Les intellectuels maliens à propos de pseudo rébellion : « Le Septentrion n’est pas une planète à part, mais… »
Pour mieux comprendre les enjeux autour du Mali et de la bande sahélo saharienne pour la paix véritable et définitive, les intellectuels du pays engagent le débat et accusent les pays de l’Otan, surtout la France de vouloir balkaniser notre pays pour assouvir son désir minier et énergétique, chose qui, impérativement passe par le contrôle de la bande sahélienne. Les prises d’otages, le sentiment d’insécurité dans cette région du pays, la guerre en Libye et l’assassinat de Kadhafi sont passés par là. Nos intellectuels avertissent les néo colonisateurs que l’intégrité du territoire, l’unité nationale et la cohésion sociale du Mali sont sacrées. Sans langue de bois, ils déplorent le laxisme de l’Etat face à ce phénomène malheureux qui endeuille nos familles.
« La paix s’impose d’autant plus que les femmes et les enfants sont pris dans l’étau d’un conflit qui n’est pas le leur ».
Dans une déclaration distribuée à la presse, les intellectuels, hommes et femmes de culture du Mali ont tenu un forum le week-end dernier dans les locaux de l’ex-ENA. C’était sous la houlette de Adama Samassékou, ancien ministre, en présence de Aminata Dramane Traoré, essayiste et ancien ministre également, Abdoulaye Niang, socio-économiste, Filifing Sako, anthropologue, Hamidou Magassa, socio-économiste, Ismaïl Diabaté, artiste-peintre, Jean-Bosco Konaré, historien, Mohamédou Dicko, historien et Mariam Kanakomo, communicatrice, qui sont des signataires de la déclaration.
Pour eux, on ne peut pas parler de cette douloureuse situation que traverse notre pays sans le mettre dans le contexte de la globalisation. Car l’Occident principalement a besoin des richesses du Sud et n’a d’issue que la guerre sinon comment comprendre que la France qui n’a pas de pétrole, ni d’uranium et autres matières premières, soit une puissance qui dicte sa loi ? S’est interrogée Aminata Dramane Traoré, car pour elle le continent africain reste le seul continent au monde aujourd’hui où ce pays vient puiser ses matières sans s’inquiéter. « Il faut que cela cesse », a-t-elle tapé du poing sur la table.
Pour nos intellectuels le Nord du Mali se caractérise par l’extrême complexité des enjeux géopolitiques, économiques et stratégiques, sans la compréhension desquels rien n’y est envisageable. Car cette pseudo rébellion qu’impose la France à notre pays n’est ni fratricide, ni militaire ni financière, mais politique, économique, sociale, culturelle et diplomatique. A en croire Aminata Dramane Traoré, la France a une dent contre notre pays à travers son président.
« Je nomme la France qui est derrière ce massacre de nos populations. Nous ne sommes pas capables de les nommer, mais eux ils nous nomment. La question passe par le contrôle de la bande sahélienne on n’est pas libéré, on ne le sera pas sitôt tant qu’on ne comprend pas. Ils viennent puiser chez nous. Kadhafi était un obstacle pour accéder au Sahel et une menace pour l’intérêt de la France, il fallait le liquider. Il y a énormément de griefs contre notre pays. Mais le laxisme de l’Etat est à la base de cette crise. La France, sous couvert de l’Otan, a gagné en Libye sans avoir raison. Pourquoi pas chez nous ? »
Face à cette situation de guerre les intellectuels déclarent que l’intégrité du territoire, l’unité nationale et la cohésion sociale du Mali sont des acquis sacrés ; que le Septentrion n’est pas une planète à part, mais bel et bien une région du Mali, particulièrement vulnérable, qui n’a pas moins subi les politiques néolibérales qui ont aggravé les inégalités, les injustices, la corruption et l’impunité.
De Kayes à Kidal, les Maliens payent cher pour le dépérissement de l’Etat que nous voulons plus responsable, comptable et souverain ; que la paix véritable et durable dans le Nord de notre pays et sur l’ensemble du territoire est au prix d’une nouvelle compréhension de la situation et de la bande sahélo-saharienne qui intègre les enjeux sous-régionaux et mondiaux ; qu’ils réfutent le discours réducteur de la guerre ethnique.
« Nous sommes un seul et même peuple, uni par une longue histoire multiséculaire de rencontres, de brassages et de résistances à l’adversité », ont-ils rappelé. Tout en prônant que les élections de cette année sont une occasion historique de renouveler la réflexion sur un projet de société adapté à nos réalités, davantage fondé sur la culture de l’être et des relations humaines pour garantir la paix et la stabilité dans notre pays.
A travers cette déclaration, les têtes pensantes du pays renouvellent leur soutien à l’armée et présentent leurs condoléances aux familles des victimes et à toute la nation.
Aliou Badara Diarra
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