L’imposture de Hollande
Le ressentiment des populations, à l’égard de la « politique française » à Kidal, a atteint un point de non retour.
[caption id="attachment_124307" align="aligncenter" width="610"] François Hollande[/caption]
Le 30 mai dernier, les habitants da Gao ont bravé l’état d’urgence pour se rassembler à la place centrale. Objectif : dénoncer la complaisance de la France, vis-à-vis des groupes armés. Notamment, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad). Avec, à la clé, des banderoles sur lesquelles on peut lire : « Président Hollande, merci pour la liberté, maintenant justice ». Ou « Nos pensées vont aux victimes et non aux bourreaux ».
Pour les populations, celles du nord comme du sud, le refus de l’autorité de l’Etat à Kidal, par le MNLA et son refus d’y voir l’armée malienne sont le fait de la France. Dont la complaisance, à l’égard de ce mouvement politico-militaire, est patente.
Après avoir conquis, coup sur coup, Konna, Diabali, Douentza, Tombouctou et Gao-avec le soutien de l’armée malienne-, les troupes françaises sont entrées, seules, à Kidal. Avant d’y accueillir, à la surprise générale, les combattants du MNLA, chassés du nord du Mali, depuis le 12juillet 2012, par leurs ex-alliés jihadistes : Aqmi, Mujao, Ansar dine et Boko-haram. Repliés sur leur base-arrière de Ménaka, les combattants du MNLA- ou du moins ce qui en reste- avaient été repoussés à la frontière burkinabo-malienne qu’ils écumaient jusqu’à l’arrivée des troupes françaises à Kidal. La suite, on la connaît.
Dès le lendemain, les médias français annoncent, à grands renforts de publicité, que Kidal est sous le contrôle du MNLA.
Arrivée, à deux reprises aux portes de Kidal, l’armée malienne a été contrainte de se replier sur Gao. Car, dit-on, elle n’a pas reçu l’ordre d’y entrer. Ordre de qui ? Suivez notre regard ! Officiellement, Paris dit vouloir éviter un affrontement, entre combattants du MNLA et soldats maliens. Mais au fil du temps, les populations maliennes ont fini par comprendre le manège de la France dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas : remettre le MNLA en selle et contraindre les autorités de la transition à négocier avec lui. Chose impossible pour les populations du nord, comme celles du sud. Surtout, après les exactions commises à Gao, Ménaka, Tombouctou et Kidal, par les combattants du MNLA. S’y ajoutent les viols des femmes, la destruction des édifices publics construits à coup de milliards ; mais aussi, l’exécution d’une centaine de soldats maliens désarmés. Soit, égorgés ; soit achevés d’une balle dans la tête. C’était en janvier 2012 à Aguelhoc.
Pour l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), la puissante centrale syndicale, la société civile et les partis politiques- au premier rang desquels la CNAS-Faso Hérè de Soumana Sacko, pas question de négocier avec ceux qui ont pillé, volé et tué des centaines, voire des milliers de Maliens. En toute impunité. Mieux, ajoutent-ils, pas d’élection présidentielle sans la présence de l’armée malienne à Kidal.
La belle histoire d’amour, qui a si bien débuté le 11 janvier 2013 à Konna avec « l’opération Serval » risque fort de finir en eau de boudin. Du moins, tant que Paris n’aura pas compris qu’on ne peut « être, à la fois, avec Dieu et le diable ».
« A contre-courant de l’histoire, les propos anachroniques du président Hollande dénotent un certain paternalisme, voire une certaine velléité de transformation de Kidal, partie intégrante du Mali, en un protectorat français », conclut le CNAS-Faso Hérè.
Dans une plateforme qu’ils ont signée, vendredi dernier, 24 partis politiques exigent la présence de l’armée malienne à Kidal. Comme préalable à leur participation à l’élection présidentielle, dont le premier tour est annoncé pour le 28 juillet prochain
Pour manifester leur désapprobation, vis-à-vis de la « politique de deux proies, deux mesures » de la France à Kidal, les Maliens envisagent d’organiser, à partir du 6juin prochain, date de la fin de l’état d’urgence, des manifestations sur toute l’étendue du territoire national, pour dénoncer l’imposture de François Hollande à Kidal.
Oumar Babi
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