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Des islamistes du groupe terroriste d'Ansar eddine au Mali. © AFP[/caption]
Les combattants islamistes du Sahel sont sur tous les fronts. Selon un groupe d'experts indépendants de l'ONU, ils auraient même pactisé avec des partisans de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo dans le seul but de déstabiliser la région.
Nommés en juin par le secrétaire général Ban Ki-moon pour évaluer la mise en œuvre de l'embargo sur les armes, imposé à la Côte d'Ivoire, ces cinq experts, originaires du Royaume-Uni, de Belgique, du Rwanda, de Colombie et d'Espagne, affirment avoir découvert une série de contacts entre des dignitaires de l'ancien régime ivoirien exilés et le groupe islamiste armé du nord du Mali Ansar Eddine, mais aussi avec l'ex-junte malienne. Le fruit de leur enquête est un rapport de vingt-six pages, que
Le Monde a pu consulter, et dont ils devaient discutervendredi 12 octobre avec les membres du comité des sanctions de l'ONU concernant la Côte d'Ivoire.
Si le gouvernement d'Alassane Ouattara est lui aussi épinglé par les experts, ce n'est que pour l'importation injustifiée de matériel radio militaire, d'uniformes et de couteaux. Depuis la vague d'attaques meurtrières perpétrées cet été par des groupes armés contre les forces de sécurité ivoiriennes, le plus grave regain de tension depuis la fin de la crise postélectorale en avril 2011, Abidjan accuse le camp Gbagbo de chercher à renverser le pouvoir. Et le rapport lui donne raison.
"MOUVEMENTS D'ARMES"
Fin juin, des partisans de Laurent Gbagbo ont rencontré à Bamako le chef de l'ex-junte malienne, le capitaine Amadou Sanogo. Des représentants de la junte ont
"exprimé leur intérêt à soutenir des opérations de déstabilisation pouvantcompromettre les efforts menés par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest [Cédéao]
et son président en exercice, Alassane Ouattara", en faveur d'une intervention au Mali.
Des
"mouvements d'armes ont été constatés entre la Côte d'Ivoire et le Mali", ajoute le rapport. Une autre réunion, mi-août, rassemble deux anciens militaires pro-Gbagbo et des membres d'Ansar Eddine à la frontière de la Mauritanie et duSénégal. Il y est question
"d'une coopération future", l'objectif étant de
"menacer la paix et la sécurité dans la sous-région", à l'appui de mercenaires.
Si les opérations contre des bases militaires et des prisons ivoiriennes menées en août ont été
"planifiées" et
"financées" depuis le Ghana - par un système de contrebande
"très sophistiqué" -, le recrutement de mercenaires se fait, lui, au Liberia, où des camps d'entraînement ont été repérés. Autant d'informations à charge qui feront l'objet d'un examen du Conseil de sécurité le 31 octobre.
Par Alexandra Geneste (New York, correspondance)
LE MONDE | 12.10.2012 à 15h06