Élection présidentielle de 2012 : Qui de Dioncounda, Soumaïla, IBK et Modibo va succéder à ATT ?
Ils sont une vingtaine de leaders politiques ou personnalités indépendantes qui ont manifesté la velléité ou à qui l'on prête la velléité de succéder au président Amadou Toumani Touré au Palais de Koulouba le 8 juin 2012. De ce magma se dégage un quatuor de tête composé de Dioncounda Traoré, président de l'ADEMA PASJ, Soumaïla Cissé, parrain de l'URD, Ibrahim Boubacar Kéita, président du RPM et Modibo Sidibé sans étiquette politique. Le premier nommé affiche un certain avantage sur ses concurrents potentiels eu égard à la forte implantation territoriale de son parti et à sa capacité de mobilisation qui ont fait leur preuve par le passé. Toutefois, en l'absence d'un véritable esprit de militantisme au Mali, le champ politique est fluctuant et autorise les revirements les plus spectaculaires et les ralliements les plus inattendus. D'où la difficulté de risquer un pronostic sur la personne appelée à devenir le troisième président de la troisième République.
Bien malin qui donnera avec exactitude le nom de celui à qui le président Amadou Toumani Touré alias ATT remettra la clé de la Maison Mali du Palais de Koulouba le 8 juin de l'an prochain.
Même si aujourd'hui l'électorat de plusieurs formations politiques semble s'effriter du fait du désintérêt des populations vis-à-vis de la chose politique, plusieurs partis, bien enracinés ou en phase de conquête d'une sympathie populaire, peuvent marquer l'élection présidentielle attendue en avril 2012.
Si, à l'ADEMA-PASJ, le problème de la candidature interne semble réglée avec la fin des primaires la semaine dernière, sanctionnée par la désignation de Dioncounda Traoré comme porte-drapeau de la Ruche, à l'URD et au RPM, le principe de la "candidature naturelle" fait respectivement de Soumaïla Cissé et d'IBK les représentants normaux de ces deux partis dans la course pour la succession à ATT. Comment pourrait-il en être autrement quand IBK clôturant le 3ème Congrès ordinaire du RPM, dimanche dernier, se mettait en rampe en annonçant qu'il "s'engage à mener le bateau du parti à bon port " ? Comment en sera-t-il à l'URD avec un Soumaïla Cissé piaffant d'impatience de rentrer au bercail après une très bonne mission à la tête de la Commission de l'UEMOA?
A ces ténors s'ajoute l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, dont l'ambition de briguer le fauteuil qu'ATT s'apprête à laisser vacant ne fait plus l'ombre d'un doute. Tant les clubs et associations de soutien à l'ancien Chef du Gouvernement ne cessent de se déployer dans Bamako et dans tout le Mali. Ainsi, même si l'élection présidentielle que notre pays s'apprête à vivre l'année prochaine devrait avoir dans les starting block une quinzaine de candidats, plusieurs observateurs s'accordent à dire que les rôles décisifs dans ce scrutin à deux tours se joueront entre Dioncounda Traoré de l'ADEMA, Soumaïla Cissé de l'URD, Ibrahim Boubacar Kéita du RPM et Modibo Sidibé.
On avait craint que les primaires de l'ADEMA se terminent en queue de poisson avec une dénonciation du choix final du parti par les candidats non retenus. Ce ne fut point le cas. Apparemment, c'est plutôt à une sérénité, signe de maturité des abeilles, à laquelle l'on assiste. La Ruche s'en trouve alors unie ! Même si l'on peut redouter que la Conférence nationale du parti, prévue pour le 30 juillet prochain, ne remette pas en cause cette paix des braves entre Dioncounda, Iba N'Diaye, Sékou Diakité et les autres.
Cette "union sacrée" des responsables et des militants du parti de l'abeille sera un formidable facteur dopant de l'électorat de l'ADEMA. Le candidat Dioncounda Traoré en tirera certainement tout l'avantage quand on sait que l'ADEMA, avec sa "machine électorale", a, depuis toujours, tiré son épingle du jeu électoral. C'est le parti qui vient régulièrement en tête dans toutes les élections. Cependant, on n'oubliera pas que le facteur intuitu personae est aussi déterminant dans un scrutin présidentiel. Le président de l'Assemblée nationale doit alors soigner son…étoffe dans ce domaine.
Sur ce plan, le candidat de l'URD, Soumaïla Cissé a une certaine avance sur le chef de file des abeilles. Ayant côtoyé et s'être familiarisé avec des chefs d'Etats de la sous-région durant ses huit années passées à la tête de la Commission de l'UEMOA, à Ouagadougou, le fondateur du parti de la poignée de mains s'est forgé un manteau plus policé de présidentiable. Cet avantage psychologique sera-t-il capitalisé sur le terrain électoral ? Nul ne saurait le dire. Toutefois, il faut reconnaître que l'URD a aussi une assise électorale non négligeable surtout dans les régions septentrionales. Il semble, en outre, que Soumaïla n'a aucun souci (euphémisme) à se faire sur le plan financement de sa campagne électorale. Ce qui est loin d'être le cas dans plusieurs états-majors politique. On susurre qu'aussi bien à l'ADEMA qu'au RPM la question du nerf de la guerre demeure entière.
Le président du RPM, l'ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK, sera aussi un sérieux prétendant à la prestigieuse colline du pouvoir. Alors qu'il a été pendant longtemps l'icône de "l'opposition responsable et constructive ", IBK et son parti connaissent, depuis un moment, une légère baisse de popularité marquée par la chute du nombre des élus du parti du tisserand tant au niveau national que des différentes collectivités locales.
Il semble que le leader du parti du tisserand (comme le président du CNID) a une sympathie dans les milieux proches des dignitaires religieux musulmans, mais une partie de l'électorat lui reproche le fait qu'il ne serait point facile d'accès. Si IBK (et ses amis) redescendent régulièrement dans l'arène, comme il l'annonçait le dimanche dernier à la clôture du Congrès du parti, il pourra reconquérir bien de sympathies profitables lors du scrutin présidentiel.
La grande énigme de cette élection présidentielle est l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, dont le positionnement à travers la mobilisation de ses clubs de soutiens n'est plus un secret pour personne. L'ancien chef du Gouvernement comptera sur ces groupements associatifs mais aussi sur les «vertus» de la transhumance politique, plusieurs cadres de certaines formations politiques ne cachant plus leur soutien à la cause du fils du Capitaine Mamadou Sidibé. L'homme a, certes, marqué le parcours institutionnel du pays. Mais, s'il veut se donner plus de chance de succès, il doit rapidement descendre dans l'arène pour aller au contact des populations afin de refaire son retard sur les autres protagonistes.
Les présidents du CNID Faso Yiriwa Ton, Me Mountaga Tall, du parti SADI, Oumar Mariko, du PARENA, Tiébilé Dramé, du RDpM, Dr Cheick Modibo Diarra, de la CNAS Faso Hèrè, Soumana Sako, de la CARE, Cheick Boucadry Traoré, de l'UDD, Tiéman Hubert Coulibaly, des PUR, Housseini Amion Guindo ou Moussa Mara, seront des acteurs décisifs pour un report de voix, au second tour de la présidentielle, en faveur d'un des quatre candidats cités plus haut. C'est pourquoi les alliances et autres regroupements politiques seront déterminants dans l'élection du prochain président de la République.
Sans oublier que dans tout processus du scrutin présidentiel, le président sortant et peut-être son prédécesseur auront une influence à ne surtout pas négliger.
Bruno D SEGBEDJI
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