Les femmes et enfants des soldats tués au nord-Mali ont marché hier sur Koulouba-Après un violent accrochage avec les forces de sécurité, ils ont été reçus par le président de la République : -ATT leur a promis de doter l'armée en moyens adéquats
Les épouses et enfants de soldats tués au nord-Mali ont lancé, hier jeudi 2 février depuis Kati, une vaste marche de protestation en direction du palais présidentiel de Koulouba. Estimés à environ un millier, les manifestants étaient déterminés à transmettre, de vive voix, leurs doléances au chef de l'Etat, Chef Suprême des Armées. Au bout de quelques heures d'accrochage avec les forces de sécurité, ils ont réussi à accéder au palais de Koulouba, munis de leurs doléances : envoi d'équipements militaires adéquats au nord, prise en charge totale des blessés et traitement équitable de toutes les victimes. En réaction, le président de la République a promis de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que l'armée vienne à bout des assaillants. Il leur a clairement notifié qu'il est autant affecté qu'eux de la situation qui prévaut dans le septentrion. Et leur a, en conséquence, mis en garde contre toute forme d'amalgame entre bandits armés et autres populations touareg.
'est aux environs de 9 heures que l'impressionnant cortège, composé de femmes, de mères et d'enfants de soldats tués au nord, a entamé la marche en direction du palais présidentiel de Koulouba. A son arrivée au niveau du Centre émetteur, le cortège a été stoppé net par les forces de sécurité. On assista, pendant quelques minutes, à un face en face entre les deux parties. Les uns déterminés à braver les forces de sécurité au risque de leur vie. Celles-ci résolues à les en empêcher.
Brusquement, la tension monta. Des slogans très hostiles au président ATT fusent de partout. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacriminogènes pour disperser les manifestants. Ce fut la débandade. Ils répliquèrent aux forces de l'ordre en leur jetant des cailloux, faisant des blessés dans les rangs des porteurs d'uniforme. Ceux-ci finiront par se replier jusqu'au niveau du rond-point de l'hôpital du Point G. Ce ne fut pas pour longtemps, puisqu'ils se feront, à nouveau, déloger par la meute de manifestants.
Le bras de fer se poursuivit de plus belle et les éléments de la sécurité, venus se poster au niveau du rond-point de Koulouba, se retrouvèrent soudainement pris entre deux manifestations. Des femmes du camp de garde de N'Tomikorobougou, qui avaient débuté leur marche à partir du parc zoologique, sont venues en renfort aux manifestants de Kati. Harcelant les forces de l'ordre. Celles-ci, à court de munitions, battirent à la retraite.
Au fur et à mesure que les manifestants se rapprochaient du palais présidentiel, les slogans hostiles au chef de l'Etat se faisaient plus insistants.
Finalement, les éléments de la sécurité ont reçu de la hiérarchie l'ordre de se replier et de laisser les manifestants accéder au palais présidentiel. On nous fera savoir plus tard que la consigne était venue du chef de l'Etat. Qui, à en croire son entourage, s'était engagé à recevoir les protestataires.
Aux environs de 12 heures, le cortège s'immobilisa devant le portail du palais présidentiel dans un tohubohu indescriptible. Le chef de l'Etat délégua un élément de la garde présidentielle, en l'occurrence le Commandant Bréhima Guindo pour rencontrer les protestataires. Ce dernier eut de la peine à ramener ceux-ci à de meilleurs sentiments tant la confusion était totale. Tous voulant parler en même temps. Bréhima Guindo, aidé par le Directeur de l'école de la gendarmerie, parvint finalement à sélectionner dix femmes et quelques jeunes pour rencontrer le chef de l'Etat.
Au bout d'une demi-heure de discussion, les émissaires revinrent de leur entrevue avec Amadou Toumani Touré. Ainsi débuta en face du palais présidentiel une assemblée générale d'information. "Le chef de l'Etat nous a reçus et a promis de tout mettre en œuvre pour renforcer le dispositif sécuritaire en dotant l'armée de matériels et d'équipements adéquats. Il nous a déclaré avoir récemment envoyé, en renfort, un certain nombre d'hélicoptères de combat pour appuyer les troupes au sol. Et que des armements lourds sont déployés pour contrer les bandits" a déclaré un émissaire. Ces propos n'ont pas convaincu les protestataires qui en voulaient plus du chef de l'Etat. "Nous ne demandons pas le retour de nos époux et enfants du front. Nous voulons du président de la transparence. Que des munitions soient envoyées aux militaires et qu'ils disposent d'armes sophistiquées leur permettant de venir à bout des bandits" a précisé une vieille femme. Un autre manifestant d'ajouter "nous ne voulons plus de la rétention de l'information sur le sort fait à nos époux et enfants. Nous savons que beaucoup de nos proches sont tués. Pourquoi donc continuer à nous le cacher ? Il faut que cela cesse". Aux environs de 14 heures, la tension a baissé à Koulouba.
Les manifestants ont promis de revenir à la charge si jamais la situation n'évoluait pas rapidement.
Abdoulaye DIARRA, Moussa SIDIBE, stagiaire
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