Les 100 jours de conflits malsains: «Le bateau Mali va droit à la phase ultime de la dépression»

Juillet 26, 2012 - 07:35
Juillet 26, 2012 - 05:38
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Du 17 avril 2012 à la date d'aujourd'hui, les événements se succèdent à Bamako, et au nord du Mali et ne se ressemblent pas. De sommet à sommet les maliens se rendent compte de la divergence au sein même de la CEDEAO et sont de plus en plus sceptiques de l'efficacité des résolutions prises face à la crise malienne. Devant l'imminence du péril, deux voix d'égale force s'élèvent en l'homme : l'une lui dit fort raisonnablement qu'il doit examiner la nature du péril et les moyens de l'éviter ; l'autre lui suggère, plus raisonnablement encore, qu'il est par trop pénible d'y réfléchir alors qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de tout prévoir et d'échapper à la marche générale des évènements et qu'en conséquence mieux vaut se détourner des choses désagréables jusqu'à ce qu'elles surviennent et penser à ce qui est agréable. Dans la solitude l'homme s'abandonne le plus souvent à la première voix, en société, à la seconde au contraire". [Tolstoï] Aujourd'hui, les Maliens sont dans un état de stress permanent entraînant un syndrome d'épuisement ; ils sont vidés intérieurement mais l'apparence est intacte. Si rien n'est fait de façon significative dans un mois, les maliens vont s'épuiser mentalement et physiquement en essayant d'atteindre des objectifs irréalisables ou d'accomplir des tâches insurmontables.  Le Mali est pris dans une spirale dont il n'arrive plus à sortir. Les signes qui la traduisent sont nombreux : - "Le premier et le plus facilement identifiable est une lassitude des hommes politiques, accompagnée d'épuisement mental, de démotivation et de découragement ; - Une baisse de l'estime de soi, un sentiment d'incompétence et de l'irritabilité ; - Une  dépression des Maliens : le sentiment d'impuissance, la méfiance, l'isolement (évitement des relations) la négligence des besoins communautaires ressentis et demandés. Le bateau Mali va droit à la phase ultime de la dépression. Elle se traduit par un retrait et un détachement émotionnel conduisant à une apathie généralisée. "C'est l'ignorance seule qui engendre l'apathie" (Charles Bay). Chaque acteur de la classe politique a des attentes propres  mais aussi des objectifs dictés par son environnement. Ceux-ci sont par ailleurs souvent perçus et interprétés de façon différente par chaque individu, notamment parce que les expériences politiques et les compétences sont variables. Dans ces conditions, l'occurrence de dissensions et donc de conflits potentiels est prévisible. L'occurrence de conflits est même souhaitable, lorsqu'elle permet à chacun d'exprimer son opinion et, à terme, d'aplanir les divergences existantes. Malheureusement le Mali est dans une situation conflictuelle politique et sociale inédite.  Un conflit "malsain",  basé sur une communication ambiguë et/ou sur des arguments personnels, qui n'aboutit généralement qu'à obscurcir le débat. La plupart des pays voisins ne souhaitent pas être en face du cas malien. Ils préfèrent le nier ou le fuir plutôt que d'y faire face. Bien qu'ils soient souvent subtils, niés ou ignorés, les conflits ont déjà pris une importance considérable dans notre cas. Le Mali est dans un Conflit "malsain" Les rôles des acteurs (gouvernement, regroupements politiques, sociétés civiles et même de la communauté internationale) sont ambigus sans coopération franche: boycott, absence d'objectifs communs, relations interpersonnelles ambiguës, organisation défaillante, confrontations et heurts occasionnels, confrontation de longue durée et actions systématiquement non-éthiques, stratégies équivoques, conflit ouvert et discussion couvertes. Qu'il s'agisse de conflits d'intérêt, d'idéologie ou de pouvoir, il convient d'agir pour éviter une escalade et une dégradation de la situation avant la fin du mois de Ramadan. L'hostilité ou la colère de la communauté internationale ne mène nulle part. "Ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l'hostilité, les petites intrigues..." (Anton Tchekhov). Heureusement, il existe différentes stratégies de gestion des conflits, qui peuvent toutes, selon les circonstances, être valables, au moins temporairement, sachons raison garder.

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