Élection présidentielle de 2012 : Modibo Sidibé va-t-il créer son parti ?
Il rassemble de plus en plus. D'aucuns parient dur qu'il va piocher des pans entiers de plusieurs formations politiques du microcosme national. L'ex-Premier ministre, Modibo Sidibé, puisque c'est de lui qu'il s'agit, semble faire son petit bonhomme de chemin vers la concrétisation de son ambition, celle de se lancer dans la course pour la succession du président Amadou Toumani Touré au Palais de Koulouba. Seulement, même si l'enfant du Badialan draine foule surtout grâce à ses différents clubs de soutien, certains observateurs estiment que l'homme, n'ayant pas la même aura que celle d'un ATT, gagnerait à fondre rapidement ses " militants " et sympathisants dans un creuset politique. Pour, analyse-t-on, pour résister à la bourrasque dévastatrice des formations politiques qui se concertent de plus en plus en vue de barrer la route à tout "indépendant".
Si ATT est parvenu à se faire élire en tant qu ‘ «indépendant» à la tête du Mali en 2002, c’est bien parce que le contexte de chienlit entre les partis politiques s’y prêttait. L’aura personnelle du «soldat de la démocratie» et du «sauveur du 26 mars 1991» y a aussi joué un grand rôle. L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, lui, ne semble pas disposer de ces atouts pour tirer profit de son statut actuel d’«indépendant». Va-t-il alors créer son parti avant de se lancer dans la course pour la conquête de Koulouba l’année prochaine?
On peut tout lui reprocher , mais il est difficile de lui dénier un certain charisme, une force de caractère symbolisée par sa totale discrétion. L'ex-Chef du Gouvernement, dont le désir de briguer le suffrage de ses concitoyens n'est plus un secret pour personne, a certainement des atouts d'un présidentiable. Mais, dans le contexte sociopolitique actuel, certains analystes trouvent qu'à cette étoffe de présidentiable, l'enfant du Wassoulou gagnerait à adjoindre une étiquette de chef d'une formation politique. Ce parti sera véritablement fédérateur des déçus de tous les bords politiques, des opportunistes qui courent les couloirs de toutes les formations politiques existantes, mais aussi de tous ceux qui ne militent encore dans aucun de ces partis du landernau malien.
Plusieurs arguments plaident en faveur de cette lecture de la situation. D'abord, il semble que le discours politique de ces cinq dernières années a tourné autour d'une dépréciation d'un " indépendant aux affaires ". Certains chefs de partis ne cessent de souhaiter que le prochain président de la République du Mali doit être issu d'une formation politique. Pour eux, c'est cela qui valorisera ce qu'on appelle couramment le " fait partisan ". Les cadres proches de l'Association pour la Démocratie et la Justice (ADJ) des Pr Abdoul Karim Traoré dit Diop, avaient trouvé à redire sur le fait qu' " un indépendant au pouvoir a ce penchant à mépriser les partis politiques ". A tort ou à raison, on n'hésite pas à déclarer que les dix ans de pouvoir du président ATT, sans étiquette politique ont affaibli la plupart des partis politiques. Ce qui a naturellement créé une entente tacite entre plusieurs partis pour faire obstacle à la montée d'un " indépendant " à la présidence de la République.
En outre, si l'ADEMA et le PDES ont clairement affirmé que Modibo Sidibé n'est pas un des leurs, ce rejet a pu développer un réflexe de repli sur soi au niveau de ces partis et dans bien d'Etats-majors politiques. Or, il semble que des cadres de ces partis et de bien d’autres pourraient lorgner les nombreux clubs de soutien à l’ex-Premier ministre. Ce qui peut atiser une adversité plus forte à l’endroit du fils du Capitaine Sidibé. C’est pour cela que les observateurs suggèrent que l’ancien Chef du Gouvernement doit envisager rapidement mettre sur pied un appareil porteur dont les relais seront les clubs de soutien.
L’avantage de cette évolution est de donner des arguments valables aux éventuels transfuges. Ceux -ci pourraient brandir l’appât d’un projet de société original de cette nouvelle formation politique. Ils se féliciteraient des postes stratégiques de direction qui leur seraient offerts au sein de ce parti. Cette option donnerait une plus grande visibilité-lisibilité aux actions de l’homme Modibo Sidibé. Ce parti devrait couper court à toute animosité par rapport à cet Inspecteur général de police à la retraite et, peui-être, lui donnerait plus de chance de convaincre ses partenaires aussi bien internes qu’externes.Par ailleurs, toute ambition présidentielle est completée et solidifiée par des cadres de soutien, des lieutenants trouvant par exemple leurs intérêts dans une carrière de parlementaire.
En effet, avec la perspective d‘aller à un bicaméralisme parlementaire, les milliers de cadres qui se mobilisent pour Modibo Sidibé pourraient lorgner des fonctions de députés et de sénateurs. Des ambitions qui doivent être mieux canalisée dans le cadre d’une formation politique. Certains observateurs supputent d’ailleurs autour de la possibilité de rstructurer l’Association Faso Den Nyuma (AFDN) afin de la transformer un parti susceptible de tenir la dragée haute à l’ADEMA, l’URD, le RPM et les autres.
A présent que Modibo Sidibé a démissionné, le 9 septembre dernier, de son statut d’Inspecteur général de la Police nationale, rien ne l’empêche de devenir un chef de parti politique. La question se pose alors de savoir si l’enfant du Wassoulou va franchir rapidement le Rubicon.
Bruno D SEGBEDJI
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