Les oiseaux se cachent pour mourir (5) :Putes ou intermédiaires de sexe

Peut 4, 2011 - 18:30
Peut 4, 2011 - 18:30
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Elles ont entre cinquante et soixante ans. Dans le lexique du parfait maquisard, on les appelle les «Tanti ». Même si elles ne sont pas visiblement fières de ce qu’elles font, elles ne s’en cachent pas non plus.

Leurs lieux de prédilection : les bars miséreux, les bordels insalubres, véritables plaques tournantes des commerces louches et interlopes. Ces espaces dévolus aux plaisirs du ventre et du bas- ventre constituent aussi la « terre promise » des plus féroces et cruels représentants de la pègre locale, des malfrats de haut vol, mais surtout gros consommateurs de putes.

Comme vous le constatez ce décor d’épouvante, quasiment dantesque, n’a sans doute rien à voir avec l’univers richement doré de Katy, cette serveuse malienne hyperbranchée et impatiente de voir pour notre pays un nouveau printemps arabe et révolutionnaire. Effet de mode oblige ! Comme promis, ma conversation avec cette plantureuse « gazelle » devra se poursuivre dans nos prochaines parutions. Le temps de mettre un peu d’argent de côté pour satisfaire aux caprices onéreux d’une jeune dame se moquant éperdument du temps qui passe et restant à jamais une vraie existentialiste dans l’âme. Sa vie n’est sans doute pas un roman, mais elle ne constitue pas moins un pied de nez fait aujourd’hui à de nombreuses jeunes filles diplômées sorties de nos grandes écoles et qui rêvent surtout de réussite facile ou d’une vraie vie de farniente. La rengaine fait plutôt sourire Katy qui a dû cravacher dur comme « plongeuse » dans un restaurant bon chic bon genre d’Helsinki pendant ses dures et éprouvantes années d’étudiante. Dans l’espoir de ramener au pays son brillant diplôme d’économie politique. Elle jure, la main sur le cœur, qu’elle n’a pas choisi ce job par gaieté de cœur, mais que c’était pour joindre les « deux bouts » qu’elle l’accepta sur les conseils d’une amie d’enfance elle-même serveuse dans un bar moins huppé cependant que le sien. Au final, bien lui en prit, car en plus de son salaire pas si mal que ça, ce travail lui assure une couverture plus que honorable pour masquer ces activités moins ragoutantes.

Katy raconte sur le ton d’une confidence qu’elle a commencé un gros chantier qui sera terminé bientôt et, pour son anniversaire un de ses « amis » qui se trouve présentement aux States lui a promis une belle « PHOENIX » (dernier cri s’empresse-t-elle d’ajouter). Ne vous étonnez surtout pas de la facilité avec laquelle elle glane tous ses sous. « Tu sais mon ami, j’ai passé la nuit avec un homme d’affaires européen de passage à Bamako. On a passé toute la nuit à faire l’amour et le matin au réveil, il m’a laissé plus de 1000 euros. Moi, je ne sors jamais avec des pauvres mecs. Ils sont comme des tonneaux vides, ils font trop de bruits. Mais si je sais qu’un monsieur peut me glisser entre les mains plusieurs billets de « tais –toi » alors là, il n’ya aucun problème, Katy devient du coup sa « chose »( rires)

Les oiseaux de nuit ou les « rats de bar » qui écument tous les soirs les bars et autres lieux de plaisance qui poussent dans notre capitale comme des champignons savent que derrière chaque Tanti se cache une kyrielle de jeunes prostituées, de racoleuses à la petite semaine , de péripatéticiennes dévergondées qui arpentent les trottoirs, les abords de nos avenues à la recherche du plus vilain canard à déplumer .Car en plus d’être de vrais « bêtes sexuelles », ces filles-là sont également passées maîtresses dans l’art de voler ou de détrousser leurs clients.

Au nombre de ces Tanti pures et dures, il y’a bien naturellement Ba Wassa. Elle a aujourd’hui plus de trente années de métier. Elle connait toutes ses ficelles, tous les coins et recoins de la profession. A cause de son âge un peu avancé pour encore séduire et attirer les jeunes clients, son travail consiste plutôt à jouer les intermédiaires entre ceux –ci et cette ribambelle de prostituées qui l’entoure. Sur chaque transaction, elle gagne environ entre 500FCFA et 1000FCFA, une somme modique certes, mais qui peut bien varier en fonction des différents partenaires.

Le client qui préfère partir avec elle, (en général ce sont de jeunes adolescents qui veulent satisfaire des fantasmes) sera copieusement servi car, même si physiquement, ces Tanti- là ne paient plus de mine, elles sont indéniablement expertes dans l’art de manœuvrer les hommes, de savoir explorer les meilleurs zones érogènes ou érotiques du corps humain. Ne dit-on pas d’ailleurs que le vin se bonifie en vieillissant ?

Et lorsque Ba Wassa vous parle de sa vie, son récit prend du coup la forme d’une vraie tourmente, car loin d’être un « long fleuve tranquille », elle a surtout soufferte d’une enfance terrifiante sous les bras d’une mégère impitoyable et intraitable. Un vrai traumatisme qui sera suivi quelques années plus tard d’un mariage tout aussi chaotique qui ne va pas dépasser le temps d’éphémères épousailles. Fille ainée d’une fratrie de plusieurs enfants, elle se verra livrée très tôt à la rue pour les nourrir, les vêtir et s’occuper de leurs scolarités.

«Aujourd’hui, Dieu merci dit Wassa, un de mes frères cadets a passé depuis trois années au concours de Douanes. J’espère que si ce dernier devenait reconnaissant, il va pouvoir penser assez rapidement à ma relève. Mais je ne me fais pas trop d’illusions, car le monde a changé et chose bizarre dans tout çà, ce sont nous les femmes qui sommes à la base de tout cela. Mais ne dit-on pas dans nos proverbes que chaque chose a aussi une fin ».Sa reconversion est –elle proche ? A suivre !

Bacary Camara

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