En recrutant Aly Sidibé, la SOMAPRESSE Sarl, société éditrice du Quotidien L'Indépendant et de Bamako Hebdo, croyait faire utile en tirant du chômage un jeune diplômé. Celui-ci se révéla être rapidement un dangereux prédateur. En dissimulant un chéquier puis, profitant d'une absence de cinq mois pour cause de traitement médical du gérant Saouti Haïdara, il émit une vingtaine de chèques en imitant sa signature. Montant (provisoire ?) du préjudice : 10 millions de FCFA.
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Aly Sidibé[/caption]
Sous les dehors d'un jeune homme de bonne famille (il fait commerce de sa parenté avec un gouverneur de région à la retraite) Aly Sidibé est une crapule du pire acabit. Recruté fin 2011 pour renforcer la comptabilité de l'entreprise, il en devint, très vite, le prévaricateur.
Le 9 juillet 2012, Aly Sidibé retire un chéquier auprès de l'Agence principale de la BIM-SA où est domicilié un compte de la SOMAPRESSE Sarl. Une procuration signée du gérant statutaire, votre serviteur Saouti Haïdara, lui permet d'effectuer ce retrait comme elle l'habilite à enlever des chèques auprès des partenaires (abonnés, annonceurs, agences de communication etc). Seulement voilà : au lieu de remettre ledit chéquier au gérant comme cela se doit, Aly Sidibé le garde sur lui et n'en souffle mot à personne.
Le 12 juillet, Saouti Haïdara, qui est aussi le Directeur de publication du quotidien L'Indépendant, le titre phare de la société, est kidnappé sur son lieu de travail par des hommes armés, transporté à une quarantaine de kilomètres hors du district de Bamako, du côté de la route de Ségou, frappé à coups de gourdins et de crosses de fusil et abandonné sur le lieu de son supplice avec une blessure à la tête, le bras fracturé et souffrant de multiples contusions sur les membres et les côtes.
Dissimulation de chéquier et imitation de signature
Après des premiers soins à l'hôpital Mère Enfant du Luxembourg et au CHU Gabriel Touré, il est évacué, dès le lendemain vendredi 13 juillet, par sa famille à Dakar (Sénégal) pour des examens et soins médicaux complémentaires.
Son malheur fera le bonheur de Aly Sidibé. En effet, dès le lundi 16 juillet, celui-ci, dont le suivi régulier du compte relevait du travail quotidien (donc parfaitement renseigné sur sa situation) émit un premier chèque en imitant la signature de Monsieur Haïdara. Il lui fut payé apparemment sans grosse difficulté puisque, encouragé par ce premier succès, il n'arrêtera plus. Du moins jusqu'au 29 novembre 2012, date à laquelle un dernier chèque d'un million de francs CFA lui fut payé. C'est après cette ultime opération, lorsque Saouti Haïdara, toujours à Dakar, a voulu faire un transfert de fonds, qu'il apprit au téléphone du chef de l'Agence principale de la BIM-SA, Abdoulaye Diarra, que le compte ne pouvait supporter le montant demandé " en raison de plusieurs retraits effectués depuis le 1er octobre précédant".
Dix neuf chèques frauduleusement émis
Devant l'étonnement manifesté par Saouti Haïdara qui ne comprenait pas que des retraits d'espèces aient pu se faire sur le compte dont il est l'unique signataire statutaire alors qu'il se trouve en traitement médical à Dakar et donc dans l'incapacité physique et technique d'émettre un chèque, M. Diarra lui suggéra d'écrire à la Direction Générale de la banque pour solliciter que des investigations soient menées par le service de contrôle afin d'éclairer les circonstances dans lesquelles ces retraits ont pu se faire et identifier leur auteur. Ces investigations ont porté, dans un premier temps, sur la période comprise entre le 1er octobre et le 29 novembre que le chef de l'Agence principale avait cru exclusivement concernée. Mais le service de contrôle de la banque découvrira que plusieurs autres chèques étaient passés antérieurement à cette période, depuis le 16 juillet pour être précis.
Au total, ce sont dix neuf chèques qui ont été émis par imitation de signature et encaissés par le sieur Aly Sidibé entre le 16 juillet et le 29 novembre 2012 pour un montant de dix millions de FCFA à quelques dizaines de milliers de francs près.
Au cours des entretiens téléphoniques et physiques qu'il a eus avec notre gérant et directeur de publication rentré de Dakar, le 21 décembre 2012, le jeune délinquant, qui ment comme un arracheur de dent et ne redoute pas de s'enferrer dans ses contradictions, a servi quatre versions aussi ubuesques les unes que les autres.
Quatre versions contradictoires
La première était qu'il ne savait rien des retraits frauduleux opérés sur le compte. Lorsque L'Indépendant a commencé à publier un "Avis aux banques" leur demandant de rejeter tout chèque qui serait présenté à leur guichet étant donné qu'il ne pouvait résulter que d'un vol et d'une imitation de signature, il abandonna cette version qui présentait un double inconvénient. Elle montrait qu'il ne faisait pas convenablement son travail de "contrôleur de gestion " et le démasquait auprès de la banque à laquelle il avait fait croire que les chèques avaient été signés par M.Haïdara " avant son départ à Dakar ". Ce qui était totalement faux étant donné que M.Haïdara ignorait l'existence du chéquier utilisé et qu'en tout état de cause, il ne pouvait signer un chèque avec un bras sous plâtre jusqu'à la moitié de la main.
La deuxième version livrée est " qu'il n'y a eu ni vol de chéquier ni imitation de signature, mais un arrangement avec des responsables de la banque pour résoudre les difficultés de trésorerie auxquelles le journal était confronté en l'absence de son propriétaire et directeur de publication ".
Voici donc les banquiers transformés en bons samaritains. Il faut tout ignorer du fonctionnement d'une banque pour croire qu'elle puisse se comporter comme une institution caritative.
Un jeune homme trop pressé de s’enrichir sans effort
Troisième version : Aly Sidibé avoue avoir émis les chèques frauduleux, mais c'était de connivence avec ses collègues " agents commerciaux " et pour acheter des produits entrant dans la fabrication du journal (papier journal, plaques, films, encre etc). Malheureusement pour lui, ses collègues commerciaux se sont empressés de démentir avoir été associés à quelque opération de retrait d'argent que ce soit ou avoir reçu de lui le moindre denier issu de tel retrait.
" Chaque fois que nous avions besoin d'argent pour acheter des produits, nous faisions appel au directeur lui-même qui, de Dakar, écrivait aux banques pour leur demander de mettre de l'argent à la disposition de l'un d'entre nous et, le plus souvent, c'était Aly Sidibé lui-même". C'est donc en plus de ces retraits légaux que Aly opérait ses retraits privés par des voies illicites et délictueuses, voire criminelles.
Enfin, dernière version donnée par ce jeune homme trop pressé de s'enrichir sans fournir d'effort : les soustractions frauduleuses ont été exécutées par lui pour payer les arriérés d'impôts de la SOMAPRESSE Sarl et lui éviter ainsi une fermeture projetée pour mars 2013.
Sommé par un huissier pour produire le reçu consécutif au paiement desdits arriérés d’impôts, Aly a été incapable de le faire et pour cause : l’argent volé n’a jamais servi à un quelconque règlement d’arriérés d’impôts. Il a aussi refusé de restituer le chéquier ayant servi à ses rapines, ainsi que des documents administratifs et comptables qu'il a gardés par devers lui après avoir abandonné son poste de travail, voici une quinzaine de jours. Se contentant d’alléguer «ne rien détenir».
Sur le préjudice financier qu’il a causé à notre entreprise et sur le reste, il aura à répondre devant le juge des Assises. Nous y reviendrons.
Saouti Haïdara