L’Enseignement supérieur en point mort : Opportunité pour sauver l’Université ou KO programmé ?
Depuis le 31 juillet, l’université de Bamako est fermée, les étudiants et enseignants en congés. Cette fermeture tant prônée par les plus hautes autorités du pays, saluée par la société civile et acceptée par bon nombre d’enseignants et étudiants se veut être une opportunité pour notre université de se ressaisir. Cette décision courageuse et patriotique attendue depuis plusieurs années, qui mérite certes d’être apprécier à sa juste valeur, suscite de véritables inquiétudes en ce qui concerne sa mise en œuvre. Autant le chantier amorcé par Madame Siby Ginette BELLEGARDE se présente comme une aubaine pour notre pays de se doter d’une université digne de ce nom, autant il peut compromettre davantage la situation de notre système d’enseignement supérieur déjà en convalescence.
Est-il possible de faire des omelettes sans casser des œufs ? La réponse à cette question ne peut être que l’affirmative. Peut-on construire une université sans sacrifice, volonté politique et patriotisme ? Certainement non. Si l’on analyse cette courageuse initiative prise par le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, on peut en déduire d’emblée une nouvelle opportunité pour l’université de se ressaisir ou du moins de sortir de sa léthargie. L’université de Bamako est malade. Tous les maliens le reconnaissent. Même la petite Mariam de la maternelle, le vieux Youssouf du village ou la grande mère Kadidia l’ont constaté.
« Aux grands maux, les grands remèdes », autrement dit cette pause est un passage obligé dans la résolution des problèmes qui minent l’enseignement supérieur. Toutefois cette période de réflexion doit partir de la responsabilité de tous les acteurs, en décelant les forces et faiblesses de chacun et de tous, pour aboutir à un bilan sans complaisance et voir enfin et tous ensembles dans quelles perspectives entamer le futur. Ce projet de reconstruction de l’université nécessite l’implication de tous. Chaque acteur doit apporter sa modeste pierre, et plus important, l’on doit se donner le temps maximal et les moyens nécessaires pour y parvenir.
Selon les informations, la rentrée prochaine est prévue pour le mois de Novembre avec 4 universités soit 4 équipes rectorales au lieu d’une seule université actuellement, celle de Bamako. Cette initiative nécessite la relecture de plusieurs textes de l’université et l’adoption de nouveaux.
La formation des responsables administratifs, de nouvelles infrastructures sociales, administratives et pédagogiques, la réhabilitation des anciennes et la redéfinition des relations entre les autorités, administrateurs, enseignants et étudiants s’imposent. Toutes les structures universitaires doivent être redynamisées et les capacités des responsables chargés de leur gestion renforcées. Les étudiants doivent connaitre leur place et contribuer pleinement dans la construction de cet édifice commun qu’est l’université et dont ils sont les premiers bénéficiaires.
Bref, les chantiers annoncés présagent une nouvelle université et de nouvelles philosophies. Donc par ricochet le changement à travers le bannissement des mauvaises pratiques, l’instauration d’une nouvelle mentalité, la rigueur, le respect des textes en vigueur, une meilleure gestion des effectifs, une formation digne de ce nom pour les étudiants avec de meilleures conditions d’étude et de vie, l’introduction du système LMD, le recyclage des enseignants, des meilleures conditions pour les enseignants, moins de corruption et une meilleure gestion des ressources.Tous ces défis, toujours selon les informations, devront être relevés d’ici trois mois.
S’il s’agit bien de volonté et de courage politique, le ministre n’en manque certainement pas pour le Mali. Mais en réalité, aura-t-elle les moyens de sa politique ? Le temps annoncé sera-t-il suffisant ? Nos responsables actuels sont-ils prêts pour un tel changement ? Le Mali est-il à mesure aujourd’hui de supporter 4 universités ? Le Gouvernement voire le Président de la république mettra t-il les moyens à sa disposition pour réussir cette mission ?
Toutes ces questions méritent d’être posées dans la mesure où, les reformes envisagées exigent de gros moyens aussi bien en termes financiers, matériels qu’humains. Cette reforme de l’université, bien qu’émanant de la volonté de Madame Siby Ginette Bellegarde d’affronter vents et marrées dans le dessein de trouver des solutions idoines aux problèmes de l’université, est tout d’abord le souhait de tous les maliens. Les stratégies entreprises demeureront vaines si tous les maliens ne s’y impliquent pas. Les enseignants et étudiants doivent y croire. La société civile et les partenaires doivent accompagner et jouer pleinement leur rôle. Les responsables administratifs doivent y adhérer. Le gouvernement doit mettre les moyens et s’assumer en toute responsabilité. Le President doit ci-possible renoncer à son projet de reformes constitutionnelles et injecter les fonds prévus à cet effet dans l’université qui, plus que jamais, est dans le besoin.
Les réformes annoncées dans le secteur de l’enseignement supérieur sont à la fois courageuses et porteuses d’espoirs. Cependant, une évidence reste à souligner. Elles peuvent apporter le changement au sein de l’université où la plonger dans un KO programmé tant les conséquences de leurs échecs peuvent être dramatiques. Encore faut-il reconnaitre que la réussite de ce vaste chantier de restructuration de l’enseignement supérieur dépendra de l’implication des différents acteurs voire des maliens.
FOUSSEYNI MAIGA
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