Les putschistes sommés de partir : Le Capitaine Sanogo finira t-il comme Dadis Camara ?
Arrivé au pouvoir par un coup de force perpétré le 21 mars 2012 contre le président Amadou Toumani Touré, Amadou Haya Sanogo fait depuis plus de dix jours la une des medias tant sur le plan national qu’international. Ce scenario presque inattendu a été condamné par l’ensemble de la communauté internationale. Qu’il s’agisse de l’Onu, l’Ue, l’ Oua, la Cedeao, la Francophonie… Sur le plan national, la majorité de la classe politique Adema, Urd, Rpm, Cnid, Mpr ont condamné le coup de force. Ils demandent le retour à l’ordre constitutionnel.
Les pressions s’accentuent sur le chef d’état afin qu’il plie bagage, mais malheureusement il ne l’entend pas ainsi. Il fait la sourde oreille, les autres membres de la junte exercent sur lui une pression terrible pour qu’il ne cède pas. Après l’ultimatum de la Cedeao de quitter le pouvoir, les Etats membres de cette organisation ont mis en exécution leur menace. La décision de sanction est tombée comme un couperet. Le Mali est suspendu de l’organisation. Comme si cela ne suffisait pas, ils ont imposé les sanctions économiques, financières et diplomatiques. De nos jours c’est la panique à Bamako, le sauve qui peut.
Ce sont les stations d’essence qui sont les premières à ressentir l’effet de la menace. Elles ont été prises d’assaut par les propriétaires d’engins à deux et à quatre roues. Par mesure de précaution, certains ont même fait le plein de bidon pour prévenir les moments difficiles à venir. Les produits de première nécessité ont connu une hausse substantielle. Le sac de mais est passé de 20000 FCFA à 25000 FCFA. Les chefs de famille s’approvisionnent en mil, riz, huile, haricot… Certains ont demandé de l’aide financière à leur parent installé en dehors du Mali. Le lundi soir, les marchés ont fait le plein quand les Maliens ont appris la nouvelle. Le lendemain mardi, c’était la ruée sur les établissements financiers. Les banques, les caisses de micro finance étaient bondées de monde. La majorité des opérations bancaires effectuées sont des retraits de sommes d’argent. En cas de cessation des activités par la Bceao, toutes les autres banques vont fermer boutique.
Malgré toutes les pressions et portes de sortie, Sanogo campe sur sa position. Je reste pour organiser les élections et rétablir l’intégrité territoriale. Sanogo oublie aujourd’hui qu’il n’a plus d’armée, le Mali seul ne peut rien faire face aux islamistes et au Mnla. Les villes sont tombées une à une sans aucune opposition sérieuse. Il a sur son dos la Cedeao, l’Ua, l’Ue. Le Mali ne peut pas aller sans l’aide de ses derniers et surtout les partenaires techniques et financiers. Le problème de capitaine Sanogo est qu’il n’a pas de répondant nulle part. Il est au milieu d’un marigot rempli de crocodiles. Le mieux pour lui est qu’il présente sa démission en remettant le pouvoir à Dioncouda. Il ne sert à rien d’être têtu, cela ne paye pas. Le courage a ses limites.
Plusieurs jeunes officiers ont tenté son expérience et malheureusement, cela leur a coûté la vie. L’exemple le plus frappant est celui du capitaine Dadis Camara. Ce dernier, arrivé au pouvoir suite au décès de Lassana Condé, a failli perdre sa vie. Résidant au Burkina Faso, Dadis mène une vie tranquille et paisible de nos jours. Quoi de mieux que cela. A la différence de ce dernier, Sanogo n’est ni violent ni erratique. Cependant, ils ont un point commun : l’opposition sur le dos. On ne peut pas gouverner contre la volonté de la majorité et aussi quand on n’a pas le soutien de la communauté internationale. Il ne faut pas qu’il prête une oreille attentive aux sirènes qui veulent lui faire miroiter le paradis. Ils ne sont en réalité animés que par leur propre intérêt. Que Sanogo sache qu’il a une autre vie à mener après ce putsch.
Gérard DAKOUO
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