Léthargie des secteurs d’activités au Mali : La responsabilité incombe à ATT
A quelques mois seulement de la fin de son mandat, les Maliens qui savent comment fonctionne un Etat et les observateurs avertis de la gouvernance du pays ont tous compris que le vrai problème dont souffre le pays à une source Koulouba : c’est-à-dire Amadou Toumani Touré et voici pourquoi :
Une gestion économique et cahoteuse qui donne à réfléchir
En vérité, le Président Amadou Toumani Touré dont on sait qu’il est un Militaire, ne l’est pas que de titre. Affublé du titre ronflant de Général, c’est sous son régime que de plus gros scandales financiers ont fait saigner le pays jusque dans ses tripes. Il ne sied pas de revenir sur la longue liste des scandales sous son règne. La croissance économique annoncée à deux chiffres à l’échéance de 2011 se profile à l’horizon.
Comment passer sous silence les distributions de maisons à tour de bras à certaines catégories sociales du pays pour se tailler leur soutien pour une réélection en 2007, sachant que la saga est terminée. Depuis 1960 et de mémoire de citoyen, le Président ATT est le Président le plus généreux de l’histoire du Mali. Il est paradoxalement un Soldat. Cela donne à réfléchir.
Beaucoup de slogans ont été scandés au cours de son règne pour faire du Mali un pays émergent. Au bout de dix ans, c’est la morosité économique avec en prime la dégringolade de la filière cotonnière qui est au plus bas de sa performance depuis l’Administration Alpha. Une contre-performance d’une filière qui représentait 40% des recettes d’exportation. Le contraste est saisissant étant donné que les prédécesseurs d’ATT ne sont pas des économistes. Un facteur qui en rajoute au doute sur sa capacité réelle à conduire l’économie du pays.
Un dialogue social incroyablement pauvre
Plus inquiétant est la manière dont son gouvernement et lui-même en tête, ont géré le dossier des primes et indexations sur les salaires pour diverses catégories professionnelles. Le dialogue du Chef de l’Etat donne également à réfléchir. Autant il a fait exploser le plafond des primes et des salaires, autant il a étalé ses humeurs à travers une violence verbale jamais égalée. Et en matière de violence verbale, le Président Amadou Toumani Touré détient un record sans précédent parmi tous les Chefs d’Etat que le Mali a connu depuis 1960. Qu’il vous souvienne des propos tenus récemment lors de la réception des basketteuses à Koulouba. Des propos qui donnent froid dans le dos et qu’il n’est plus nécessaires de rappeler. Sous d’autres cieux, ces propos auraient coûté à leur auteur, la comparution devant les juridictions compétentes du pays. Mais comme en politique le ridicule ne tue pas, cela n’empêche pas pourtant les personnes concernées de continuer à jouir de leur privilège, malgré ces propos violents.
Cette attitude du premier citoyen de notre pays inquiète et contraste avec la kyrielle d’initiatives prises par lui même sous le prétexte de garantir la paix pour le développement du pays.
En effet que sont devenus le Médiateur de la République, le Président du Conseil Economique Social et Culturel et plus récemment le Premier Ministre chargé d’une mission.
Pourquoi le Chef de l’Etat a-t-il mis en place ces structures alors qu’il sait ne pas pouvoir les mettre au service du dialogue nécessaire à la conduite harmonieuse des affaires de l’Etat ? Cela donne à réfléchir sur sa capacité à gouverner notre pays. Et c’est inquiétant.
En réalité, qui a créé les problèmes à l’origine de la crise de confiance entre les travailleurs et le gouvernement si ce n’est le Chef de l’Etat lui-même. Son manque de rigueur dans la gestion des affaires publiques et sa forte propension au populisme et à jouer au Président généreux sont à la base de ses déboires avec les travailleurs.
L’ex dictateur le Général Moussa Traoré, en tout bon militaire qu’il était n’a jamais concédé aux travailleurs, ce que son gouvernement n’était pas en mesure de servir à tous les agents de l’Etat. Sous le Président Amadou Toumani Touré, c’est la énième fois qu’une crise est ouverte entre les travailleurs et le gouvernement. Simplement parce que dans l’approche de la question salariale et des primes à allouer aux fonctionnaires, le Chef de l’Etat a de façon constante, manqué de méthode. Mais aussi de stratégie. Le Mali n’est pas le seul pays au monde où les travailleurs demandent et demandent encore. Cela fait partie d’une stratégie de lutte et tous les gouvernements du monde le savent et savent maîtriser ces situations pour éviter qu’elles ne dégénèrent en crise préjudiciable à l’économie nationale et à l’harmonie sociale.
Un manque criard d’éthique et de morale dans la gestion des affaires publiques
Le Président de la République ne connaît pas ce qu’on appelle conflit d’intérêts. Il s’y installe et en fait un des principes de sa gestion. Certaines de ses nominations posent des cas de conscience en ce qu’elles relèvent d’un refus d’observer les règles d’éthique et de morale qui ne sont pas encore écrites au Mali, mais qui interpellent tout dirigeant soucieux de bonne gouvernance.
Il faut vraiment être ATT pour poser de tel acte et de manière aussi flagrante. Des décisions qui donnent raison à tous ceux qui pensent que le président ne fait que favoriser ses proches et cela ne crée pas les conditions d’une paix tant chantée dans le pays.
C’est aussi au manque d’éthique du Chef de l’Etat qu’il convient d’attribuer son entreprise de débauchage des cadres et autres personnalités membres des partis politiques ne soutenant pas ses actions ou qui ne font pas son affaire. De mémoire d’homme, jamais l’argent n’a circulé autant en politique comme cela est le cas depuis 2002. On parle de centaines de millions, voire de milliards de francs déboursés et partagés pour débaucher des personnalités, parfois pour nuire aux partis politiques et faire sensation face aux populations. Le ralliement de personnalités ayant déjà fait leur temps dans la vie politique de notre pays ainsi que le recrutement d’autres qui ont fait tous les régimes sans que notre pays ne connaisse jamais une avancée notable au plan économique sont à inscrire sur ce registre. Cette attitude qui s’apparente au manque de sincérité de ces personnalités face à l’incapacité notoire du Chef de l’Etat de mener notre pays à bon port est une forme de corruption en même temps qu’elle constitue une grande complicité pour retarder le développement du pays. Dans les cercles restreints, ces personnalités ne manquent pas de gloser sur cette incapacité, mais se sont acharnées pourtant à favoriser sa réélection frauduleuse et s’évertuent à continuer de le soutenir. L’histoire jugera tous ceux-là, étant donné que leur attitude constitue un crime de lèse-majesté contre le pays.
Y a-t-il aujourd’hui une seule personnalité morale crédible capable d’être entendu et pour peser sur la gouvernance de notre pays à l’heure actuelle ? Non ! Cela n’existe pas parce que l’argent est passé par là. Après cinquante années de souveraineté, c’est ce que notre pays est devenu et il y a pourtant des cadres qui s’en réjouissent curieusement.
C’est avec les paramètres décrits plus haut et le contexte socio-politique marqué par le déficit criard de dialogue social qu’on nous annonce la mission. Encore un concept nébuleux et fumeux pour amuser la galerie et occuper l’esprit des populations. Dans un pays sérieux, le président qui propose la mission devrait avoir expliqué de fond en comble, ce qu’il y met et ce que cela apportera au pays, dans sa quête de développement.
Comment un Président qui a aligné tant de scandales financiers non élucidés et qui est incapable d’engager et de tenir un dialogue avec les travailleurs peut-il parler de mission ? Un Président qui ne veut pas d’un processus électoral transparent et qui, malgré le désaccord entre le gouvernement et la classe politique ne pipe mot peut-il parler de mission au Mali ?
Le Président doit répondre sur les milliards de nos francs dilapidés dans le fameux projet ‘’Initiative riz’’ avant de prétendre envoyer ces ministres en mission pour le pays ?
Une véritable tragédie se joue sous nos yeux et personne n’en parle. On préfère encenser le Chef de l’Etat et aller vers la marmite pour se servir, comptant sur la générosité et sa propension à donner sans compter.
Si quelqu’un doit aller en mission pour le Mali, ce n’est certainement pas le Chef de l’Etat actuel. C’est la conviction de bon nombre inimaginable de Maliens qui observent et qui suivent pour voir jusqu’où il ira dans ses dérives. Ceux qui pensent le contraire sont dans leur droit, mais donnons-nous tous un rendez-vous à l’heure du bilan pour voir dans quel état politique, économique et social notre pays sera avec le gouvernement actuelle.
Paul N’guessan
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