Lutte contre la mauvaise gouvernance : Guerre larvée sur le respect des textes
Tant par la déclaration des biens imposée aux assujettis par l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite(OCLEI) que par les textes réprimant les cas de détournements de deniers publics, la lutte contre la mauvaise gouvernance fait des vagues au Mali.
-Maliweb.net- Le Procureur de la République près du Pôle économique et financier de Bamako ne cache pas son agacement vis-à-vis des immunités juridictionnelles ou des procédures judiciaires spéciales dont peuvent bénéficier certains cadres administratifs.
En effet, Mahamadou Kassogué déclare à qui veut l’entendre qu’il faut que tous les citoyens soient égaux devant la loi et aient les mêmes contraintes en termes de respect du bien public. Il n’hésite pas, à ce propos, à appeler à une amélioration de la législation en vue de mieux sévir contre toutes les indélicatesses à l’égard des ressources de l’Etat. C’est dans cette optique que Mahamadou Kassogué affirme mordicus que l’ex-Directeur de cabinet avec rang de ministre Mahamadou Camara, qu’il a envoyé récemment en prison, est justiciable de droit commun. Celui-ci est cité dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires pour « délit de favoritisme ».
Pendant ce temps, de nombreux autres magistrats soutiennent, se référant au Code de procédure pénale du Mali, que le « rang de ministre » confère à M. Camara un privilège de juridiction devant plutôt l’amener devant la Haute Cour de Justice. Cette divergence d’appréciation envahit les syndicats de magistrats et catalyse une certaine adversité sur l’annulation ou non de la procédure contre l’ex-Directeur de Cabinet d’IBK.
Pour sa part, le président de l’OCLEI, le magistrat Moumouni Guindo intensifie sa croisade en vue d’obtenir une extension de la liste des assujettis à l’obligation de déclaration des biens. Alors que certains administrateurs et cadres des finances étaient très remontés contre ce qu’ils ont appelé « les harcèlements de l’OCLEI », qui les obligeait à justifier la taille de leur patrimoine. Et, lorsque le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a ordonné un stand by dans lesdits « harcèlements », il s’est retrouvé dans la presse comme ayant lui-même refusé de déclarer ses biens.
A ces constats s’ajoutent les diverses récriminations relatives à une lutte sélective ou discrimination contre la corruption ou la mauvaise gouvernance. Ces récriminations et l’atmosphère délétère qui en découle semble plomber un tant soit peu la volonté politique même sur la bonne gouvernance dans un pays aux ressources très limitées qui est confronté à une crise multi dimensionnelle.
En outre, au titre des indélicatesses et malversations relatives à l’argent public, la liste des potentiels coupables devraient, ces dernières années, être longue au Mali. Il n’est pas sûr que tous soient châtiés comme cela est annoncé.
Annoncée à grand renfort de publicité, il y a de cela plusieurs mois, la traque des présumés corrompus et indélicats à l’égard des deniers publics fait l’objet de toutes les critiques. Boubou SIDIBE/Maliweb.net
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