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![Mahamadou Camara](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2014/04/Mahamadou-Camara-1.jpg)
Mahamadou Camara[/caption]
L’autorité politique n’a pas donné l’ordre d’attaquer le gouvernorat, selon le Premier ministre Moussa Mara, le président de la République n’était pas au courant de cette initiative, aux dires du ministre de la communication, Mahamadou Camara.
La tentative de récupérer le gouvernorat de Kidal, haut symbole de la souveraineté nationale, était-elle donc une décision unilatérale de la hiérarchie militaire ?
A entendre les voix du gouvernement, c’est la conclusion qu’on est tenté de tirer. Et de se demander alors à quoi ont servi ces nombreuses formations des forces armées et de sécurité (FAS), financées et menées par l’Union européenne. Car il ne s’agissait pas seulement pour les Occidentaux d’apprendre aux militaires maliens le maniement des armes et l’art de la guerre, il y avait question aussi de leur inculquer les notions de respect des droits de l’homme mais aussi la soumission de l’armée à l’autorité politique.
Il faut alors croire que la formation des militaires maliens par l’Eutm n’a servi à rien. Non seulement les forces armées, selon le gouvernement, n’ont pas attendu l’ordre politique, mais elles ont connu, encore, une débâcle, une raclée. Une reculade car, aujourd’hui, l’armée malienne est cantonnée dans la ville de Gao, laissant les autres localités de cette région et de celle de Kidal à la merci des groupes armés terroristes.
Un cessez-le-feu aurait été signé grâce au président mauritanien qui vient d’effectuer un voyage à Kidal. Sur quelles bases ? Les belligérants vont-ils garder leurs positions actuelles, avec une armée réfugiée dans la ville de Gao et des groupes armés terroristes régnant sur le reste du nord ? Vont-ils retourner aux positions d’avant le 17 mai ?
En attendant que ces points soient expliqués par le gouvernement, on est tenté d’essayer de comprendre comment l’armée a échoué dans sa tentative de récupération d’un bâtiment public.
Selon plusieurs témoignages concordants, ce sont les FAS maliennes qui, ce 21 mai à Kidal, ont pris d’assaut le gouvernorat afin de le libérer de la présence des groupes armés terroristes qui l’occupaient depuis le 17 mai après avoir fait des otages civils et tué des hommes désarmés. Après seulement une heure d’affrontements particulièrement violents entre assaillants et assaillis, les militaires seraient parvenu à prendre le contrôle du bâtiment.
Avant de pouvoir le sécuriser, ils ont été à leur tour assaillis par des renforts qui seraient venus de Tessalit, selon certains, de Tin Essako, selon d’autres, pendant qu’une troisième vague de « témoins » parlent d’Aguel Hok.
Quelque soit le chemin que ses renforts, des dizaines de véhicules, ont pris pour rallier Kidal ils ont obligatoirement été aperçus par les forces françaises et les troupes de la Minusma qui, quelques instants auparavant, avaient effectué des vols de reconnaissance. Pourquoi n’en ont-ils pas informé les FAS maliennes ? Dire qu’elles ont volontairement tu ces renseignements parce que le Mali ne les avait pas informés de leur intention d’attaquer le gouvernorat serait assez simpliste.
La réalité pourrait être beaucoup plus complexe, surtout si l’information selon laquelle un avion cargo aurait atterri à Kidal pendant le début des affrontements était avérée. L’aéroport étant sous le contrôle des Français, ils auraient forcément dû voir cet avion, s’informer de sa mission, voir son contenu et s’enquérir des intentions de ses occupants. Aucune information de ce genre n’aurait été donnée aux FAS. Par contre, ce serait peu de temps après l’atterrissage de ce mystérieux avion cargo que les renforts des terroristes sont rentrés dans la danse.
Autre fait troublant : toujours pendant les affrontements entre l’armée malienne et les groupes armés terroristes, les communications de l’armée auraient été brouillées, coupant la troupe du commandement à Kidal et à Gao, entre le commandement et les états-majors à Bamako. Tout le monde sait que malgré la qualité de leur matériel, les groupes armés terroristes n’ont pas les moyens de brouiller des communications militaires. Ils peuvent les intercepter et les exploiter, mais pas les brouiller.
Par ailleurs, quand elles ont été accusées de passivité, les forces françaises et onusiennes ont tenu à réaffirmer que leur mandat n’est pas offensif contre des Maliens, en l’occurrence les groupes armés terroristes (essentiellement Mnla, Hcua et MAA) et les forces de défense et de sécurité du Mali, entre lesquelles elles doivent avoir un statut de maintien de l’ordre ou d’interposition.
En revanche, selon un responsable onusien, leurs troupes, de même que la force Serval, ont un mandat de lutte contre les groupes armés terroristes. Soit. Que l’Onu, fortement noyautée par des fonctionnaires français, ne considère toujours pas le Mnla, le Hcua et le MAA comme des groupes armés terroristes au même titre qu’Ansar Eddine, Aqmi et le Mujao, on peut le comprendre aisément. Mais que les troupes françaises et onusiennes voient de leurs propres yeux des drapeaux jihadistes islamistes flotter sur des bâtiments administratifs après le départ de Moussa Mara et l’occupation du gouvernorat de Kidal, et qu’elles croisent les bras dans une attitude de spectateurs sous prétexte que l’armée ne les avait pas informées de son offensive, cela est incompréhensible et inadmissible. Cela relève tout simplement de la mauvaise foi la plus évidente et manifeste. Il va falloir que les responsables de ces troupes expliquent au peuple malien si les terroristes ont d’autres signes distinctifs que les drapeaux noirs et la terreur qu’ils sèment.
En attendant, ce même peuple reste en parfaite phase avec son armée même si celle-ci vient d’essuyer un sévère revers, l’essentiel étant d’avoir essayé et de tenter de nouveau de donner au Mali toute sa souveraineté et l’intégrité de son territoire.
La question n’est pas de savoir qui a donné l’ordre mais de se demander si cette tentative n’est pas la seule digne d’une armée patriotique. Et pense que ce n’était pas la peine d’appeler à la rescousse un pyromane faire semblant de jouer au pompier. La Mauritanie ne fait-elle pas partie des quelques rares pays qui continuent d’héberger et de dorloter des terroristes sur son territoire ? Le rôle le plus utile qu’elle pourrait jouer, c’est de mettre hors d’état de nuire la vermine qu’elle nourrit.
Cheick TANDINA