Et nous continuons à accompagner ATT pour qu'ensemble nous puissions terminer en beauté, dans le calme, la paix, son second mandat. Lequel sera sanctionné, je l'espère, par des élections libres et transparentes, acceptées par toutes les parties. A l'URD, aussi bien qu'au sein du gouvernement, nous nous attèlerons à cette tâche". Il est établi que depuis belle lurette, le ministre 1er vice-président du parti de la poignée de mains brille par son absence aux réunions et autres importantes manifestations du parti. De là à conclure que Me Abdoul Wahab Berthé n'a plus son cœur à l'URD est un grand pas que certains analystes politiques n'hésitent pas à franchir.  Certains observateurs vont jusqu'à pressentir des velléités de candidature à la présidentielle de 2012 chez l'ancien président du parti PMDR (parti dissout dans l'URD à sa création). Analyses auxquelles le 1er vice-président du parti du 1er juin vient d'apporter un cinglant démenti. «Je ne serai pas candidat...», martelait-il.

Toutefois, le ministre Berthé semble faire l'objet d'un préjugé, celui d'une prédisposition à tourner casaque et lâcher les siens. On le dit très proche de l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé. Sera-t-il prêt à retourner sa veste en faveur de celui-ci dans un éventuel duel Soumaïla Cissé-Modibo Sidibé au second tour de la présidentielle à venir ?

 A cette question, plus d'un observateur retient son souffle et finit par donner une réponse affirmative surtout si l'ex-PM avait, dans ce cas de figure, des soutiens politiques de taille. C'est donc au 1er vice-président de l'URD de prouver à son parti et aux yeux de l'opinion qu'il n'est pas un homme politique qui trahit ses convictions. Qu’il est loyal. Ce que le sinankouya conteste aux...Berthé!

On peut, par ailleurs, se demander combien de responsables politiques se trouvent dans une situation similaire à celle du ministre du Travail et de la Fonction publique.

Ne serait-ce pas faire l'oiseau de mauvais augure que d'extrapoler une telle analyse à d'autres responsables politiques ? Quid des ministres Ibrahima N'Diaye, Tiémoko Sangaré, avec l'ADEMA ? Les candidats de l’ADEMA et l’URD se trouvent ainsi très exposés à la menace d’être lâchés au dernier moment par des femmes ou hommes influents dans leur dispositif électoral.

Que dire de la crainte de voir le 1er  vice-président du PDES, Jeamille Bittar, abandonner ses camarades du PDES pour  aller vers des cieux politiques plus cléments s'il n'était point investi porte-étendard du parti à la prochaine présidentielle ?

Souhaitons simplement que ces "supputations" de journalistes soient largement aux antipodes de la réalité ou que les politiques s’amendent au nom de l’éthique.

Bruno D SEGBEDJI

 

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