Les étudiants à l’ECOBANK : L’indélébile voie de l’enfer

Déc 6, 2012 - 20:58
Déc 6, 2012 - 16:09
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Si elle a été initiée par le département de tutelle de l’Université de Bamako, le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, en vue de dissiper les cauchemars  vécus  par les étudiants pour avoir leurs bourses, l’inscription des étudiants à l’ECOBANK  semble enlisée la situation. Problèmes cuisants avec les cartes magnétiques, l’omission de certains étudiants etc.  Les larmes chaudes des étudiants  coulent quotidiennement. [caption id="attachment_105213" align="aligncenter" width="615"] Les étudiants devant l'agence d'Ecobank (photo Le Flambeau)[/caption]

A Badalabougou en face du Lycée « Castors », c’est là où est installée l’agence principale d’ECOBANK, chargée du traitement des cas des étudiants boursiers. Une voie de l’enfer ? C’est ce qui se lit sur le visage de bon nombre d’étudiants. Qui d’ailleurs expriment un amer regret  du déclin du bras de fer qu’ils engageaient chaque année (nuit et jour) sur la colline du savoir pour mettre la main sur leur dû. A titre de rappel, les étudiants boursiers prenaient d’habitude leurs bourses chez les comptables respectifs des différentes facultés de l’Université de Bamako (ancienne appellation). Pour avoir sa bourse, il y a avait deux principes : négocier  pour avoir facilement la bourse  via le biais des membres de l’AEEM  à 5000 Francs (pour la demi-bourse) et à 10.000 Francs (pour la bourse entière). Uniquement pour échapper à la bataille pour le rang. Le rang, la deuxième hypothèse et le cauchemar d’une majorité d’étudiants victime du cas. Des listes dressées la nuit, des appels à 4 heures où 5 heures du matin pour vérifier la présence ou pas des inscrits sur les listes. Ensuite  un dernier appel vers 8 heures où 9 heures du matin pour former les rangs et rester en plein soleil à attendre les comptables qui paient. A Dieu Satan, bonjour l’enfer Ces membres de l’AEEM étaient traités de toute sorte de nom : Inhumains, Satan sur terre, amorales etc. Dans ce désespoir de on ne sait quoi faire ? , voilà une nouvelle politique soi-disant de bonne gestion des bourses qui se présente. Désormais, les boursiers  seront inscrits à ECOBANK. Chacun disposera d’une carte magnétique lui permettant de faire ses opérations à n’importe banque où il y a un guichet automatique (même pour d’autres banques partenaires avec ECOBANK),  en toute tranquillité. Malgré que l’idée ait été  jugée mauvaise par des observateurs, les étudiants la jugeait la plus bonne sans mesurer les conséquences. Et voilà depuis son opérationnalisation en 2011 les défaillances ne cessent  de s’agrandir. Avoir sa carte était devenue un parcours de combattant. Pour cela aussi, les étudiants étaient obligés de mettre 10.000  Francs sinon plus sur la table au bénéfice des membres de l’AEEM pour pouvoir avoir  accès à leurs cartes. Dès ce moment, le cauchemar prenait corps chez certains. Des cartes non reconnues par les guichets, pour faute de validité, pour erreur de code et d’autres abimées sans être utilisées etc. des problèmes auxquels, ECOBANK n’a jamais trouvé une solution idoine. Avec des arguments non convaincants des agents  qui sembleraient  incompétents. Toujours décriés, mais les mêmes problèmes persistent. Chaque matin,  des étudiants en file indienne devant l’agence ECOBANK de Badalabougou ou de Djélibougou pour des raisons diverses qui les empêchent de faire des opérations.  Le jeudi 22 novembre à notre passage pour une enquête sur la bonne marche de cette politique, nous avons croisé une jeune fille au rez-de-chaussée de l’agence. Adossée à une poutre de l’intérieur, les larmes ne s’arrêtaient pas de couler, malgré l’intervention de ces copines. Entre temps, un membre du personnel de la Banque parlait à un de ces collègues au fond. «  Mais ces étudiants commencent à être insupportables. Regarde là-bas celle la,  entrain de pleurnicher comme si c’est la fin du monde. Si on te dit que ta carte a un problème, il y a un délai pour ça, on ne peut pas se tuer pour cela. »   Sur le champ, nous nous sommes approchés de l’étudiante pour savoir quel problème elle a au juste.  Imaginer, un problème avec sa carte qui l’empêche de retirer  le reste de sa bourse de 2011. Pour 2012 n’en parlons pas. «Pour la première fois je suis venue, ils ont envoyé, selon leur propos, ma carte jusqu’au Ghana pour réparation. Après plus d’un mois ils me l’ont remise. Mais le même problème demeurait. Depuis lors je ne cesse de faire des va et vient sans suite. Je ne sais plus quoi faire », nous a-t-elle confié. A la sortie de la banque, des étudiants proféraient des injures à l’encontre de la Banque « ECOBANK. » Ils disaient avoir amèrement regretté d’adhérer à l’idée de banque. Et voilà aujourd’hui c’est devenu de l’enfer. Pour ce qui est le retour à l’ancien système de paie des bourses, nombreux parmi eux  se disaient pour. Car mieux vaut souffrir une fois et avoir son argent que de traîner cent fois sans même humer l’odeur de ton dû. Estiment-ils. Boubacar Yalkoué     

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